Salah Laâraïbi: Les camps s’acheminent vers l’implosion


Propos recueillis par A.E.K
Mardi 22 Juillet 2014

Salah Laâraïbi: Les camps s’acheminent vers l’implosion
Le 1er mai dernier, un groupe de 17 personnes, appartenant à cinq 
familles ont choisi 
de rester dans leur pays, 
le Maroc. Parmi ces 
personnes, Salah Laâraïbi, son épouse et ses quatre enfants qui ont choisi 
e s’installer à Dakhla. 
Il nous explique 
les raisons de son choix.
 
Libé : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
 
Laâraïbi Salah : Je m’appelle Salah Laâraïbi et je suis connu dans les camps sous le nom de Mohamed Mahmoud Mohamed Salah Laâraïbi. Je suis venu à Dakhla le 1er mai 2014 dans le cadre des visites familiales que supervise le HCR et j’ai choisi de rester dans mon pays, parmi les miens.
Il y a 22 ans, le jeune homme que j’étais, avait été séduit par l’aventure révolutionnaire empreinte de marxisme pour laquelle les dirigeants du Polisario faisaient une propagande en promettant monts et merveilles. Mais devenu père de quatre enfants, mon devoir est de penser à leur avenir. Ne voyant aucune lueur  d’espoir pour leur garantir cet avenir et convaincu que le Polisario n’est qu’un mirage ne menant nulle part, j’ai décidé à 47 ans de regagner mon pays. Les échanges de visites qui me permettaient de rentrer au Maroc avec tous les membres de ma famille ont été l’occasion rêvée de rentrer au pays dans les meilleures conditions et c’est cette occasion que je n’ai pas voulu rater.
 
Quelles étaient vos occupations dans les camps ?

 
A mon arrivée dans les camps, j’ai été engagé dans les rangs de ce qui s’appelle l’armée nationale populaire de libération. J’y ai reçu une formation de technicien d’armement et de télécommunications. A la création de la télévision du Polisario,  j’y ai été intégré, après un recyclage, comme technicien de régie.
 
Comment trouvez-vous votre nouvelle vie, par rapport à celle dans les camps ?
 
Il n’y a aucune comparaison possible. Dans les camps, on ne peut pas parler de niveau de vie. Ici tout est différent, nous avons toutes les possibilités, nous jouissons de toutes les libertés et  de tous les droits. Ce qui est loin d’être le cas là-bas.
 
Vous étiez dans les camps, lorsqu’est né le mouvement des jeunes. Racontez-nous.
 
Effectivement, j’étais dans les camps à la naissance de ce mouvement dû à l’accumulation de plusieurs cas de répression et aux  restrictions que subissent les habitants des camps. Restrictions qui concernent les libertés de mouvement, d’expression et la dégradation du niveau de vie. La naissance du mouvement est aussi et surtout due aux différents assassinats perpétrés par les forces algériennes et la milice du Polisario, notamment l’assassinat des deux jeunes commerçants à qui on avait tendu un piège qu’on avait assassiné de sang-froid. Il est né malgré la très grande campagne, pour ne pas dire les nombreuses campagnes de répression et de dénigrement menées par la direction du Polisario pour tenter de discréditer ses meneurs. Car là-bas, si vous n’êtes pas avec le chef, on vous traite de traître ou de taupe au service de l’ennemi et on tente de donner de vous l’image la plus négative possible. Ce qui se fait dans tous les régimes autoritaires. La campagne que mène la direction contre ces jeunes s’est poursuivie à travers des arrestations, la dernière en date est celle de deux jeunes gens dont Boumrah qui, malgré des côtes et des vertèbres brisées, a été condamné à deux ans de prison ferme. Pourtant, aucune ONG internationale des droits de l’Homme n’est intervenue pour dénoncer la maltraitance qu’il subit ou pour lui permettre d’être soigné. Et ce malgré la grève de la faim qu’il mène avec son compagnon d’infortune.
 
Quel est le chef d’accusation pour lequel ils ont été arrêtés ?
 
Intelligence avec l’ennemi. C’est la principale accusation pour laquelle les opposants au Polisario sont toujours arrêtés.
 
Comment les autorités locales vous ont-elles accueillis après que vous aviez exprimé votre intention de ne pas retourner dans les camps de Tindouf ?
 
Les autorités nous ont réservé un accueil très chaleureux et nous ont prodigué tout ce dont nous avions besoin. Ils nous ont procuré des logements meublés et attribué des cartes de la Promotion nationale nous permettant de répondre à nos premiers besoins.  
 
Parlez-nous des camps et de l’état d’esprit des gens là-bas.
 
Les populations des camps prennent de plus en plus conscience du mensonge dans lequel les fait vivre la direction du Polisario. L’écart qui ne cesse de se creuser entre le niveau de vie des populations et celui de la classe dirigeante, la baisse constante des approvisionnements, le fait que les dirigeants et leurs enfants mènent une vie dorée alors que le commun des citoyens n’arrive pas à joindre les deux bouts, tous ces éléments menacent d’une implosion prochaine.
 
Dans une dernière sortie médiatique, Abdelaziz a menacé de reprendre les armes contre le Maroc. Une reprise de la guerre est-elle envisageable ?
 
C’est une désinformation destinée à la consommation locale et à faire taire, sinon à réduire les dénonciations dont il fait l’objet. Avec quels bras va-t-il reprendre la guerre? Tous les combattants que comptait le Polisario sont, aujourd’hui installés à l’étranger où ils mènent une vie qu’ils ne voudront jamais changer. Pour ce qui est des jeunes restés dans les camps, ce sont eux qui mènent les mouvements de contestation contre Abdelaziz et son équipe. Pour eux, il n’est donc pas question de reprendre les armes sous les ordres de cette équipe qu’ils ne cessent de dénoncer. La reprise des armes n’est qu’une utopie.
 
 L’UA a pris, dernièrement la décision unilatérale de nommer un envoyé spécial pour le Sahara. Qu’en pensez-vous ?
 
C’est une mesure qui ne concerne, en aucun cas le Maroc qui a claqué la porte de cette organisation corrompue. D’ailleurs, le fait que la Russie, l’Inde et la Chine, entre autres, aient refusé d’accréditer cette nomination, prouve qu’elle n’a aucune crédibité sur le plan international. 


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