Penelope Fillon : L’épouse discrète sous les projecteurs judiciaires


Jeudi 30 Mars 2017

Après des décennies dans l'ombre de François Fillon, l'épouse du candidat conservateur à la présidentielle française Penelope Fillon a été propulsée sous les projecteurs pour une affaire d'emplois fictifs présumés.
Cette femme discrète a été inculpée mardi pour "complicité et recel de détournement de fonds publics", "complicité et recel d'abus de biens sociaux" et "recel d'escroquerie aggravée", selon une source judiciaire.
François Fillon a été inculpé, notamment, pour détournement de fonds publics. L'enquête a été élargie à des soupçons de trafic d'influence, d'escroquerie aggravée et de faux.
"Je suis de nature réservée et peu mondaine", déclarait début mars cette Franco-Galloise de 61 ans, peu souriante et à la mise classique, dans l'un de ses rares entretiens avec la presse, au moment même où son mari, en difficulté dans les sondages, bataillait avec son camp pour maintenir sa candidature.
L'affaire dite "Penelopegate", l'association de son nom avec "cet immense scandale" lui a "fait très mal": "Je me suis sentie traversée par la foudre, c'est ce que j'ai vécu de pire dans ma vie", dit celle qui a toujours conseillé à son époux d'aller "jusqu'au bout".
Les ennuis ont commencé avec des révélations de l'hebdomadaire Le Canard Enchaîné sur les salaires qu'elle a touchées avec plusieurs contrats comme assistante parlementaire de son époux puis de son suppléant - au total 680.380 euros net entre 1986 et 2013, plus 45.000 euros d'indemnités de licenciement, selon Le Canard.
Pour elle, "tout était légal et tout était déclaré". "Je traitais le courrier en lien avec la secrétaire. Je préparais des notes et des fiches (...) je lui faisais aussi une sorte de revue de presse locale. Je le représentais à des manifestations. Je relisais ses discours", a-t-elle expliqué à un hebdomadaire français.
Mais le doute s'est installé: elle ne venait jamais à l'Assemblée nationale, les autres assistants parlementaires ne savaient rien de ses activités. Elle avait elle-même confié à des journalistes qu'elle se tenait "à distance" de la vie politique de son époux.
"Je n'ai jamais été réellement son assistante ni quoi que ce soit de ce genre", déclarait-elle ainsi en 2007 à un journal britannique en se définissant comme une "paysanne" passionnée de jardinage et d'équitation. Elle évoque alors une présence discrète pour aider son mari lors de ses campagnes électorales, distribuer des tracts ou assister à des meetings, "au fond de la salle" de préférence.
Pour celle que la presse britannique surnomme "Penny", le malentendu vient du fait qu'elle "ne considérait pas qu'elle faisait de la politique".
L'imposant manoir familial situé à Solesmes (ouest), un village en pleine campagne, a été perquisitionné, tout comme l'appartement parisien du couple.
Depuis le début de la campagne, Penelope Fillon, mise classique et cheveux grisonnants, est apparue en public aux côtés de son époux, lors de grands rassemblement cruciaux: fin janvier, quand le candidat conservateur assure qu'il n'a "peur de rien" et ne se laissera pas "intimider", début mars, quand il reconnaît avoir "sa part de responsabilité" dans les "terribles obstacles" de sa campagne. On l'a aussi vue dans le public des débats télévisés où il a participé.
Pendant la primaire de la droite, à l'automne 2016, elle avait fait quelques rares apparitions, notamment pour le lancement d'un comité "Les femmes avec Fillon".
"J'ai tout à coup senti le besoin de m'impliquer, de m'engager plus fortement que je ne l'ai fait jusque-là, car depuis 35 ans je suis bien restée dans l'ombre, mais là, l'enjeu est différent, c'est la première fois que François se présente à la présidence de la République", soulignait-elle alors, rapporte l’AFP.
Penelope Kathryn Clarke de son nom de jeune fille a grandi dans le petit village de Llanover, près d'Abergavenny au Pays de Galles, auprès de ses parents George -un avocat- et Gladys, tous deux décédés. Elle était étudiante en droit quand elle a rencontré son futur mari à la fin des années 70 et travaillait comme assistante d'anglais dans un lycée de l'ouest de la France. Ils ont ensemble cinq enfants et trois petits-enfants.
Sur sa fiche de la mairie de Solesmes où elle siège comme élue municipale depuis 2014, est inscrit "Penelope Fillon, 62 ans, mère au foyer".


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