Ouarzazate soucieuse de retrouver les sommets du 7ème art après une traversée du désert


Jeudi 28 Août 2014

Ouarzazate soucieuse de retrouver les sommets du 7ème art après une traversée du désert
La production cinématographique en nette reprise dans le Hollywood marocain
 
La production cinématographique à Ouarzazate a enregistré cette année une nette reprise, ce qui a influencé  positivement l'économie locale et particulièrement le secteur du tourisme qui affiche une hausse de 19%. Les opérateurs du secteur de la production cinématographique notent avec satisfaction cette reprise et se préoccupent désormais des moyens à même d'assurer la continuité de ce dynamisme aux multiples apports pour l'économie de la région. 
Dans une déclaration à la MAP, le président de la Commission du film de Ouarzazate, Abderrazak Zitouni, indique que la production cinématographique a connu cette année une importante relance, au Maroc en général, et en particulier à Ouarzazate dont les plateaux abritent 75% des productions étrangères tournées au Royaume. Et d'assurer que des préparatifs ont eu lieu durant les dernières semaines dans la perspective de plusieurs productions étrangères dont le tournage est prévu fin août et début septembre à Ouarzazate.  Il s'agit notamment de la co-production anglo-américaine ''King Tut'', une série biblique à succès, similaire à d'autres séries du genre tournées à Ouarzazate en 2013-2014. 
Dans le cadre des préparatifs pour une production historique, les travaux sont en cours pour l'aménagement des décors d'une cité-réplique d'Al Qods avec ses ruelles et anciennes bâtisses, a-t-il dit, soulignant qu'un tel plateau et ses décors de tournage serviront à attirer d'autres productions du genre. 
Le tournage de la série « King Tut » va durer 4 mois à Ouarzazate et permettra de créer plus de 3. 000 jours de travail pour les comparses et techniciens locaux, a-t-il précisé.  D'autre part, ajoute-t-il, les préparatifs vont bon train pour le long métrage ''Les nouvelles aventures d'Aladin''.  Et de préciser que le tournage du film du réalisateur Arthur Benzaquen a déjà démarré à Marrakech et que l'étape de Ouarzazate comprend des tournages au musée du cinéma et dans un studio de la ville à partir de fin août. 
La grosse production américaine ''Batman vs superman'' du réalisateur Zack Snyder, dont le tournage est prévu début septembre à Ouarzazate, permettra sans conteste de promouvoir la destination touristique du Maroc et rehausser la notoriété de Ouarzazate dans le domaine de la production cinématographique, a-t-il relevé. La reprise du tournage de grandes productions, au Maroc en général et à Ouarzazate en particulier, incite à redoubler d'efforts en matière de promotion, de renforcement des infrastructures, à travers notamment la création d'un complexe cinématographique dans le concept ''One Stop Shop'', l'ouverture de salles de cinéma, en plus de la formation au profit des jeunes et des travailleurs dans le secteur, a-t-il conseillé. 
Et d'attirer l'attention sur la compétitivité compte tenu de la concurrence d'autres destinations, préconisant une série de mesures incitatives pour attirer les productions cinématographiques étrangères. 
Zitouni estime aussi qu'un tel investissement devra être accompagné par des efforts dans l'amélioration des infrastructures, notamment en ce qui concerne les établissements d'hébergement touristique, la santé, les  télécommunications, à même d'ériger Ouarzazate en pôle cinématographique qui satisfait aux exigences des grandes productions de l'industrie cinématographique.  
 
 

Ouarzazate soucieuse de retrouver les sommets du 7ème art après une traversée du désert
Le Figaro : Ouarzazate mérite son titre de “Mecque africaine du cinéma”
 
Lieu mythique de tournages, Ouarzazate mérite son titre de "Mecque africaine du cinéma", écrit mardi le quotidien français "Le Figaro", soulignant que dans cette ville, on fonce dans mille et un décors. Parmi ces décors, il y a "ceux naturels de la Bible.  Ceux du Tibet revisités par Scorsese dans « Kundun ».  Ceux d'Afghanistan qu'on voit dans « Kandahar », de Mohsen Makhmalbaf", relève la publication, notant que la ville pourrait réaliser un chiffre d'affaires annuel de plus de 100 millions de dollars.  Sous le titre "Ouarzazate: les mille et un mirages", le quotidien indique que "dans le grand Sud marocain existe un pays merveilleux où l'on croise Lawrence  d'Arabie, Alexandre le Grand, Astérix et Cléopâtre, les croisés et les gladiateurs de Ridley Scott", rappelant que depuis 2005, la ville dispose de deux grands studios qui s'étendent sur 236 hectares. Signalés par un clap géant au premier rond-point de la ville, "les énormes plateaux sont insonorisés, suréquipés et climatisés", poursuit le journal, faisant observer qu'"à Ouarzazate, le show-biz est œcuménique: de l'église  orthodoxe au cloître Renaissance en passant par le temple d'Abou Simble". 
"Costumes et accessoires demeurent sur place et les réserves jouxtant les plateaux regorgent de malles, momies, tables de montagne, robes de bal, cotes de mailles, képis, sabres, boucliers, canons, kalachnikov en bois, bâtons de dynamite en papier, lingots en or peint", décrit l'auteur de l'article, affirmant que cette "caverne d'Ali Baba classée par films et par époques exploite le reliquat de 74 productions". 
Le quotidien note, sur un tout autre registre, que la cinquantaine d'hôtels et riads de la ville profitent de cette manne avec quelque 32% de l'occupation hôtelière due au cinéma. 
 

