Tahar Ben Jelloun en artiste peintre à Paris


Mehdi Ouassat
Samedi 12 Septembre 2015

Ce n’est pas la première fois que l’écrivain marocain, prix Goncourt 1987, expose ses travaux de peintre. Tahar Ben Jelloun avait déjà donné à voir presque la même série de travaux à Rome, Turin, Palerme, Marrakech et Tanger.


L'on connaissait Tahar Ben Jelloun en écrivain-poète, avec une plume étincelante et un style singulier, ou encore en critique d’art à travers des livres références en matière d’arts plastiques, mais récemment on a découvert le Tahar Ben Jelloun peintre, avec des expositions impressionnantes à Rome, Turin, Palerme, Marrakech, ou encore à Tanger. Aujourd’hui, le cap est mis sur Paris où l’écrivain-artiste se prépare à exposer ses «Peintures écritures», à partir de mardi prochain, à la galerie Véro-Dodat.
«Drôle d’idée de mettre de la couleur sur  les paysages de la vie, sur  la beauté ou la douleur du monde», écrit Tahar Ben Jelloun à propos de cette expérience de peindre, tout en précisant qu’il ne  peint pas ce qu’il  voit, mais ce qu’il imagine. «Dans mes livres je traque les solitudes. Dans mes toiles je chante la multitude heureuse. Ainsi des jardins et prairies voyagent pour retarder et décourager le chagrin», souligne l’artiste.
Pour décrire les œuvres picturales de Tahar Ben Jelloun, Pierre Bergé, entrepreneur en confection de luxe et éternel compagnon d'Yves Saint Laurent, écrit : «Ces œuvres disent peut‐être davantage sur leur auteur que tous ses livres et écrits réunis».  
C’est, en effet, à Rome, ville de peintres et de musées s’il en est, que Tahar Ben Jelloun, encouragé par son éditeur italien, a exposé pour la première fois ses œuvres. «L’exposition a eu lieu au musée Di San Salvatore In Lauro, au printemps 2013, et surprit ceux qui s’attendaient à un exercice de dilettante ou à un rendez‐vous mondain par son unité, la cohérence des motifs et la liberté des couleurs et des formes dont le foisonnement tient à la fois de l’arabesque et du baroque», écrit, pour sa part, le critique d’art Aziz Daki. «Les premiers pas de Tahar Ben Jelloun en tant que peintre qui s’expose sont marqués par un univers étonnamment coloré qui tisse sans tambour battant, de façon presque involontaire, des bouts d’étoffes et de souvenirs appartenant à deux mondes», ajoute-t-il, avant de préciser : «L’univers du peintre est d’emblée évident, avec des influences peut‐être de Matisse et de Sonia Delaunay, mais le caractère personnel des œuvres ne laisse aucun doute sur la manière dont Tahar Ben Jelloun aborde la peinture : sans complexe».
Il est à rappeler que Tahar Ben Jelloun est né à Fès, en 1944. Dès l’âge de 6 ans et jusqu'à la fin de ses études supérieures de philosophie, il poursuit sa scolarité au Maroc avec un enseignement en français. Au début des années 1970, il s’installe à Paris, où il commence une thèse en psychologie et publie des articles dans Le Monde. Tahar Ben Jelloun rencontre son premier succès populaire en 1985 grâce au roman "L’enfant de sable". Il est couronné deux ans plus tard par le prestigieux prix Goncourt, avec "La nuit sacrée", suite de "L’enfant de sable". Quant à son expérience dans l’art plastique, elle date de très loin, mais ce n’est qu’en 2013 qu’il expose pour la première. Le 5 septembre 2014, il installe dans le musée de Lipari (îles Eoliennes) trois fresques sur le thème de « La Liberté derrière les murs ». Ce musée a été jusqu’en 1949 une prison pour les détenus politiques. Mais, à l’initiative du ministère italien des Biens culturels et des éditions d’art Il Cigno, Tahar Ben Jelloun était invité à couvrir trois murs de 6 mètres de longueur chacun. Ces fresques sont destinées à être là en permanence.
Notons enfin que Tahar Ben Jelloun est également un excellent critique d’art ayant dévoilé la pleine étendue de cette vocation à travers des livres de référence. «Lettre à Matisse et autres écrits sur l’art», publié aux Editions Gallimard en est la parfaite confirmation. Un livre où l’auteur passe en revue plusieurs artistes peintres marocains, dont la majorité nous a douloureusement quittés. On en citera Jilali Gharbaoui, Chaïbia Adraoui et Mohamed Kacimi. 


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