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Pour la première fois, la société civile en lice aux municipales à Beyrouth

Un groupe d'activistes et d'intellectuels sans expérience politique, "Beirut Medinati" lutte pour se construire une base populaire


Vendredi 6 Mai 2016

Pour la première fois, la société civile en lice aux municipales à Beyrouth
Avec en poche un programme en 10 points et une bonne dose d'ambition, des militants de la société civile libanaise affrontent pour la première fois des politiciens traditionnels aux élections municipales de dimanche à Beyrouth.
"Beirut Madinati", qui signifie en français "Beyrouth est ma ville", présente 24 candidats dont autant d'hommes que de femmes, une parité rare en politique au Liban. Elle compte aussi bien des chrétiens que des musulmans.
Mais la réelle nouveauté de cette liste qui regroupe employés, enseignants, artistes, journalistes et pêcheurs, c'est que ses candidats sont indépendants et ne sont soutenus par aucun des partis politiques qui se partagent généralement les postes depuis l'indépendance du pays.
"Nous n'avons pas une grande expérience mais nous sommes capables de gagner le coeur des gens car nous sommes indépendants", explique (à l'AFP) Ibrahim Mneimneh, l'architecte qui dirige la liste.
"Le jour des élections nous serons prêts pour la victoire", déclare-t-il convaincu de pouvoir gagner la majorité des 470.000 électeurs enregistrés dans la capitale libanaise qui compte environ 1,8 million d'habitants selon des estimations.
Les municipales ont lieu tous les six ans au Liban et jusqu'à présent les listes étaient concoctées par les partis politiques dirigés le plus souvent par d'anciens seigneurs de guerre.
Le Liban a été déchiré par une guerre civile entre 1975 et 1990. Dans ce pays qui connaît une crise politique chronique et n'a pas de président depuis mai 2014, les municipales de dimanche sont le premier scrutin depuis 2010. Les législatives prévues en 2013 ont été annulées et les députés se sont auto-reconduits.
La campagne de "Beirut Madinati" a été décidée en 2015, après la "crise des ordures" causée par la fermeture de la principale décharge du pays et des jeux d'influence autour du marché des déchets.
La capitale avait été envahie par les détritus et des milliers de Libanais étaient descendus dans la rue pour protester contre l'impéritie de la classe politique. "Beirut Madinati" est parti de la frustration exprimée par la population pour établir une plateforme en dix points.
Elle prévoit notamment une amélioration des transports publics dans une ville paralysée par les embouteillages et la création d'espaces verts dans une agglomération mangée par le béton, des préoccupations environnementales ignorées des principaux partis. Le programme prévoit aussi de rendre le prix des logements plus abordables face à une spéculation effrénée et bien sûr de trouver une solution durable à la crise des ordures. La plate-forme "est centrée sur les problèmes de la vie quotidienne des citoyens", assure Rana Khoury, belle-fille de Samir Kassir, un journaliste assassiné en 2005.
Un fois le programme rédigé, "Beirut Medinati" a établi sa liste de candidats avec des gens aussi divers que la réalisatrice Nadine Labaki ou le chef de la coopérative de pêcheurs Najib al-Deek.
Rompant avec les traditionnelles affiches électorales avec le portrait du candidat, cette liste a préféré diffuser des vidéos via Facebook et assure que le succès est au rendez-vous.
Dimanche, son plus sérieux adversaire semble être "Byerteh" ou la "liste des Beyrouthins", formée de candidats appartenant à tous les partis politiques et soutenue par l'ancien Premier ministre sunnite Saad Hariri, qui met tout son poids dans la bataille.
"Notre plus grand défi c'est cette liste. Nous avons en face de nous un régime au pouvoir depuis 40 ans. Nous ne sommes que des outsiders", explique Rayan Ismail, le stratège électoral.
Depuis des décennies, le système politique libanais est basé sur le clientélisme notamment auprès des couches les plus pauvres et de la classe ouvrière. Constituée par un groupe d'activistes et d'intellectuels sans expérience politique, "Beirut Medinati" lutte pour se construire une base populaire.
Un ancien militant de la liste juge "naïf" de croire qu'il suffit d'avoir une belle plateforme sans avoir le soutien des classes populaires. "Nous ne sommes pas dans un pays de rêve. Nous sommes au Liban".
"Beirut Madinati" croit pouvoir gagner les désabusés, ceux qui croient qu'on ne peut rien faire contre la corruption. Beaucoup répètent que ce sont les mêmes qui vont être réélus car rien ne change au Liban.


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