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Comme dans son premier roman «La preuve par le miel», où le lecteur est entraîné vers le passé pour redécouvrir les manuscrits arabes faisant l’éloge de l’amour, «Presqu’île arabe» nous parle d’un voyage – non plus dans le temps mais dans l’espace. Il dresse le périple d’une femme énigmatique qui relate un exil sans retour. Tout le livre raconte l’histoire de Hazar, une journaliste syrienne «presque» sans attache : «Dès le début, tu apprends à tamiser tes mots et travestir tes témoignages. A oublier ce que tu as vu et à te souvenir de ce que tu n’as pas vu». Le voyage est un entre-deux, entre la réalité et la fiction. L’important n’est d’ailleurs pas tant d’arriver à destination que de profiter des expériences du trajet, notamment au niveau des rencontres amoureuses où l’on se sent devenir belle sous le regard de l’autre et où les balbutiements sont plus importants que les phrases toutes faites.
Hazar a quitté la Syrie, son pays natal, pour la France. Même si l’on sent entre les lignes la douleur d’un pays qui s’apprête à être meurtri de la pire des façons, le ton n’est pas au misérabilisme. Attachée à ses parents (sa mère est chrétienne et son père musulman) et ses amis, dont certains ont payé de leur vie une opposition sans compromis au régime de Bachar Al-Assad, elle n’éprouve pas pour autant la nostalgie du retour à la terre natale. Hazar maudit Ulysse, Sinbad le marin, Ibn Batouta et même E.T, l’extra terrestre qui veut retrouver sa maison : «Nous devons créer de nouveaux mythes. Le mythe de celui qui part mais ne revient pas. Le mythe de celui qui s’est passé de sa ville natale. Un mythe dans lequel l’exil, la nostalgie et les pleurs sur les vestiges n’ont pas leur place».
L’envie de rentrer n’est pas symbiotiquement lié au départ. D’ailleurs, l’exil brouille les frontières entre ce qui est loin et ce qui est proche : «C’est seulement ici que je peux être de là-bas». C’est en vivant à Paris que l’on peut sentir que l’on est de Damas. C’est en vivant loin de sa ville d’origine qu’on découvre les plaisirs de la solitude et les joies de la rupture avec les conventions sociales d’une culture toujours à réinventer. C’est en restant nomade que l’on empêche le désir de dépérir en soi et que l’on enrichit indéfiniment son être. Son périple n’est pas un déracinement mais un glissement, un déplacement.
Hazar est comme l’eau d’un ruisseau. Et elle est aussi joueuse. Elle joue avec les traditions, avec les hommes qui croient la posséder et avec les normativités patriotiques des nationalismes. Et pourtant, elle aime écouter parler ses prétendants : « Aucun membre n’est plus excitant chez l’homme que sa langue. J’écoute les hommes comme si je regardais un film pornographique ». Cela ne veut pas dire pour autant qu’Hazar se laisse attraper. Les chaines de l’amour peuvent être la pire des aliénations. Elle leur préfère les battements d’ails d’un papillon.
* Enseignant chercheur CRESC/EGE Rabat Cercle de Littérature Contemporaine
Hazar a quitté la Syrie, son pays natal, pour la France. Même si l’on sent entre les lignes la douleur d’un pays qui s’apprête à être meurtri de la pire des façons, le ton n’est pas au misérabilisme. Attachée à ses parents (sa mère est chrétienne et son père musulman) et ses amis, dont certains ont payé de leur vie une opposition sans compromis au régime de Bachar Al-Assad, elle n’éprouve pas pour autant la nostalgie du retour à la terre natale. Hazar maudit Ulysse, Sinbad le marin, Ibn Batouta et même E.T, l’extra terrestre qui veut retrouver sa maison : «Nous devons créer de nouveaux mythes. Le mythe de celui qui part mais ne revient pas. Le mythe de celui qui s’est passé de sa ville natale. Un mythe dans lequel l’exil, la nostalgie et les pleurs sur les vestiges n’ont pas leur place».
L’envie de rentrer n’est pas symbiotiquement lié au départ. D’ailleurs, l’exil brouille les frontières entre ce qui est loin et ce qui est proche : «C’est seulement ici que je peux être de là-bas». C’est en vivant à Paris que l’on peut sentir que l’on est de Damas. C’est en vivant loin de sa ville d’origine qu’on découvre les plaisirs de la solitude et les joies de la rupture avec les conventions sociales d’une culture toujours à réinventer. C’est en restant nomade que l’on empêche le désir de dépérir en soi et que l’on enrichit indéfiniment son être. Son périple n’est pas un déracinement mais un glissement, un déplacement.
Hazar est comme l’eau d’un ruisseau. Et elle est aussi joueuse. Elle joue avec les traditions, avec les hommes qui croient la posséder et avec les normativités patriotiques des nationalismes. Et pourtant, elle aime écouter parler ses prétendants : « Aucun membre n’est plus excitant chez l’homme que sa langue. J’écoute les hommes comme si je regardais un film pornographique ». Cela ne veut pas dire pour autant qu’Hazar se laisse attraper. Les chaines de l’amour peuvent être la pire des aliénations. Elle leur préfère les battements d’ails d’un papillon.
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