Soprano Quand j’écris mes chansons, j’ai besoin de quelque chose qui me touche et que je connais


C.B
Mercredi 20 Septembre 2017

Soprano a réussi le difficile exercice de mélanger le rap et la chanson française. A 38 ans, le Marseillais a déjà sorti 5 albums vendus à plus d’un million et demi d’exemplaires. En quelques années, il est devenu l’un des chouchous du public. Nos confrères  de «CultureBox» l’ont rencontré entre deux concerts de sa tournée dans toute la France.

Etes-vous rappeur ou chanteur ?
C’est vrai que c’est un peu compliqué pour les gens mais n’oubliez pas que je m’appelle Soprano. Dès le début, dès mes premiers couplets, je chantais déjà. Je faisais du rap-chant. Encore plus aujourd’hui. Peut-être qu’avec l’âge je suis un peu plus apaisé, j’ai besoin d’entendre aussi des mélodies. Même si j’ai toujours des textes militants, c’est mon style.

Quand on dit que vous êtes un chanteur optimiste, ça signifie quoi?
Même dans mes morceaux un peu tristes, mélancoliques ou même dans les titres un peu militants, à la fin il y a toujours de l’espoir. Dans mes chansons, il y aura toujours quelque chose qui te dit « aujourd’hui, demain, c’est possible ». C’est quelque chose d’important pour moi de mettre de la lumière dans mes textes, pour que les gens puissent s’accrocher à quelque chose. Aujourd’hui on a besoin de lumière…

Les thèmes des chansons ne sont pourtant pas toujours très joyeux : la maladie, l’addiction aux smartphones, ce clown qui se force à sourire pour faire rire les gens…
Quelqu’un m’a dit un jour : «J’aime beaucoup tes chansons, elle me font penser à un visage avec une petite larme à l’œil et un sourire en coin». C’est ça la vie.  On vit avec cet équilibre-là. Ça nous permet de profiter de moments magiques avec la famille, avec les gens qu’on aime. Et puis parfois on a des moments difficiles. Pour moi la musique c’est comme ça.
Et le clown triste ça parle à tout le monde. On est tous des clowns tristes, il y a beaucoup de gens qui se lèvent le matin et qui n’ont pas la forme. Pourtant, ils doivent mettre leur nez rouge, faire semblant, aller travailler.
C’est pareil pour le smartphone. J’ai fait un clip amusant avec des smileys mais aujourd’hui nous sommes prisonniers de ce téléphone. La nicotine est «pixellisée».

Avec des thèmes aussi «sérieux», est-ce que vous êtes surpris d’avoir un très jeune public ?
Quand on m’a dit que j’étais élu l’artiste préféré des 7-14 ans par les lecteurs de Mickey Magazine, j’étais surpris. Je me suis dit : ça déchire ! Parce que mes textes ne sont pas toujours positifs. Mais une fois encore quelqu’un m’a dit : «Quand tu écoutais IAM, tu avais 35 ans ?» Pourtant IAM et McSolaar, ils n’écrivaient pas des choses gaies.  C’étaient quand même des choses très réfléchies, mais j’écoutais et j’aimais beaucoup quand j’étais enfant. Je pense que quand on est jeune, on perçoit le message, on sent quand quelqu’un a une bonne vibe, quand il est positif.

Vos expériences personnelles nourrissent-elles beaucoup votre écriture?
C’est même le centre de mon écriture. Quand je fais mes chansons, j’ai besoin de quelque chose qui me touche et que je connais. Il faut que je l’ai vécu ou que mes amis l’aient vécu. C’est très important pour mettre de la sincérité dans mes chansons, de la joie ou de la folie.
J’ai l’habitude de dire, la musique c’est mon divan, et les mots c’est mon psy. La musique est une vraie thérapie pour moi, elle a soigné mes maux, ma dépression. Une chanson comme «Roule» qui raconte comment je réagis à la perte d’un de mes meilleurs amis, elle m’a beaucoup aidé. J’avais besoin d’exprimer ce que je ressentais. Parce que je gardais tout en moi, je crois.
La musique m’a permis de ne pas devenir fou. C’est important de pouvoir être sincère et vrai dans mes chansons pour que ça touche les gens et puis surtout pour qu’on puisse les chanter avec plaisir.


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