Quand la diplomatie algérienne nargue la révolution démocratique syrienne


Par Mohamed-Salah Benteboula Géographe
Lundi 30 Mai 2016

Le ministre algérien des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, s’est déplacé le dimanche 24 avril 2016 en Syrie, lors de laquelle il a dirigé la délégation diplomatique à la réunion du Comité de suivi algéro-syrien, en prévision de la tenue de la grande commission mixte à Alger.
La visite de Messahel est un signe honteux pour la diplomatie bipolaire. L’Algérie n’a pas à suivre aveuglément les intérêts bellicistes du régime chimique syrien. Y a-t-il des mots pour décrire l’hypocrisie de la situation. Quel agenda se cache derrière l’agenda officiel !
La visite officielle de Messahel à Damas s'insère dans le cadre de l’appui et de la solidarité du régime politique algérien avec le régime chimique d’Al Assad qui célèbre son 70ème anniversaire d'indépendance, au moment où le peuple syrien fait face au terrorisme du Hezbollah et du régime islamiste iranien qui menace la sécurité et l’équilibre démographique de la région.
Il s’agit d’une visite qui traduit l’appui de la diplomatie bicéphale algérienne au dictateur Al Assad dans sa guerre contre la révolution démocratique syrienne. Cette visite est à même de souligner que le comportement du régime politique algérien vis-à-vis de la révolution démocratique du peuple syrien, émane d’une forfaiture et d’une lacune dans la maitrise du dossier de la lutte contre le terrorisme.
La visite a été ponctuée par la tenue de la 2ème session du Comité de suivi qui a été coprésidée par M. Messahel et le ministre de l'Economie et du Commerce extérieur du despote Al Assad, Hammam El- Jazairi, pour étudier les différentes démarches de la coopération bilatérale et les moyens de la favoriser.
Le ministre Messahel s’efforce au prix de discours et de déclarations, de décortiquer et d’expliquer la crise que traverse la Syrie. Le ministre Messahel, en personne, tonne une phrase culte voire cultissime au cours de cette visite officielle à Damas que «l’Algérie est un Etat fort par ses institutions et juste, qui écoute les préoccupations des citoyens ».
Plus encore, une diplomatie bicéphale qui ne s’évertue pas à maintenir un discours homogène, cohérent et clair sur les dossiers de relations internationales et qui développe une propagande.
Ainsi, la médiocrité se situe au niveau de cette incohérence dans les déclarations et les allocutions du ministre Messahel. Ce dernier n’en finit pas de tirer ses propres contradictions, de les mettre au devant de la scène, de tenter de dérouter le citoyen algérien qui saisit les enjeux géopolitiques mieux que le gouvernement.
Le Hezbollah, une créature terroriste de l’Iran, menace ouvertement les habitants du Moyen-Orient d’attaques catastrophiques, il est important de noter que le régime politique iranien représente la principale source de l’extrémisme violent au Moyen-Orient, et promeut le plus au monde le terrorisme. L’appui que fournit le régime islamiste iranien à l’armée terroriste Hezbollah qui n’a jamais cessé d’œuvrer à la disparition du Liban, déstabilise toute la région.
Comment créer un climat favorable aux échanges commerciaux et organiser des relations économiques au service des intérêts de l’Algérie et de la Syrie alors que le régime syrien contribue à établir le sanctuaire que Daech a créé sur une grande partie des territoires de l'Iraq et de la Syrie ?
Lors de l’entretien accordé par le despote Al Assad le lundi 25 avril 2016, M. Messahel a réitéré «le soutien de l'Algérie au peuple syrien dans sa lutte contre le terrorisme afin de préserver la stabilité et la sécurité de la Syrie et l'union et la cohésion de son peuple ».
Pour le reste, M. Messahel a fait part au dictateur syrien de l'expérience de l'Algérie en matière de réconciliation nationale pour la concrétisation des attentes du peuple en termes de stabilité mettant l'accent sur le règlement politique des crises qui secouent le monde arabe.
Cette démarche diplomatique algérienne est sans réalisme car ce tyran inimitable participe au développement de Daech.
Pourquoi la diplomatie algérienne tente-t-elle de réhabiliter le régime politique syrien ?
Rappelons la résolution intitulée «Situation des droits de l’Homme en République arabe syrienne»  qui a été adoptée par le Conseil des droits de l’Homme de l’Organisation des Nations unies (ONU) le 23 mars 2016 lors de la 31ème session (29 février -24 mars 2016).Une résolution qui condamne avec la plus grande fermeté le comportement du régime d’Al Assad.
Le régime politique algérien a eu l’inconscience diplomatique de voter contre le texte de la résolution onusienne qui condamne «les violations persistantes, systématiques, généralisées et flagrantes des droits de l’Homme et atteintes à ces droits, et toutes les violations du droit international humanitaire commises par les autorités syriennes et les milices affiliées au gouvernement, ainsi que par des combattants terroristes étrangers et les organisations étrangères qui se battent au nom du régime syrien, en particulier le Hezbollah, et constate avec une vive inquiétude que leur implication ne fait qu’aggraver la situation en République arabe syrienne, notamment la situation des droits de l’Homme et la situation humanitaire, ce qui a de graves répercussions négatives sur la région ».
