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Pour le Ballon d’or, il faut faire campagne

Samedi 17 Novembre 2012

Pour le Ballon d’or, il faut faire campagne
Le verdict tombera dans un peu moins de deux mois (7 janvier), mais il ne se passe déjà plus un jour sans qu’il ne soit question du FIFA Ballon d’or. Et la course à la récompense individuelle suprême du footballeur a définitivement dépassé le simple cadre du terrain et des compétitions. Désormais, les acteurs utilisent les médias pour crédibiliser leur candidature. Le phénomène, particulièrement criant cette année, n’est pas illogique. Depuis que le critère du palmarès n’est plus pris en compte, l’attribution du trophée est beaucoup plus subjective. Elle repose toujours sur les performances sportives, mais l’image  est désormais un paramètre que les prétendants ne doivent plus négliger. Cette stratégie est même devenue centrale.
Le cas de Cristiano Ronaldo l’illustre bien. L’attaquant portugais est obsédé par le Ballon d’or, plus que ses autres rivaux. Il est ainsi le seul à avoir manifesté publiquement sa volonté de le remporter, à l’avoir fixé comme un objectif. "Je ne vais pas vous mentir, je veux le gagner. Et je veux que justice soit faite", avait-il lancé au mois d’août sur ESPN. Depuis, CR7 met tous les moyens en œuvre pour parvenir à ses fins. Sur le terrain, mais aussi en dehors. Tel un candidat à la présidentielle, il multiplie les interventions dans des médias prestigieux, comme ESPN, CNN World Sport, France Football ou BeIn Sport. Début novembre, Cristiano Ronaldo s’est aussi fendu d’une apparition sur une émission de téléréalité italienne dans un rôle de médiateur destiné à aider une famille déchirée à se réconcilier…
Compte tenu du timing, il est impossible d’imaginer que cette période d’activité médiatique intense de Cristiano Ronaldo ne soit pas liée à la remise du Ballon d’or. C’est une véritable campagne, une vaste opération séduction essentiellement destinée à "casser" cette image de joueur arrogant qui lui colle à la peau. Car CR7 estime manifestement que cela constitue un handicap dans la course au trophée. Sur CNN, il a ainsi affirmé qu’il était "victime" de son image, et que son caractère de compétiteur était trop souvent interprété comme de l’arrogance. Ce qui ne l’empêche pas d’insister sur sa volonté de remporter le Ballon d’or. "Si j'avais la possibilité, bien sûr que je voterais pour moi. D'ailleurs, tous les joueurs feraient comme moi, cela me semble évident", assurait-il ainsi dans France Football, dans un discours qui n’est pas sans rappeler celui d’un candidat à la présidentielle. La démarche de Cristiano Ronaldo peut paraître étrange, dans la mesure où elle vise surtout à augmenter sa cote de popularité auprès d’un public qui ne vote pas, puisque le Ballon d’or est attribué par un jury composé par les sélectionneurs, les capitaines des sélections nationales et des journalistes. La campagne menée par CR7 a cependant eu pour effet d’entraîner la course au Ballon d’or sur le terrain médiatique. Franchement discret dans les médias, Lionel Messi, triple tenant du trophée, a ainsi accordé coup sur coup des interviews à deux médias catalans, notamment pour répondre à des journalistes madrilènes qui accusaient l’attaquant argentin de se comporter comme un dictateur dans le vestiaire du Barça. La naissance de son fils, Thiago, a peut-être aussi été plus médiatisée qu’elle ne l’aurait été à un autre moment de l’année. La campagne s’est même généralisée. Les entraîneurs n’hésitent pas à manifester publiquement leur désir de voir leurs poulains enlever le trophée. José Mourinho a ainsi milité pour Cristiano Ronaldo, tandis que Diego Simeone, le coach de l’Altetico Madrid, en a fait de même pour son buteur Radamel Falcao. Les joueurs sont également régulièrement consultés sur leur opinion par rapport au futur vainqueur, ce qui peut parfois entraîner certaines tensions dans des clubs comme le Real Madrid, qui compte six des vingt-trois prétendants au trophée. A ce stade de la saison, la bataille des médias semble donc devenir un enjeu beaucoup plus important que les performances sportives. Ce n’est pas totalement illogique puisque l’essentiel des performances sportives ont été réalisées à deux mois du verdict. Mais le phénomène n’en est pas moins étonnant. Il n’y a pas si longtemps, un Ballon d’or ne se gagnait que dans les Coupes d’Europe ou les grands tournois internationaux. Pas dans les médias.

Eurosport

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