Reda Allali : Nous vivons dans un délire collectif permanent

Reda Allali exerce également comme chroniqueur dans la presse marocaine.


Mehdi Ouassat
Vendredi 30 Septembre 2016

Réda Allali, chanteur, guitariste et parolier,
a été derrière la création, en 1998, du célèbre  Hoba Hoba Spirit. Avec 7 albums
et plus de 400 concerts à son actif, le groupe
se nourrit des contradictions, de l’absurdité
et de la schizophrénie ambiantes, avec pour mots d’ordre la folie et la spontanéité.


Hoba Hoba Spirit, qui a vu le jour à Casablanca en 1998, est devenu une référence de la scène musicale contemporaine. Le chemin a été long et riche depuis la participation de ce groupe au Festival Gnaoua d’Essaouira et à L’Boulevard des jeunes musiciens au début des années 2000. En effet, si Le Journal Hebdomadaire parlait de « révélation » dès les premiers concerts en 2003, la presse étrangère n’en était pas moins élogieuse, puisque «Les Inrockuptibles» lui a consacré deux pages, évoquant «Les Ramones de Casablanca», et la chaîne Arte l’ a encensé dans «Tracks», une émission dédiée aux «formes d’art émergentes».
Depuis sa création, la formation qui a su se démarquer par un mélange d’énergie rock, de rythmes nord-africains et de paroles souvent percutantes, a donné plus de 400 concerts à travers le monde, notamment au Maroc, en France, en Belgique, en Espagne, en Suisse, au Danemark, ainsi qu’en Tunisie, en Algérie, au Mali ou encore au Niger.
Dans un entretien accordé à nos confrères de «Jeune Afrique», le leader du groupe, Reda Allali explique que les paroles chantées par Hoba Hoba Spirit ont toujours été écrites avec beaucoup de spontanéité. «Mais attention spontanéité ne veut pas dire moins de travail ! Pendant des années, on a joué sur des scènes sans que personne ne nous connaisse, et on voulait vraiment que les gens comprennent tout de suite ce qu’on disait», précise-t-il.
Concernant leur première apparition au Festival Gnaoua d’Essaouira et à L’Boulevard, Reda Allali souligne que le groupe avait de la chance et que tout s’est fait très vite. «En 2003, on enregistrait notre premier album, c’était l’année où deux beaux festivals ont vu le jour. C’est la première année où L’Boulevard se tenait dans un stade, et celle où le festival d’Essaouira prenait une grosse dimension. C’est aussi l’année où Internet s’est démocratisé … et à ce moment, on était bien là ! Si tu m’avais demandé à l’époque où je rêvais de jouer, je ne t’aurais pas dit Glastonbury ou ailleurs dans le monde, je t’aurais dit sur la place Moulay Hassan (NDLR : Scène principale du Festival Gnaoua d’Essaouira)», précise l’artiste.
«Ce festival, c’était l’exutoire de tous les Marocains. Il y avait cette espèce de liberté, avec l’impression, mais aussi le pouvoir, de faire ce que tu veux, où tu veux, quand tu veux. Essaouira, c’était vraiment l’étendard des festivals au Maroc», note, pour sa part Anouar Zehouani, également membre de Hoba Hoba Spirit.
Pour ce qui est de leurs inspirations, Reda Allali dit qu’il y a tellement de tabous, de schizophrénie, de blocages, de têtes bizarrement faites chez nous, que les idées de chansons ne manquent pas. «Il y en a 200 chaque jour ! On est tous des sujets ambulants, et moi le premier. On est tous complètement tordus. Et nous, on en fait un spectacle pour en ressortir le côté absurde, voire drôle, et on s’éclate. Quand tu regardes les choses un peu différemment, tu te rends compte que nous vivons dans un délire collectif permanent ! Après, cet absurde peut aussi te frapper de plein fouet, t’énerver parce que c’est agaçant, frustrant…», ajoute le jeune musicien.   
Questionné sur le fait s’il considère son groupe comme étant un groupe engagé, Reda Allali explique qu’être engagé, c’est défendre une cause sur un terrain de bataille. «Or nous, on ne fait pas cela, car nous sommes nous-mêmes ce terrain de bataille. On défend notre droit même à faire de la musique, donc ce n’est pas de l’engagement, c’est de l’auto-défense. Nous sommes sur la ligne de front de par notre activité, nous sommes notre première cause. C’est bizarre d’ailleurs qu’avec des valeurs un peu décalées par rapport à celles généralement prônées dans notre société, nous soyons encore là aujourd’hui», ajoute le leader du groupe, toujours dans ledit entretien.
S’agissant du fait que Hoba Hoba sort toujours ses morceaux directement sur les réseaux sociaux, Anouar Zehouani insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas de rendre leur musique plus accessible au plus grand nombre. «En effet, les médias officiels nous boudaient et on a toujours adoré cette proximité avec le public, donc quoi de mieux que les réseaux sociaux ? Dès qu’une chanson est prête, on la balance sur YouTube», conclut le jeune homme.


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