“Missa” : L'absurde dévoilé



“The Idol”, premier film tourné à Gaza depuis 20 ans

Le long métrage narre l'épopée d'une star locale de télé-crochet


Mercredi 1 Juin 2016

En 2013, Mohamed Assaf avait fait la fierté de la bande de Gaza en mettant le territoire meurtri sous le feu des projecteurs du
télé-crochet "Arab Idol". Il est maintenant
le héros d'un biopic qui raconte son parcours semé d'embûches et qui, aux yeux du
réalisateur palestinien Hany Abu-Assad,
doit apporter une bouffée de fierté à ceux
qui iront voir le film.



“The Idol" est le premier long métrage tourné -- au moins partiellement -- dans la Bande de Gaza, depuis deux décennies."Le film est un hommage à Gaza", a expliqué Abu-Assad, nominé deux fois aux Oscars, au cours d'un entretien accordé à l'AFP aux Etats-Unis, où le film est sorti en salle vendredi. "Et puis, je veux vraiment que les Palestiniens soient fiers d'eux-mêmes. Ce n'est pas comme si le film allait changer leur situation, mais il peut les aider à changer et à croire en eux-mêmes", insiste le réalisateur.
Assaf, qui a maintenant 26 ans, a séduit des millions de spectateurs dans le monde arabe quand il a remporté "Arab Idol", l'un des nombreux clones de l'émission britannique "Pop Idol", où de jeunes talents tentent de séduire un jury jusqu'à la finale. L'odyssée d'Assaf est racontée au rythme haletant d'un film d'action. Ne serait-ce que pour participer, Assaf a dû se débrouiller pour s'extirper de Gaza, soumise à un blocus israélien et égyptien. Pour passer, le film montre le jeune homme entonnant un chant religieux, pour amadouer un garde-frontière égyptien. Arrivé au Caire pour la sélection des candidats, le chanteur devra encore une fois à son talent sa participation au concours. Il était arrivé trop tard, mais un Palestinien séduit par la voix d'Assaf lui a cédé sa place dans la file.
Abu-Assad a pensé proposer à Assaf de s'incarner dans la version filmée de sa vie, mais s'est ravisé et a préféré l'acteur arabe israélien Tawfeek Barhom, qui a choisi de camper un jeune homme sérieux et déterminé à l'écran, aux antipodes de l'image frivole que donnent en général les aspirants à la gloire pop. "Etre chanteur c'est différent d'être acteur", fait remarquer le réalisateur, ajoutant que le fait d'avoir préféré Barhom à Assaf lui donnait une plus grande liberté d'adaptation. Le chanteur a néanmoins pu visionner le film -- il a pleuré, confesse Abu-Assad -- et obtenu des ajustements mineurs pour ménager des susceptibilités familiales.
Comme Assaf dans la vraie vie, "The Idol" est un film politique mais par petites touches. Même si le chanteur ne parle pas ouvertement politique, il a réussi à réconcilier -- sur son seul talent -- les supporteurs des deux grands rivaux de la cause palestinienne, le Hamas, qui contrôle la Bande de Gaza et le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas. Quant à Israël, il n'apparaît qu'indirectement pour le spectateur, avec les images de Gaza en partie détruite par les bombardements de l'armée de l'air de l'Etat hébreu, qui suivent immanquablement des attaques à la roquette contre Israël.
Le film, qui a été présenté au prestigieux Festival de Toronto l'année dernière, a été accueilli avec enthousiasme à Gaza, où il a été projeté au cours d'un exceptionnel festival du film. Y tourner n'a pas été une sinécure et entrer à Gaza a été un casse-tête logistique en raison du blocus imposé au territoire depuis la victoire du Hamas, il y a près de 10 ans. Limité à deux jours de tournage par les autorités israéliennes, Abu-Assad a choisi de se concentrer sur les extérieurs pour capter l'ambiance de Gaza et de tourner les scènes en intérieur à Jénine, en Cisjordanie, plus facilement accessible. Quand vous entrez à Gaza "tout est fait pour vous faire penser que vous êtes en route pour l'enfer", lance le réalisateur, "mais une fois que vous êtes à Gaza, vous vous libérez, vous devenez un esprit libre". "C'est fou. Malgré toutes les destructions, ils arrivent encore à faire une plaisanterie, ils chantent et savent apprécier la vie", s'émerveille Abu-Assad. "Ils ont de l'espoir et cela les rend encore plus courageux”, note-t-il avec optimisme.


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