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Pour une fois, ministre et personnel médical sont d’accord

Les zones reculées n’ont pas l’heur de plaire à nos praticiens


Hassan Bentaleb
Mercredi 11 Juillet 2018

«20% de nos médecins ont refusé en 2017 de rejoindre leurs postes dans les régions reculées préférant exercer en ville. Idem pour un bon nombre d’infirmières qui ont également refusé de travailler dans les régions éloignées ». C’est ce qui ressort de l’intervention d’Anas Doukkali, avant-hier, devant la Chambre des représentants. Le ministre de la Santé a également affirmé que les concours pour le recrutement des urgentistes sont souvent boudés par le personnel médical et  révélé qu’en 2016, six millions de Marocains ont bénéficié des soins au sein des services des urgences qui fonctionnent avec seulement 10% des ressources humaines du secteur. 
Intervenant lors de la séance des questions orales, le ministre a saisi l’occasion pour révéler que  le nombre de cadres médicaux et infirmiers exerçant dans les hôpitaux publics a atteint 16.593 personnes réparties entre 3.440 médecins spécialistes, 1.039 généralistes et plus de 12.000 infirmiers.        
Pour le Dr. Moulay Abdallah Alaoui El Montadar, secrétaire général du Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP), le pourcentage de 20% dont le ministre de la Santé parle demeure  insignifiant par rapport à la réalité des choses et il estime à ce propos que ce taux pourrait même atteindre les 100%. « Si ces médecins avaient vraiment le choix, personne d’entre eux ne rejoindra ces zones dites reculées et éloignées. Même les médecins  qui en sont originaires ne veulent pas rester sur place », nous a-t-il indiqué tout en précisant que le problème ne concerne pas uniquement le personnel de la santé mais également celui des autres secteurs. «Que l’on soit médecin, enseignant, juge, avocat ou autre, l’on ne peut exercer de gaité de cœur dans un environnement dépourvu des conditions idoines d’accueil et de travail », a-t-il ajouté. 
Notre source pense que les déclarations du ministre confirment la crise du secteur de la santé, laquelle touche également les grandes villes. « Il n’y a pas que le Maroc profond qui en souffre. Même dans les grandes métropoles, on assiste  à un manque de personnel dû à l’émigration de nos cadres vers l’étranger ou à la hausse du nombre de démissions au sein du secteur public. En fait, nombreux sont ceux qui ne supportent plus l’inadéquation des infrastructures et moyens par rapport aux objectifs, le manque de cadres paramédicaux et la faiblesse des budgets alloués au secteur», nous a-t-elle affirmé.
Pourtant, le président du SIMSP a tenu à préciser qu’il ne faudrait pas imputer la responsabilité de cette situation au personnel médical. « Il  ne faut pas croire que  les médecins préfèrent chômer plutôt que d’exercer leur métier à l’intérieur du pays. Il y a une réalité que personne ne doit ignorer.  Le Maroc ne dispose pas d’assez de médecins et d’infirmiers. Ce déficit est constaté  même au sein des grandes villes », nous a-t-il expliqué. Et de poursuivre : « Nos facultés de médecine ne forment pas assez de spécialistes. Certaines spécialités médicales en ont disparu. D’autres se font de plus en plus rares. Prenez le cas des dermatologues, leur nombre oscille aujourd’hui entre 200 et 300  spécialistes privés comme publics  pour une population qui dépasse les 36 millions d’habitants ». 
En outre, notre interlocuteur a insisté sur le fait que le personnel médical est affecté dans des régions qui ne disposent pas des infrastructures de base et exerce sans incitations salariales. « Ce personnel est également victime d’une situation de déficit qui le dépasse.  Comment peut-on établir un diagnostic complet dans un établissement hospitalier  où il n’y a pas de laboratoires, sans faire d’analyses et sans l’intervention de plusieurs spécialistes ? L’acte médical est un travail collectif et un médecin seul ne peut rien faire », nous a-t-il précisé. Et de conclure : « Les médecins affectés dans les régions éloignées sont obligés d’y  rester pour toujours. En fait, les demandes de mutation ne sont acceptées que sous réserve de trouver des remplaçants et ces derniers n’arrivent jamais sur les lieux. Idem pour les concours de spécialisation. Alors pourquoi demande-t-on donc autant de sacrifices aux médecins ? ». 
 


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