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S.M le Roi ordonne un recensement exhaustif des habitations menaçant ruine : Trois morts et plusieurs blessés dans l'effondrement d'une maison à Casablanca


Hassan Bentaleb
Lundi 11 Juin 2012

S.M le Roi ordonne un recensement exhaustif des habitations menaçant ruine : Trois morts et plusieurs blessés dans l'effondrement d'une maison à Casablanca
A Casablanca, le bilan des victimes des maisons menaçant ruine ne cesse de s’alourdir. Samedi matin, entre 6h00 et 8h00, une maison de deux étages s'est écroulée sur ses habitants à Arsat Ben Slama, précisément à Derb Maizi sis en dehors de la muraille de l'ancienne Médina, faisant trois morts selon un bilan provisoire. Il s'agit de deux hommes et d’une fillette. Cinq blessés ont été également enregistrés, deux d’entre eux souffrant de traumatisme crânien dont une femme en état grave.
Les éléments de la Protection civile, dépêchés sur les lieux, ont mis beaucoup de temps pour dégager les corps des  décombres et le manque de moyens a  compliqué l'opération d'évacuation.
Le wali de la région du Grand Casablanca, accompagné du gouverneur de la préfecture d’arrondissement  d’Anfa,  s’est rendu sur les lieux et a ordonné l’ouverture d’une enquête pour  déterminer les causes de ce drame.
Selon Abdelhafid Bakkali, élu de la commune, le bilan aurait pu être plus lourd si la majorité des  familles résidant dans cette maison n'avait pas quitté les lieux à temps. Elles sont saines et sauves mais très choquées.  «Il s’agit d’une maison menaçant ruine dont les résidents sont censés avoir été relogés ailleurs depuis un bon moment », nous a-t-il précisé.
M. Bakkali estime que les raisons de l'écroulement de cette maison sont à chercher dans la mauvaise gestion du dossier d’Avenue Royale qui demeure au stade de projet depuis 1993. D’après lui, l’effondrement de ladite maison était  prévisible puisqu’elle est située dans une zone qualifiée de dangereuse. « La zone  en question est composée de maisons en ruine dont tout le monde s’attend à leur effondrement puisqu’elles sont dans un état de délabrement très avancé. Leurs résidents sont censés être relogés, mais la mauvaise gestion de ce dossier a fini par créer ce drame », nous a-t-il expliqué.
Notre source pointe du doigt les dysfonctionnements qui découlent de la gestion du dossier par les autorités locales et les SONADAC.  « Le projet de l’Avenue Royale n’a pas tenu toutes ses promesses. Conçu en 1986 et mis en place en 1994, il  n’a permis que le relogement de 2.700 familles sur 12.000. L’absence d’entente entre l’administration du projet et la population locale a compliqué davantage la donne », nous a-t-elle confié.
A cet effet, M. Bakkali nous a informés que cette même population est en colère du fait qu’elle se sent abandonnée. « Une colère qui trouve également son explication dans le fait que l’ancienne Médina qui vient d’enterrer les morts du 17 mai dernier, se trouve de nouveau endeuillée », nous a-t-il indiqué.
Notre source fait allusion au drame produit  le mercredi 17 mai lorsqu’une maison de trois étages s'est écroulée sur ses habitants à Sidi Fateh dans l'ancienne Médina  de Casablanca faisant cinq morts. Il s'agit d'une septuagénaire, de deux enfants et d’un jeune homme.

S.M le Roi ordonne un recensement exhaustif des habitations menaçant ruine

A la suite d'un nouvel effondrement d'un immeuble, enregistré, le samedi 9 juin 2012, dans la Médina de Casablanca, S.M le Roi Mohammed VI a donné ses Hautes instructions pour la constitution d'une commission devant procéder à un recensement exhaustif des habitations menaçant ruine à Casablanca et dans d'autres médinas du Royaume.
Le Souverain a également ordonné de donner la priorité au traitement de ces situations en prenant les dispositions urgentes et nécessaires pour reloger les occupants de ces habitations appelées à être réhabilitées ou détruites.
Par ailleurs, S.M le Roi a donné ses Hautes directives au ministre de l'Intérieur pour superviser les cérémonies d'enterrement des victimes et la prise en charge des personnes blessées.
Suite à ces Hautes instructions, la commission constituée pour procéder au dit recensement a tenu, samedi soir, une réunion présidée par le chef du gouvernement.
Dans une déclaration à la presse à l'issue de cette réunion, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement a souligné que le gouvernement, tout en exprimant ses condoléances aux familles des victimes du douloureux accident, a décidé de lancer une opération de recensement précis et exhaustif de l'ensemble des habitations menaçant ruine. "Le gouvernement a également décidé de lancer un programme d'urgence pour reloger les occupants de ces habitations et de mobiliser les fonds nécessaires à cette opération", a-t-il ajouté.
Il a été également décidé que la commission, présidée par le chef du gouvernement et constituée des principaux secteurs concernés, reste en réunion pour suivre ce dossier.
Au début de la réunion, le chef du gouvernement a souligné la nécessité de mettre en place les procédures et les mesures d'urgence pour examiner la situation des habitations menaçant ruine et donner la priorité à ces habitants en vue de sauver leur vie.

