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Pékin confirme l'arrestation de libraires hongkongais "disparus"

Leur maison d'édition se préparait à sortir un livre sur la vie amoureuse du président chinois Xi Jinping


Samedi 6 Février 2016

La police chinoise a pour la première fois confirmé l'arrestation de trois des libraires hongkongais qui avaient "disparu", un aveu qui illustre selon Amnesty International le "profond mépris" de la Chine pour l'Etat de droit.
Cette annonce, effectuée dans une lettre à la police hongkongaise dont des éléments ont été rendus publics jeudi soir, risque de renforcer les craintes que Pékin ne soit en train de durcir sa mainmise sur l'ancienne colonie britannique. Les trois hommes travaillent tous pour Mighty Current, une maison d'édition hongkongaise connue pour publier des ouvrages peu amènes envers le gouvernement chinois. Cinq de ses employés se sont "volatilisés" ces derniers mois.
 Lui Por, Cheung Chi-ping et Lam Wing-kee ont disparu en octobre dans le sud de la Chine.
Un quatrième, Gui Minhai, qui a aussi la nationalité suédoise, n'est pour sa part jamais rentré à Hong Kong d'un voyage en Thaïlande en octobre.
 Copropriétaire de Mighty Current, il a récemment fait une sidérante confession à la télévision chinoise, dans laquelle il a affirmé être allé en Chine pour assumer ses "responsabilités légales", 11 ans après une condamnation dans une affaire d'accident de la route.
 Dans une lettre à la police de Hong Kong, un service du département de la sécurité publique de la province du Guangdong, dans le sud de la Chine, affirme que Lui Por, Cheung Chi-ping et Lam Wing-kee ont été arrêtés car "soupçonnés d'être impliqués dans une affaire liée à un certain Gui" et qu'ils étaient "impliqués dans des activités illégales sur le continent".
 "Les autorités chinoises doivent arrêter avec les écrans de fumée et présenter une explication réelle et complète", a déclaré William Nee, spécialiste de la Chine à Amnesty.
 Le courrier de la police chinoise était accompagné d'une lettre manuscrite du cinquième libraire "disparu", Lee Bo, selon les autorités hongkongaises.
 Son cas est celui qui a le plus choqué les Hongkongais, car il s'est volatilisé dans la région semi-autonome, où la police chinoise n'a théoriquement pas le droit d'opérer.
 Cette dernière avait récemment reconnu que Lee Bo se trouvait bien en Chine.
 Dans le courrier, Lee écrit que les autorités chinoises lui ont indiqué que la police hongkongaise, qui a ouvert une enquête sur sa "disparition", souhaitait le voir.
 "Il écrit qu'il n'a pas besoin de rencontrer la police (hongkongaise) pour l'instant, et qu'il la contactera s'il en ressent le besoin", indique dans un communiqué la police hongkongaise, qui ajoute que l'épouse de Lee Bo a reconnu son écriture.
 Certains à Hong Kong affirment que les employés de Mighty Current ont été visés parce que la maison d'édition se préparait à sortir un livre sur la vie amoureuse du président chinois Xi Jinping.
 L'auteur de cet ouvrage, l'écrivain Xi Nuo, basé aux Etats-Unis, a exhorté la Chine à relâcher les cinq hommes.
 "Ils ne sont pas responsables, je le suis", a-t-il dit à la BBC.
 De nombreuses voix s'élèvent pour accuser Pékin de piétiner le principe "un pays, deux systèmes" institué avant la rétrocession en 1997. Il avait alors été convenu que Hong Kong conserve son mode de vie et ses libertés pendant 50 ans.  A l'étranger également, l'attitude de Pékin inquiète.
 Lundi, le porte-parole du département d'Etat américain, John Kirby, a exhorté la Chine à "clarifier la situation actuelle des cinq (libraires) et les circonstances de leur disparition et à leur permettre de rentrer chez eux".
Le porte-parole des Affaires étrangères chinoises, Lu Kang, a répliqué mardi qu'il n'était "pas approprié" de la part des Etats-Unis de commenter les affaires intérieures chinoises.
 "Les habitants de Hong Kong jouissent de toutes les libertés et de tous les droits que leur confère la loi", depuis la rétrocession, a-t-il assuré.
 La contestation d'une réforme électorale impulsée par la Chine avait jeté dans les rues à l'automne 2014 des milliers de Hongkongais qui avaient paralysé la ville pendant des mois lors du "Mouvement des parapluies".
 Mais Pékin n'avait pas bougé d'un iota.


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