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Schizophrène, la majorité gouvernementale multiplie les contradictions


Narjis Rerhaye
Lundi 30 Mars 2015

Schizophrène, la majorité gouvernementale multiplie les contradictions
«Le péché de la majorité est originel. C’est un défaut de fabrication ! La formation de la coalition gouvernementale  est le résultat d’un calcul arithmétique et rien d’autre. Il n’y a pas eu d’accord et de mise en cohérence autour d’un projet de société. Aujourd’hui, on le voit. Pire encore, on le vit ! ». Ce ténor de l’opposition résume en quelques phrases la somme des contradictions auxquelles est confrontée la majorité formée autour des islamistes du PJD. A l’approche des élections communales et régionales, les paradoxes de la coalition se sont transformés en cacophonie voilant à peine les dissensions à l’intérieur même du gouvernement.  C’est autour des valeurs, véritables enjeux de société, que les divisions des partis formant la majorité se cristallisent. Les exemples se suivent, se ressemblent et alimentent la chronique d’une coalition gouvernementale aux prises avec ses contradictions de plus en plus marquées. 
«La question de l’égalité entre les femmes et les hommes et celle de la parité illustrent malheureusement l’état déplorable de cette majorité. Les islamistes ont la main sur ce dossier. Ils le gèrent sans surprise à leur manière avec un référentiel qui est le leur. Ce référentiel ne correspond pas aux principes universels des droits humains qui sont aussi ceux des femmes. La ministre islamiste Bassima Haqqaoui vient de présenter un projet de loi organique relatif à l’Autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de  discrimination. Cette instance prévue par la Constitution a été vidée de toute sa substance pour n’en faire qu’un gadget institutionnel. Le drame, c’est que les alliés du PJD au sein du gouvernement, observent un silence coupable. C’est le cas en particulier  du PPS, ce parti de gauche qui a choisi d’appartenir à un Exécutif conservateur en garant de la préservation des acquis démocratiques. Les anciens communistes qui gouvernent avec les islamistes auraient pu être réactifs et monter au créneau surtout lorsque l’on sait que l’égalité est l’un des principaux piliers d’un projet de société de progrès et de modernité que le PPS est censé défendre », soupire cette membre du bureau national du Parti authenticité et modernité.

Boycott et double discours
Le 8 mars dernier, alors que plusieurs centaines de milliers de Marocaines marchaient à Rabat au nom de l’égalité et de la parité, les partis de l’opposition se sont faits porter pâles. Les femmes et responsables du PPS, du Rassemblement national des indépendants et du Mouvement populaire ont boycotté cette marche citoyenne, regardant désespérément ailleurs. Ce boycott n’a pas empêché le double discours. Le 7 mars, c’est-à-dire à la veille de la marche pour l’égalité de Rabat, le président du RNI (et ministre des Affaires étrangères) assistait à une rencontre sous forme d’hommage rendu  aux journalistes marocaines du monde. « Notre parti défend les droits des femmes. Le RNI se bat pour l’égalité et l’application de la Constitution», a martelé Salaheddine Mezouar du haut de la tribune sans jamais  dire que sa famille politique n’allait pas battre le pavé le lendemain pour réclamer égalité et parité !
C’est la même schizophrénie dont ont fait montre les partenaires politiques de Benkirane au sujet du débat houleux concernant l’avortement clandestin et la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse. « Il a fallu que le Roi intervienne et s’empare de ce dossier en chargeant les ministres de la Justice, des Habous et des Affaires islamiques et le président du Conseil national des droits de l’Homme pour que ces partis au gouvernement prennent enfin position contre l’avortement clandestin et en appellent à la réforme de la loi régissant l’avortement au Maroc », rappelle avec force cette Istiqlalienne.
Les dissensions n’en finissent pas de ronger une majorité gouvernementale prête à s’entredéchirer alors que le rendez-vous électoral pointe à l’horizon. Les débats sur les lois électorales en annoncent déjà la couleur.
 «A l’évidence, le gouvernement ne parle pas d’une même voix.  Il y a fort à parier que les partis qui composent la majorité sont prêts à jouer leur propre partition pour quelques voix de plus», conclut ce cacique du parti de la Rose.
 


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