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L'organisation spécialisée de l'ONU, dirigée depuis juillet par l'ancien ministre éthiopien de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait demandé à Mugabe, 93 ans, de servir comme ambassadeur de bonne volonté pour aider à lutter contre les maladies non transmissibles comme les attaques cardiaques et l'asthme en Afrique.
Sa nomination cette semaine a suscité de la confusion et de la colère chez les militants qui insistent sur le fait que le système de santé du Zimbabwe, comme beaucoup de ses services publics, s'est effondré sous le régime autoritaire de Mugabe.
La Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale, s'est jointe samedi aux critiques, qualifiant la décision de l'OMS de "surprenante et décevante, en particulier à la lumière des sanctions des Etats-Unis et de l'UE contre lui".
"Nous avons communiqué nos préoccupations auprès du directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus", a écrit un porte-parole du Foreigne Office dans un courriel.
"La nomination (de Mugabe) risque de cacher le travail effectué dans le monde par l'OMS sur les maladies non transmissibles".
Le militant zimbabwéen et avocat des droits de l'Homme, Doug Coltart, a écrit sur Twitter : "Un homme qui prend l'avion pour Singapour pour un traitement médical parce qu'il a détruit le système médical du Zimbabwe est l'ambassadeur de bonne volonté de l'OMS".
Le système de santé au Zimbabwe, comme beaucoup d'autres services publics, s'est effondré sous le régime autoritaire et répressif de Mugabe. La plupart des hôpitaux manquent de médicaments et d'équipements, les infirmières et les médecins sont régulièrement laissés sans salaires.
"Nommer Mugabe ambassadeur de bonne volonté est gênant pour l'OMS et le docteur Tedros,", a tweetté Iain Levine, l'un des directeurs de l'ONG Human Rights Watch.
Le principal parti d'opposition, le MDC, a estimé que cette nomination était "risible".
"Le système de santé du Zimbabwe est dans un état chaotique, c'est une insulte", a déclaré à l'AFP son porte-parole, Obert Gutu. "Mugabe a cassé notre système de santé. Lui et sa famille vont à Singapour se faire soigner après avoir laissé nos hôpitaux publics s'effondrer".
Pour leur part, les Etats-Unis ont dénoncé samedi cette nomination et indiqué qu’elle "contredit les idéaux de l'ONU".
"Le gouvernement américain a imposé des sanctions contre le président Mugabe en raison de crimes contre son peuple et de la menace qu'il représente pour la paix et la stabilité. Cette nomination contredit clairement les idéaux des Nations unies de respect des droits de l'Homme et de la dignité humaine", a affirmé à l'AFP le département d'Etat américain.
Mugabe, au pouvoir depuis 1980, a une santé de plus en plus fragile et se rend souvent à l'étranger pour des soins.