MAP

La guerre des chiffres

Tous les responsables le disent : les conditions de logement des Marocains sont catastrophiques.
Pour le ministre de l’Habitat et de la Politique de la ville, le nombre des habitats menaçant ruine au Maroc s’élève à 114.000 unités, un problème auquel l’Etat a alloué, au titre de la période 2003-2011, un montant de 1,35 milliard de dirhams devant bénéficier à 87.500 ménages, selon le ministre. Par ailleurs, et en réponse à une question orale à la Chambre des représentants, il a indiqué que la seule ville de Casablanca compte 4.000 habitats menaçant ruine, à des degrés divers, soulignant que ces statistiques pourraient être revues à la hausse.
Quant au secrétaire général de ce département, il a déclaré récemment que quelque 242.000 familles vivent dans des maisons construites sans autorisations et 144.000 autres dans des maisons qui menacent de s’effondrer.
Entre 25 et 30% de la population urbaine vit dans des quartiers pauvres et non structurés, et 13% des familles urbaines habitent des maisons insalubres, soit quelque 556.000 familles, dont 170.000 vivent dans les bidonvilles, a-t-il ajouté en précisant qu’à fin 2011, le déficit en logement était estimé à 840.000 unités et que pour faire face à cette situation, le Maroc devrait construire pas moins de 1,67 million de logements en quatre ans.
De récentes études font état de 242.000 résidents dans des habitations clandestines et quelque 144.000 installés dans des unités menaçant ruine.
Selon une étude réalisée par ce même département, l’habitat dit à risques touche toutes les régions du Maroc (11,5% du parc logement national, soit à peu près 348.000 logements dont 75% dans les bidonvilles, le rural et les villas).
De plus, le phénomène des constructions menaçant ruine est spécifique à chaque tissu.
Selon l’enquête logement 2001, 50% des constructions du parc historique des médinas sont dégradées et moins de 10% menacent ruine.
 Concernant les nouvelles médinas, parc produit pendant le protectorat (138.000 logements dont 76% de type maisons marocaines modernes), elles courent également beaucoup de risques. Les utilisateurs de ce type d’habitat n’ayant pas de notion d’entretien,  les souffrances peuvent se résumer aux carences d’étanchéité et aux défauts de plomberie au niveau de l’évacuation des eaux pluviales.
L’habitat clandestin constitue, quant à lui, le foyer préoccupant des constructions menaçant ruine compte tenu des défaillances qui y sont rencontrées à l’instar des terrains accidentés, des infrastructures de base défaillantes, des constructions sans aucune étude technique et la médiocrité des qualités de réalisation.
Pour sa part, Kamal Daissaoui, président de l'Arrondissement de Sidi Belyout, avait rappelé dans une récente interview à Libé qu’en 2004,  quelque 130.000 logements menaçant ruine ou insalubres avaient été recensés à travers le pays, dont 66.000 pour le seul Casablanca.
Il convient de préciser que la loi de Finances du gouvernement Benkirane prévoit, à l'horizon 2016, la réduction de plus de moitié du déficit en logement, estimé aujourd'hui à 840.000 unités. Pour ce faire, l’Exécutif prévoit, entre autres, un budget d'un milliard de dirhams pour la rénovation des 66.000 logements menaçant ruine que compte Casablanca.
S'agissant des causes qui empêchent de résoudre ce problème, plusieurs témoignages recueillis par la MAP estiment qu'elles sont liées à la collecte de données qui ne tiennent pas compte de la diversité et des caractéristiques de chaque habitation endommagée, ce qui, par ricochet, rend difficile la possibilité de mettre en place une stratégie globale.
Le manque de cadres compétents dans ce genre d'intervention et l'insuffisance des ressources financières permettant au Laboratoire public d'essais et d'études (LPEE) de couvrir l'ensemble du territoire national, figurent aussi parmi ces causes.
Cette situation est également liée aux difficultés d'intervention dans ces habitations qui sont des biens privés, ainsi qu'au fait que les approches adoptées pour traiter la problématique des immeubles menaçant ruine souffrent d'un manque au niveau de l'arsenal juridique (entretien, santé publique, sécurité routière, etc.).

M.C


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