Ouarzazate soucieuse de retrouver les sommets du 7ème art après une traversée du désert
De nombreux chefs-d’œuvre ont été tournés dans le Sud
 
Lawrence d'Arabie" (1962), "Un thé au Sahara" (1990), "Gladiator" (1999) "Kundun" (1997) ou encore "Babel" (2006) sont parmi les dizaines de chefs-d'œuvre dont les tournages ont eu lieu au pied des massifs du Haut-Atlas.  
Mais ces dernières années, la célèbre cité du Sud marocain a perdu de son attrait pour le grand écran.   
Au Studio Atlas, l’un des principaux de la ville, un petit groupe attend son tour pour passer un casting.  "J'ai commencé le cinéma en 1967.  Depuis trois à quatre ans, les producteurs ne se bousculent plus", affirme dans une déclaration à l’AFP, Larbi Agrou, un figurant qui a joué dans "Astérix et Obélix : mission Cléopâtre" (2000).  
"La plupart des gens qui travaillent dans le cinéma ici ont d'autres métiers: menuisiers, agriculteurs, forgerons.  Mais sans le tourisme et le cinéma, Ouarzazate serait morte", dit-il.  
Après des premiers signes encourageants en 2013, M.  Agrou remarque néanmoins cette nouvelle saison cinématographique "commence bien".  
Ouarzazate attire surtout les films historiques à grand budget et des productions qui font appel à un nombre important de figurants.  Il a vu défiler Nicole Kidman puis Tom Hanks en ce début d'année.   
"Pourvu que ça dure", enchaîne Aziz, un autre figurant.  "Il y a déjà quatre films actuellement en tournage", note-t-il.  De quoi assurer du travail à des centaines d'habitants.  
En 2005, de grandes productions comme "Indigènes" de Rachid Bouchareb et "Les dix commandements" de Robert Donhelm ont été tournés à Ouarzazate.  Rien de tel entre 2010 et 2013.  
Plateau à "corbeaux" 
Flash-back en 2010-2011: les manifestations du "Printemps arabe" parviennent à renverser des régimes dictatoriaux en Tunisie, en Egypte et en Libye.  Les problèmes de sécurité dans la région font grimper les coûts des assurances, selon le critique Adil Semmar.   "Cela a renchéri le coût des tournages au Maroc et les films ont été tournés à la place en Espagne et en Israël. "  
Dans un paysage lunaire parsemé de petits oasis, l'imposant studio "Tifoutout", construit par des producteurs italiens en 1994, "tombe en ruine", avance Saïd Soussou, un habitant de la région.  
Les Italiens l'ont "cédé à notre tribu après leur départ en 1997.  Du fait de la crise, certaines parties sont délabrées", explique un habitant Mohamed Hbibi.  "Aujourd'hui, le plateau attire moins les réalisateurs que les corbeaux".  
Adossé à un mur décati, Saïd Soussou fixe le plafond d'une coupole à moitié détruite qui a servi lors du tournage du téléfilm "The Bible Project", de David Betty, en 2009.  "Tifoutout ressemble du point de vue architectural à l'ancienne Jérusalem.  Mais tout ça est en train de perdre de la valeur".  
"Même lorsqu'une société vient, elle répare la partie qui l'intéresse, donne à la tribu 500 ou 600 euros puis disparaît", raconte-t-il.  
"Sauver ce beau plateau" nécessite son rachat, fait valoir Abderrahman Drissi, maire de la ville et vice-président de "Ouarzazate Film Commission" (OFC), qui regroupe des représentants du Centre cinématographique marocain (CCM) et du ministère du Tourisme.  
"Or le studio est sur une terre collective appartenant à la tribu.  Le contact reste pour l'instant difficile à établir", explique-t-il.  
En février dernier, l'OFC a annoncé divers projets pour relancer l'activité autour du 7ème art, dont une mise à niveau technologique ainsi que le développement du "Musée du cinéma", afin de renforcer son attrait touristique.  
Paradoxalement, Ouarzazate sombre dans l'oubli au moment où le cinéma marocain, très subventionné, connaît un vrai essor, avec 22 films tournés en 2013 contre cinq une décennie plus tôt.  
Récemment, son dynamisme a été illustré par le succès des "chevaux de Dieu" de Nabil Ayouch, primé en 2012 à Cannes.  Il raconte le cheminement de frères originaires d'un bidonville de Casablanca et futurs kamikazes des attentats sanglants de 2003.  
Mais il s'agit de films à petits budgets, racontant la vie quotidienne au Maghreb, qui n'ont guère besoin des constructions néopharaoniques ou des paysages spectaculaires de Ouarzazate, relève M.  Semmar.  
 


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