Soutenons les « Printemps arabes » !


Par Gérard Fuchs *
Jeudi 7 Juillet 2011

Soutenons les « Printemps arabes » !
Dans la vie internationale comme dans la vie tout court, ce sont les discontinuités qui marquent. Et leur apparition, dans les deux domaines, semble s’accélérer. En moins de vingt-cinq ans, nous avons ainsi connu la chute du mur de Berlin avec, comme un château de cartes, la disparition des régimes communistes d’abord en Europe centrale puis dans le monde et, en bouquet final, la spectaculaire explosion de l’Union soviétique elle-même ; et ensuite, la chute de Ben Ali entraînant, par un extraordinaire effet domino, la mise en cause progressive de tous les régimes autoritaires du monde arabe, même si le résultat final de cette propagation ne nous est pas encore aujourd’hui connu.
Les deux processus ont une similitude : dans les deux cas des régimes dictatoriaux rigides, confrontés aux évolutions du monde et de leurs sociétés, ont accumulé des tensions internes qui n’ont pas trouvé d’exutoire. Et ensuite, c’est comme pour la tectonique des plaques : quand les tensions arrivent à un seuil critique, c’est le tremblement de terre, d’autant plus violent que la durée de montée en pression a été longue, d’autant plus imprévisible que, à la différence de la résistance des matériaux, il n’y a pas d’expérience possible qui permette de connaître les valeurs critiques !
Mais le monde arabe a connu une originalité : les régimes d’inspiration soviétique, installés après les indépendances dans les pays non monarchiques, n’ont pas cédé la place à des démocraties mais, plus ou moins rapidement selon la force des espérances populaires d’alors, à des dictatures militaires ou policières. Une majorité de dirigeants européens, influencés par une vision primaire de l’islam et par le conservatisme intellectuel qui porte à considérer comme plus sécurisant ce qu’on connaît que ce qu’on ne connaît pas, n’a eu de cesse de théoriser cette situation : d’un côté, il devenait vérité d’évidence qu’islam et démocratie étaient incompatibles ; d’un autre côté, le discours des autocrates se présentant comme les meilleurs remparts contre l’intégrisme islamique remportait une très large adhésion.
La tragédie ouverte par les élections algériennes de fin 1991 a représenté un moment clé dans l’établissement de ces jugements. Ces élections s’inscrivaient dans la dynamique de la chute du mur et la pression en leur faveur résultait déjà d’une situation sociale détériorée, qui ne pouvait que choquer beaucoup d’Algériens au regard de l’ampleur de la rente pétrolière et de son accaparement par une petite minorité. La quasi victoire du Front islamique du salut (FIS) dès le premier tour, avec 47 % des suffrages, entraînait l’intervention de l’armée et la rupture de la coalition entre les nationalistes et les leaders musulmans traditionnels, qui avait été le fondement de la réussite du mouvement de libération du pays. La radicalisation des deux côtés allait ensuite conduire à la « décennie de plomb », une guerre civile atroce avec ses deux cent mille victimes, tués ou disparus.
La répercussion en France de ces événements fut profonde et, même au sein de la gauche, une majorité se dégagea pour approuver l’interruption du processus électoral, parfois au nom de l’argument – historiquement fondé mais devenu dépourvu de substance – que ce n’était pas l’armée mais le Front de libération nationale (FLN), le parti de la lutte pour l’indépendance, qui occupait encore le pouvoir. Au sein même du Parti socialiste, ceux, dont j’étais, qui défendaient la thèse que le choix n’était pas binaire – islamistes ou militaires – mais ternaire – il existait de réelles forces démocratiques et la priorité était de les soutenir – se retrouvèrent alors mis en minorité. Et c’est ce paysage, dessiné de façon voisine dans le reste de l’Europe et dans la plupart des pays intéressés à la vie politique du pourtour méditerranéen, qui a perduré, jusqu’à ce qu’un jeune tunisien de Sidi Bouzid, Mohamed Bouazizi, lycéen, chômeur puis vendeur ambulant par nécessité, s’immole par le feu pour protester contre l’arbitraire policier, déclenchant une Révolution qu’il ne connaîtra hélas pas.
« Le président Ben Ali a engagé son pays dans la voie de la démocratisation », « le premier des Droits de l’homme c’est de manger » (Jacques Chirac, 1991 puis 2003); « l’espace des libertés progresse », (Nicolas Sarkozy, 2008) ; sans oublier le terrible « le savoir-faire, reconnu dans le monde entier, de nos forces de sécurité, permet de régler des situations sécuritaires de ce type » qui coûtera son poste de ministre des Affaires étrangères à Michèle Alliot-Marie en janvier 2011 ; sans parler des voyages aimablement financés par les autorités du pays et acceptés par des bénéficiaires de toute couleur politique : l’aveuglement de certains sur le régime tunisien dura jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’au départ de Ben Ali pour l’Arabie saoudite le 17 janvier 2011 !
