Prédominance de l’emploi précaire et augmentation du chômage

Parue à la veille de la fête du travail, la lettre mensuelle du Centre marocain de conjoncture (CMC) a été consacrée à la situation du marché de l’emploi dans le Royaume, au déséquilibre structurel qu’il connaît, au salaire minimum  et au projet d’indemnisation pour perte d’emploi.

Partant du constat selon lequel «le marché du travail au Maroc est à l’image de la faible dynamique économique», les analystes du CMC ont montré, chiffres à l’appui, que ce marché continue d’être dominé par les secteurs traditionnels notamment l’agriculture et les services.

Selon eux, l’analyse du stock d’emploi par secteur économique montre «une poursuite de la dominance du secteur de l’agriculture» qui procure à lui seul «près de 39% des postes d’emploi», qui demeurent, néanmoins, caractérisés par leur volatilité et leur précarité, impactant considérablement la qualité des emplois agricoles.

Cependant, et d’après la même source, la part du secteur primaire dans le stock d’emploi, qui est passé de 45,1% en 2000 à 39% en 2013, est en baisse continue. Sur les cinq dernières années (2009-2013), malgré son poids économique et sa part importante dans le stock d’emploi, l’agriculture n’a participé qu’à hauteur de 2,8% des emplois créés. Ce qui montre une baisse du rythme de création d’emploi dans ce secteur contre une tendance à la hausse dans le secteur des services qui arrive en deuxième position avec une part de 39,8% dans le stock global d’emploi, contre 35,3% en 2000.

Pour les experts de cet Observatoire indépendant, la participation du secteur des services à la création d’emploi a connu une remarquable évolution durant les cinq dernières années. Entre 2009 et 2013, le secteur tertiaire a été, avec les 362.500 postes créés, le principal pourvoyeur d’emploi à hauteur de 92%. Et ce, principalement dans le commerce et les petits métiers de services.

Le centre relève, également, au niveau de l’industrie,  «une perte de vitesse continue en matière d’emploi». Selon eux, le secteur secondaire s’accapare un volume d’emploi de 11% en 2013, contre 13,4% en 2000, soit une baisse de 2,4 points de pourcentage. Le CMC note,   a contrario, que le secteur de l’industrie et de l’artisanat  a perdu au cours des cinq dernières années près de 60.000 emplois. Ce qui est du, entre autres, «à la transformation profonde qu’enregistre le secteur industriel à travers une désindustrialisation massive touchant les branches d’activités traditionnelles qui n’arrivent pas à s’adapter à «l’ouverture accélérée de l’économie marocaine et les impacts négatifs dus à la concurrence internationale», indique la même source, citant à titre d’exemple le textile  «qui résiste mal à la concurrence internationale». Le centre souligne, par contre, que les nouveaux métiers mondiaux du Maroc ont joué un rôle important dans la création d’emploi durant la période 2009-2012 avec la création de près de 111.000 postes.

En substance, le CMC note que le marché du travail a été animé, au cours de la dernière décennie, par un solde positif en termes de création d’emploi, donnant lieu à près de 261 mille opportunités d’emploi en moyenne annuelle, pourvues essentiellement par le secteur des services avec une part annuelle de 57%. Ce qui s’est, ainsi, traduit par une propension à la baisse passant de 22,3% en 2002 à 9,2% en 2013.