Ramadanienne de Mohamed Bakrim : Kharboucha, l'épreuve de l'été


Mohamed Bakrim
Mercredi 26 Août 2009

Ramadanienne de Mohamed Bakrim : Kharboucha, l'épreuve de l'été
Il y a un  film marocain sur les écrans et il ne s'agit pas d'une reprise mais bel et bien d'un film inédit. C'est “Kharboucha”, le premier long métrage de Hamid Zoughi. En quoi cela est-il un fait insolite? Les films marocains sont en effet et depuis quelques années  très présents sur les écrans nationaux et constituent même – désormais- la seule raison d'être des quelques salles  encore ouvertes. L'insolite dans la question de “Kharboucha”, c'est que les producteurs du film ont décidé de programmer sa sortie pour l'été. La saison estivale est traditionnellement dédiée aux reprises ou à des grosses productions internationales. Une pratique marocaine qui a presque valeur de loi non écrite que vient de transgresser “Kharboucha” dans une sorte de défi commercial. Le film est en effet à l'affiche depuis le mois de juillet et constitue en cela une expérience à suivre de près.
On sait que l'un des faits avérés du cinéma au Maroc tient lieu d'un paradoxe: il y a une production nationale dynamique, régulière, consistante, diversifiée sur le plan thématique et artistique et en même temps le parc des salles censées accueillir ses films se réduit comme peau de chagrin… On est même arrivé au stade où des villes moyennes ne reçoivent plus de films marocains dans un circuit commercial faute de salles. Cela pose en termes spécifiques la question de la distribution du film marocain et de son exploitation. Aujourd'hui, nous en avons annuellement une bonne douzaine et bientôt une vingtaine, et il faudra alors leur assurer le devenir logique et naturel de tout film à savoir aller à la rencontre de son public.
Outre la question de la disponibilité des salles, se pose aussi celle de la gestion du calendrier et à ce niveau il y a toute une alchimie qui joue. Distribuer un film marocain revient à résoudre une équation à plusieurs variantes. A titre d'exemple, il faut éviter l'été, le Ramadan, la Coupe du monde, la Coupe d'Afrique, les examens scolaires…les élections …A cela s'ajoute une forme pudique de refus de mettre en concurrence deux sorties marocaines. Du coup le créneau disponible pour placer un film marocain se réduit à à peine quelques semaines sur une année.
“Kharboucha” vient donc d'ouvrir une nouvelle pratique, celle de faire de l'été une saison aussi pour aller au cinéma… à l'instar de l'Egypte qui nous est proche sans parler des USA où l'été est la grande saison cinématographique. Un défi qui devrait être accompagné par une vraie politique de promotion et de publicité. Avec Kharboucha, hélas, nous n'avons pas assisté à une vraie campagne de lancement y compris au niveau médiatique; le film a été pratiquement livré à lui-même et à son destin solitaire (la télévision l'a pratiquement ignoré)…à l'image de son héroïne, cette rebelle du Maroc profond qui a mis la chanson populaire face au despotisme. Car l'autre défi de Kharboucha a été de se confronter à un sujet ambitieux celui de la reconstitution historique. Ambitieux, tant en termes de moyens qu'en termes d'écriture. Le sujet suppose d'énormes moyens logistiques: décors, accessoires, figuration, effets spéciaux…mais aussi en termes de connaissance historique. Or le film surfe sur une partie non officielle de notre histoire revenant sur des héros d'en bas faisant plutôt partie de la mythologie populaire. Rien que pour cela, il mérite sa chance d'être vu…en été et après.


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1.Posté par Mohamed EL BAKI (mohamedelbaki) le 26/08/2009 18:23
Souhaitons que le Cinéma Marocain puisse aller de l'avant et pourquoi pas être l'exemple du Cinéma Africain. Sortir des sentiers battus, et développer des séries,des essais,des films sur l'histoire et la civilisation du Maroc. Faisons confiance aux réalisateurs, producteurs, artistes etc... de notre pays.

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