Et ce jour là, force fut à tous de reconnaître qu’une dictature policière arabe s’était écroulée sans qu’un quelconque groupe intégriste ait manipulé l’affaire !
Sur les causes de la révolution tunisienne, puis égyptienne (Moubarak quittant le pouvoir le 11 février 2011) et des autres mouvements qui se sont ensuite succédés dans la plupart des pays arabes et sont aujourd’hui encore inachevés, beaucoup a été dit déjà, et sur les similitudes, et sur les différences. Je me contenterai de rappeler les traits qui me paraissent essentiels à la définition de notre nécessaire action de solidarité.
Les similitudes sont claires : des dictatures militaires ou policières ou des monarchies absolues, ne laissant aucune place à l’expression de revendications sociales ou politiques ; l’accaparement par de toutes petites minorités (les familles Trabelsi ou Moubarak, les familles régnantes et leur environnement, des castes militaires) de rentes financières parfois énormes comme dans les pays pétroliers, et en tout cas substantielles parce que formées de l’essentiel de l’économie du pays ; et, en contrepoint, des masses se sentant abandonnées, victimes d’un chômage croissant découlant de croissances démographiques élevées et de la bureaucratisation de l’économie ; des jeunes particulièrement frappés par ce chômage, alors même que leur niveau d’instruction s’élève ; une connaissance accrue des réalités extérieures (voire de celles de son propre pays !) du fait de la généralisation de l’accès aux télévisions satellitaires, arabes (Al Jazeera ou Al Arabiya) ou non arabes (CNN et parfois même, rare sujet de satisfaction pour notre pays, France 24), ainsi qu’aux capacités d’internet : je reviendrai sur ces derniers points.
Les différences et les singularités ne sauraient être occultées pour autant, au risque de considérer que l’effet domino déjà mentionné peut suffire à parachever un processus de transition global dont nous pourrions nous contenter d’être spectateurs, même intéressés. Une analyse rapide et en balayant la géographie d’ouest en est. La monarchie marocaine garde une vraie légitimité. Les années de plomb continuent d’imprimer leur marque sur une Algérie où les militaires qui détiennent la réalité du pouvoir sont inconnus mais peuvent distribuer à la pelle milliards et milliards. La Tunisie est bien sûr la plus avancée, le refus de son armée de tirer sur les manifestants a été et reste décisif ; mais son économie est fragilisée, une transition trop longue pourrait décourager certains acteurs de la révolution et, à l’inverse, donner l’occasion de resurgir à des anciens du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’ancien parti de Ben Ali, qui n’ont pas tous disparu, ou d’émerger à des intégristes qui ne viendraient pas d’Ennahdha. La Libye reste marquée par le phénomène des tribus ; il a fallu une résolution de l’ONU et une intervention aérienne extérieure pour éviter le massacre de Benghazi ; Kadhafi garde assez d’argent pour financer des mercenaires africains peu sensibles aux argumentations politiques.
L’Egypte demeure un pays clé pour la suite : là aussi, après quelques jours au moins, l’armée a refusé de tirer sur les manifestants ; mais ses cadres supérieurs ont leurs propres intérêts économiques et certains n’ont sans doute lâché Moubarak père que pour éviter Moubarak fils : beaucoup d’incertitudes demeurent ! Le cas syrien est encore plus particulier : le clan alaouite des El Assad étant démographiquement minoritaire reste prêt à noyer dans le sang la contestation qui se poursuit; mais le règlement de la situation en Libye pourrait permettre d’accroître une pression internationale demeurée jusqu’ici assez largement symbolique.
Ce tableau en rose et gris ne doit pas masquer la joie, la vitalité et la conviction fantastiques des acteurs de terrain des révolutions en cours. L’appellation de «Printemps arabes», expression que je préfère pour ma part mettre au pluriel pour les raisons ci-dessus résumées, n’est pas qu’une référence spatiotemporelle : elle marque aussi la reconnaissance d’un bourgeonnement de créativité et d’inventivité comme seules des situations révolutionnaires sont capables d’en engendrer. Ce  bourgeonnement, il faut le dire, a été grandement facilité par l’usage des fameuses NTIC, les nouvelles technologies de l’information et de la communication : au-delà de l’accès accru à l’information permis par les chaînes satellitaires, ce sont bien les possibilités de communication et d’échanges instantanés permises par internet et les téléphones portables qui ont rendu possible l’existence même des manifestations de masse du monde arabe, mettant en avant le rôle novateur et déterminant de deux catégories sociales : les jeunes et les femmes.