La résolution condamne également «le recours par les autorités syriennes aux armes lourdes, aux armes à sous-munitions et aux bombardements aériens, notamment l’utilisation sans discernement de missiles balistiques et de barils d’explosifs, et les attaques menées contre des infrastructures civiles, y compris contre des centres médicaux ».
Rappelons au ministre Messahel que le régime islamiste iranien constitue la plus grande menace militaire de la région du Moyen-Orient en appuyant le régime d’Al Assad .Ce dernier exploite le maillage ethnique et confessionnel de la société syrienne.
La Syrie est-elle destinée à demeurer un pays en état de guerre permanent ? L’emploi de la force militaire par le régime politique d’Al Assad ne garantira pas l’arrêt des violences entre les Syriens et ne pavera pas le chemin à la réconciliation nationale. La partition et la miliciarisation du pays, marquée par des velléités autonomistes, pourraient rendre l’ouvrage de l'unification et de la reconstruction coûteuse pour les belligérants.
A l’aune de cette analyse politique, le ministre Messahel aurait mieux fait de méditer le fait que l’aventurisme militaire du régime d’Al Assad et l’armée d’occupation le Hezbollah menacent la paix au sein de la Ligue des Etats arabes.
La diplomatie bicéphale s’est dessaisie des préoccupations régionales pour devenir un obligé dans la lutte contre le terrorisme. Cependant, les principes essentiels de la politique étrangère de l’Algérie n’ont guère été développés : droit international, refus des interventions militaires étrangères, contribution aux solutions négociées.
C’est une diplomatie mélancolique qui se rapporte à la Révolution du 1er novembre 1954, et d’éloge où la politique de réconciliation est diffusée à travers le monde par nos chers et coûteux exportateurs : Lamamra et Messahel. C’est l’une des dernières énigmes en mathématiques : comment est organisée la diplomatie bipolaire ?
Mais pour cela, encore eût-il fallu pour le ministre Messahel avoir un projet diplomatique pour l’Algérie et relu la déclaration universelle des droits de l’Homme de l’ONU. Une diplomatie algérienne bicéphale qui a déprécié les fondements de la Ligue des Etats arabes.
Mes quatre  propositions pour la diplomatie algérienne :
1/ La meilleure réponse diplomatique algérienne serait de promouvoir le dialogue entre tous les Syriens, en vue de trouver une réponse à la crise, tout en réaffirmant que la réponse demeure entre les mains des Syriens, loin de toute ingérence étrangère.
2/ S’inspirer de l’Union européenne qui a fait figurer sur la liste des groupes et entités terroristes la branche militaire du Hezbollah.
3/ Rompre les relations diplomatiques avec le régime terroriste islamiste iranien : la raison principale qui doit dicter cette décision : la violation du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats et le non-respect de l’inviolabilité des missions diplomatiques dont il faut saluer les efforts déployés par le royaume d’Arabie Saoudite dans le domaine des relations internationales.
4/ Recourir à l’article 6 de la Charte de la Ligue des Etats arabes qui stipule : «Le Conseil décide des mesures nécessaires pour repousser cette agression et prend sa décision par consensus. Faute de consensus, la décision sera prise à la majorité des deux tiers des Etats membres présents et votants. Si l’agression émane de l’un des Etats de la Ligue, la voix de l’Etat agresseur n’est pas comptabilisée pour atteindre la majorité ».
Rappelons que le texte des amendements dont celui de l’article 6 de la Charte de la Ligue des Etats arabes a été approuvé par le Conseil de la Ligue au niveau du sommet qui s’est tenu à Alger le 23 mars 2005 par sa résolution (R.S : 290 S.O - 17).Soulignons également que le texte des amendements a été ratifié par le régime politique algérien le 14 août 2005 date à laquelle Ramtane Lamamra a occupé la fonction de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères.
Par Mohamed-Salah Benteboula
Géographe



 


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1.Posté par plékhanov le 30/05/2016 12:35
Et avec qui d'autre voulez-vous qu'un régime terroriste pactise sinon avec un régime aussi terroriste que lui?
Du vieux front du refus,seules subsistent les dictatures militaires syrienne ,en train d'agonir non sans faire le plus d'atrocités possibles,et la dictature algérienne génocidaire que l'hypocrisie américaine continue de ménager honteusement pour son pétrole,certes, mais surtout pour tenter de garder un pied dans" l'autre camp" aussi .
Le tour de l'Iran islamiste est en route même s'il est clair qu'il mettra du temps à venir-car il viendra, simplement parce que les USA ne sont plus crus sur parole par le reste de l'Occident ,de plus en plus méfiant vis à vis de l'incohérence politique yankee .
Et alors que l'avorton du cancer chiite,le hisbo-satan est en train de faire perdre à la première cause arabe,ses maigres chances et brouiller pour les premiers intéressés,les Palestiniens,leurs cartes,les geôliers du peuple kabyle ne trouvent rien de mieux que de s'inscrire en faux contre les aspirations du monde arabe au sein duquel ,ils sont de plus en plus isolés.

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