Sur les traces de la démocratie dans le monde arabe


ABOULASSE MOHAMED
Mercredi 14 Septembre 2011

Décidément, il semble que les temps des miracles ne sont pas totalement révolus. Autrement, comment expliquer toutes ces «révolutions» arabes qui surgissent d’on ne sait où, en séries, l’une après l’autre à intervalles presque réguliers, et qui emportent sur leur passage des autocrates autoproclamés roi des rois, zaïms, raïs ou présidents à vie? Comment expliquer que des peuples en léthargie depuis des siècles, tout à coup se réveillent, descendent dans les rues ou campent sur des places publiques en scandant jour et nuit : le peuple veut changer de régime?
Que des pouvoirs idolâtrés qui gouvernent le monde arabe avec une main de fer et des «moukhabarates» depuis des décennies tombent en série l’un après l’autre, n’est-ce pas un miracle?
Mais avec un peu de recul et si on regarde de très près, on comprend, sans être politologue ou expert averti, que le miracle ne provient pas du ciel comme à l’accoutumée, mais s’appelle Al Jazeera, Otan, pétrole, Africom, nouveau Moyen-Orient, ou Union pour la Méditerranée d’où ont été écartés tous les droits du peuple palestinien.
Peut-on imaginer tout ce remue-ménage dans le monde arabe sans soupçonner une main invisible, enveloppée dans un gant de démocratie et de liberté, et qui donne un coup de pied dans la fourmilière des peuples suivant un agenda savamment étudié et préparé à l’avance ? Sans les chaînes satellitaires financées par les pétrodollars comme Al Arabia, Al Moustakila, et bien d’autres avec à leur tête Al Jazeera ? Depuis leur création, toutes ces chaînes n’ont cessé de dénigrer et de discréditer certains régimes. Inutile d’ajouter que les régimes du Qatar, de l’Arabie Saoudite, ou d’autres pétromonarchies sont épargnés. Il est légitime de se demander si c’est le propre d’une chaîne télévisuelle d’information de se transformer en avant-garde révolutionnaire, en guide des révolutions et en instigatrice des peuples? Pour atteindre leurs objectifs cyniques, le machiavélisme étant de rigueur, tous les moyens sont utilisés, y compris le mensonge organisé. Le peuple du régime visé se trouve subitement sous le coup d’un matraquage «révolutionnaire» non stop, doublé de montagnes de mensonges et de désinformation  24h sur 24?  Si cette méthode «douce» ne réussit pas, l’OTAN est là pour larguer des bombes sur toutes les infrastructures, avec tous les dommages collatéraux, les milliers d’innocents qui périssent ne comptent pas, aucun organe d’information pour la dignité et la liberté de l’homme arabe ne présente les images de cadavres calcinés. C’est ce qu’ils appellent  guerre chirurgicale! Guerre propre à l’aide d’armes intelligentes, voire protection des populations civiles!                                                                                                             
Non, toutes ces chaînes ne sont pas crédibles, leurs intentions sont visibles à l’œil nu et il n’est pas difficile d’identifier leurs commanditaires et leurs stratèges. Notre pays a souffert des calomnies d’Al Jazeera et il a eu mille fois raison de couper les liens avec cet organisme diabolique et destructeur de l’ordre établi. L’objectif non déclaré de ces guerres des ondes n’est autre que l’application de la théorie du chaos constructeur, nouvelle politique des Etats-Unis qui lui permettrait de refaçonner tout le monde arabo-musulman suivant leurs intérêts pour le siècle à venir et leurs besoins énergétiques. Que les peuples périssent. «Après mes intérêts le déluge» provoqué non par des pluies torrentielles qui descendent du ciel comme à l’accoutumée, mais par des résolutions du Conseil de sécurité, par l’Organisation des Nations unies, au nom des droits de l’Homme et de la liberté des peuples.
Après la destitution des clans au pouvoir en Egypte et en Tunisie, après la paralysie du pouvoir au Yémen et en Syrie, après la destruction des systèmes en place et de toutes les infrastructures en Libye et en Irak, pour qui sonnera le prochain glas ? Sûrement pour un pays qui a du pétrole et une quantité consistante de devises dans les banques des pays au lourd passé colonial et génocidaire. Par ces temps de crise du système capitaliste et de la faillite des Etats, mettre main basse sur l’argent des autres peut rapporter gros lors des prochaines élections. 
Certes, les populations arabes peuvent aspirer à la démocratie, à la prospérité et à la modernité, mais ces changements doivent provenir d’une dynamique interne, d’un processus historique, et non imposés artificiellement par des bombes larguées et des conseils de transition made in Paris, Londres ou Washington.


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