Quelques exemples, tirés de rencontres récentes au nord et au sud de la Méditerranée. Un blogueur tunisien qui explique comment il a bloqué pendant plusieurs jours le site de la présidence, prévenu juste à temps qu’il devait se déconnecter et plonger dans la clandestinité. Un autre, émigré en France, qui élabore des relais et des proxys de contournement pour contrer la censure gouvernementale. L’usage de Twitter pour éviter les barrages de police durant les manifestations à Tunis et prioriser les cheminements gardés par l’armée. En réaction, les « ordinateurs familiaux » offerts par Ben Ali, dépourvus de logiciels permettant les communications extérieures, les ruses pour aller trouver des logiciels gratuits les rétablissant. Les « conseils » des Tunisiens aux Egyptiens sur les vertus du Coca-Cola et des oignons pour se prémunir des effets des gaz lacrymogènes. Les vingt-quatre millions d’internautes d’Egypte... qui sont majoritairement des femmes.
Leur rôle dans l’élaboration des slogans des manifestations à venir pendant que les hommes sont à l’extérieur. Leur présence importante et sans problèmes, même place Tahrir. Le rôle des supporters des clubs de foot dans les manifestations d’Egypte.
L’importance des manifestations «hors capitale» en Tunisie comme en Egypte, où seize provinces sur vingt-sept ont été concernées. Le rôle des révélations de Wikileaks dans la délégitimation des dirigeants.
Ce foisonnement d’initiatives attachantes et dont on sourit parfois ne doit pas faire oublier la dure réalité qu’ont affrontée ou qu’affrontent encore les manifestants de tous les pays : les charges brutales de la police, les tirs à balles réelles de l’armée, les blessés, les morts... J’ai le souvenir de l’Egyptien qui indiquait tranquillement : « J’ai pris ma voiture pour aller place Tahrir… », mais encore trop ému pour nous raconter la suite : c’était le jour de la charge des chameaux et des voitures blindées, visant à blesser et à écraser un maximum de personnes ! Quelques images prises au vol par quelques portables, hier en Tunisie et en Egypte, aujourd’hui au Yémen et plus encore en Syrie, échappant à toute censure, attestent de tout cela : par delà toutes les technologies, il y a le formidable courage, mental et physique, d’hommes et de femmes engagés dans des affrontements inégaux, au nom de la dignité, de la liberté et de la justice.
Tout cela nous met, comme militants de gauche, comme Français, comme Européens, devant de formidables responsabilités. Nous devons manifester notre solidarité avec les mouvements en cours : elle est attendue. Nous devons en même temps être attentifs à éviter tout ce qui pourrait ressembler à une ingérence, qui permettrait aux dictateurs non encore déchus de présenter leur opposition démocratique comme un parti de l’étranger. Facile à dire, moins facile parfois à faire, surtout quand les circonstances deviennent extrêmes. Je crois que l’intervention militaire en Libye, engagée à partir d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, était nécessaire : après le siège meurtrier de Sarajevo, après le massacre de Srebrenica, après le génocide du Rwanda, comment accepter de rester une fois encore paralysés à la veille de l’entrée des forces de Khadafi à Benghazi ? Et en même temps, quel engrenage ! Que répondre à la délégation syrienne assise en face de moi il y a peu et qui demandait : « Qu’allez-vous faire pour nous ? » ? Dire que nous n’avons pas assez d’avions ?
Alors, il faut une stratégie bien définie, fondée sur des priorités bien expliquées. J’en évoque une, au moins pour la discussion : nous ne sommes pas aux affaires mais pouvons y être demain et mieux vaut que nos décisions aient été réfléchies avant !
Je pense que la stratégie optimale doit être conçue en trois étapes : la consolidation de la démocratie tunisienne d’abord ; l’établissement d’un bloc démocratique de la Tunisie à l’Egypte ensuite : cela suppose que la pression militaire et diplomatique des Nations unies obtienne le départ ou la disparition de Kadhafi. Une extension de ce noyau central enfin, en fonction des demandes et des situations des autres pays concernés.
La première étape doit concerner aujourd’hui la Tunisie : parce que tout est parti de là bien sûr, mais aussi parce que c’est là que les difficultés sont, au moins relativement, les moins grandes ; et enfin, parce que l’instauration d’une démocratie là-bas aurait une formidable vertu d’entraînement. Le rapport de force est aujourd’hui favorable aux démocrates : l’armée est légitimiste, les anciens responsables de la police ont en apparence disparu ; ceux du RCD seront interdits d’élection ; les porte-parole d’Ennahdha s’expriment apparemment en démocrates modérés.
