Soutenir le Maroc


Par Yossef Ben-Meir *
Mercredi 9 Novembre 2016

Au cours des dernières décennies, le Maroc s’est pleinement engagé dans la voie d’un développement à la fois progressif et fortement lié à son identité nationale. La réussite du modèle marocain, avec ses idéaux fondamentaux de régionalisation, de développement humain, de multiculturalisme, de coopération Sud-Sud et de méthodes participatives, est essentielle non seulement pour la population du pays, mais aussi afin d’établir une stratégie viable pour les populations de l'Afrique, du Moyen Orient, ainsi que d’autres régions.
Se pourrait-il que le Maroc, engagé dans l'autonomisation démocratique et le développement durable des communautés et des individus, inspire un âge d'or des réalisations et du pouvoir décentralisés pour l’ensemble des pays du Sud ?
 Ce qui est fascinant à propos de l'exemple marocain, c’est la manière dont le niveau de la commune locale est mis en relief dans les programmes, les politiques et les lois. Concrétiser la participation locale au développement aide plus que toute autre mesure à assurer que les projets répondent directement aux besoins locaux et que les bénéficiaires communaux eux-mêmes contribuent au maintien de leurs projets.
 Le défi majeur des efforts visant à promouvoir le développement communal est la nécessité de systématiser les formes démocratiques locales de prise de décision et de gestion dans le cadre d'une administration publique encore très centralisée. Les programmes marocains de développement favorisent l'inclusion, la planification aux perspectives multiples, le partenariat public-privé, l'engagement de tous les niveaux de la société et les cadres participatifs pour favoriser un changement durable à partir du niveau local. Cependant, la rareté du financement et de la disponibilité d’ateliers « d'apprentissage par la pratique » pour tous les secteurs en matière de facilitation des méthodes participatives de planification communale - même lorsque l'approche doit être mise en œuvre légalement – n’assure une progression qu’à un taux progressif, faisant ainsi perdre aux collectivités des avantages incalculables, année après année.
Le fait que cette régionalisation et la méthodologie participative figurent à de nombreux niveaux dans les documents politiques clés est en soi extrêmement louable. Ainsi, une formidable occasion est par exemple offerte par la Charte communale marocaine qui exige que les membres élus des assemblées locales contribuent à l’élaboration des plans de développement qui résultent des réunions participatives à l'échelle communale. Pourtant, si la grande majorité des membres élus ne savent pas appliquer les méthodes de démocratie participative, cette excellente politique reste largement inefficace par rapport au potentiel de transformation à  la base.
Les facilitateurs du dialogue communal sont essentiels pour veiller à ce que les réunions locales soient largement fréquentées, que toutes les voix puissent s’exprimer et être entendues et que les données communales générées soient mises à la disposition des populations locales qui pourront ensuite prendre les décisions les plus éclairées. L'efficacité des animateurs s’améliore sensiblement lorsqu’ils participent à des ateliers de renforcement des capacités en milieu communautaire en vue de créer des projets réels. Les animateurs qui aident à mettre en application la planification participative et l'évaluation des besoins locaux, peuvent entre autres impliquer des représentants élus, des instituteurs, des agents de la société civile, des techniciens de l’Etat, des femmes et des jeunes dévoués, des membres de coopératives, des travailleurs du secteur privé, des chefs de village et des bénévoles.
Cependant, une véritable planification communautaire ne suffit pas il faut un financement pour mettre en œuvre les initiatives prévues. Au Maroc, malheureusement, trop de projets bien intentionnés, qui devraient naturellement attirer des fonds, restent inaccessibles à la majorité de la population et à ses associations locales en raison de la formulation compliquée de leurs propositions, d’un calendrier incohérent des appels à propositions et d’une exigence de financement partiel local, qui est tout simplement impossible pour la plupart, en particulier en milieu rural.
Que peut-on faire au Maroc et dans la plupart des zones rurales pour sortir de cette impasse et créer un flux indépendant et continu de revenus pour faire avancer les projets de développement humain ? La réponse réside dans la promotion de l'agriculture bio et de l’ensemble de la filière, de la pépinière à la vente. La plupart des populations rurales tirent des revenus de l'agriculture, et la majorité des plus pauvres vivent en milieu rural. Les revenus nets peuvent être gérés par les coopératives locales et consacrés à la construction d’écoles, aux systèmes d'adduction en eau potable et à la création de micro-entreprises. Ainsi, les recettes tirées de l'agriculture bio peuvent permettre de construire un système décentralisé et de concrétiser les politiques progressistes du pays.
Que signifie tout cela de manière plus large et quelle est sa place dans la région et dans un contexte global ? Dans la mesure où le printemps arabe signifie, à un certain niveau, l'appel des populations à l'autonomisation, la voie de la régionalisation et de développement durable par la méthode participative, empruntée par le Royaume, est très pertinente pour le reste de la région. Tout comme la décentralisation est intimement liée à la planification communautaire participative, les deux confèrent le pouvoir au plus près possible de la population ; aussi le développement humain au Maroc est-il délibérément lié à l'inclusion et à la coexistence culturelles, surtout à la lumière de la Constitution de 2011 qui fait mention des diverses cultures et ethnies du pays, passées et présentes.
 Il convient donc incontestablement d’apporter notre soutien sans réserve au Royaume du Maroc pour que ce modèle profondément humain puisse répandre l'espérance dans le continent et sur notre planète.

 * Sociologue et président de la Fondation du Haut Atlas, une organisation américano-marocaine de développement international


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1.Posté par @Aatimad4 le 12/11/2016 13:59 (depuis mobile)
Je pense que le Maroc devrait se concentrer plus sur le déveleppement Sud-sud et on juge que de nos jours nous avons tous les moyens nous avons plus a rougir et que c''est le seul moyen d''avancer au lieu d''attendre toujours les milliards de Dollars...

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