Nous sommes alors confrontés à deux problèmes majeurs et urgents : l’organisation dans les mois qui viennent d’une élection constituante, la détérioration de la situation économique. Pour la première, la France doit apporter une aide technique maximum : elle le peut pour des raisons linguistiques et de connaissance du pays ; la Fondation Jean-Jaurès a, pour sa part, engagé tous ses moyens disponibles. Mais la situation économique est évidemment la question centrale : ce sont trop souvent les révolutionnaires déçus qui fournissent les bataillons des contre-révolutionnaires et nous ne devons pas oublier que l’origine profonde du soulèvement se situe dans les émeutes ouvrières de l’été 2008 dans le bassin de phosphates de Gafsa, où se situe d’ailleurs Sidi Bouzid, et dans des revendications d’emploi. La récente réunion du G8 semble avoir bien perçu le problème : la promesse de l’octroi de 50 milliards d’euros sur trois ans aux pays arabes en transition démocratique représente un engagement fort. Je veux quand même l’accompagner de deux commentaires : d’abord, nous devons veiller à ce que cet engagement, à la différence d’autres promesses récemment consenties aux pays du Sud, soit effectivement tenu ; ensuite, il nous faut garder en tête que le besoin le plus urgent, compte tenu du ralentissement économique en cours, est celui d’une aide budgétaire très rapidement mise à disposition : c’est le prix à payer pour la mise en route des services du nouvel Etat de droit dont tout le monde parle.
Au delà des questions précédentes, théoriquement consensuelles, je voudrais cependant évoquer trois sujets qui fâchent.
Le premier est celui non de l’immigration, comme je l’entends dire trop souvent, mais des réfugiés économiques qui se pressent aux portes de l’Europe, souvent originaires d’un Sud déserté par les touristes mais envahi par d’autres réfugiés venus de Libye. Des chiffres et un commentaire d’abord : moins de 30 000 personnes se pressent aux frontières de l’Europe, à Lampedusa ou ailleurs ; près de 300 000 sont déjà arrivées de Libye ; la solidarité tunisienne est magnifique, la solidarité  européenne et l’attitude française sont lamentables. Sarkozy sera président jusqu’en mai prochain, je formule donc deux propositions malgré cela réalisables :
- que nos collectivités locales et les associations qui dépendent d’elles proposent, lorsqu’elles le peuvent, à des réfugiés économiques tunisiens des stages de six mois, permettant un accueil provisoire jusqu’aux premiers effets d’un redressement chez eux ;
- qu’une partie de l’argent du G8 soit dirigée au plus vite vers des activités d’accueil des réfugiés de Libye, donnant des moyens et créant des emplois provisoires au sud du pays, en attendant le retour des touristes.
Le deuxième sujet qui fâche, moins connu mais important non seulement pour la Tunisie mais peut-être plus encore maintenant pour les autres pays arabes en mouvement, concerne internet. La France est en train de se créer un créneau d’exportations peu connu – je comprends la discrétion – mais apparemment fort lucratif : celui des technologies de censure d’internet. Premier destinataire, la Chine, en train d’édifier non plus la grande muraille mais « the great firewall of China », comme me le disait récemment avec une pointe d’humour triste un de mes interlocuteurs. J’ai aussi eu connaissance par ouï-dire qu’il y aurait des pays arabes destinataires de ces technologies, et peut-être même l’Iran. Les autorités françaises, qui disposent d’organismes efficaces de contrôle de nos exportations d’armement, et en tout cas le parlement, pourraient utilement enquêter sur ce sujet...
Dernier sujet délicat. Outre de légitimes revendications de liberté et d’emploi, il y a actuellement en Tunisie de non moins légitimes revendications de salaires. Et il semblerait – j’espère que la rumeur est fausse mais je juge mes sources crédibles – qu’en conséquence certaines entreprises ou filiales arrivées de France il y a quelques années à la recherche de main d’oeuvre à bas coût, envisageraient de migrer plus loin.
Il conviendrait d’abord de croiser des informations : peut-être certains comités centraux d’entreprise en France auraient là un rôle à jouer. Peut-être serait-il imaginable ensuite que la puissance publique, prenant ses responsabilités, explique là où ce peut être nécessaire que ce genre de décisions ne servirait pas l’intérêt bien compris de notre pays...
Ce qui se passe aujourd’hui dans le monde arabe est historique. Le courage des acteurs des Printemps arabes est admirable. Dans le plein respect de leurs mouvements et au nom de nos valeurs communes, ne mesurons pas notre solidarité !

Directeur du secteur international de la Fondation Jean-Jaurès


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