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Nouvelles appréciées de la littérature arabe : Une histoire d’amour folle (2)


Traduit par Sahraoui Faquihi
Vendredi 1 Août 2014

Nouvelles appréciées de la littérature arabe : Une histoire d’amour folle (2)
L’auteur est né en 1945. Il poursuivit ses études jusqu’à l’obtention d’un diplômes d’études 
supérieur en littérature arabe, préparé au sujet du poète préislamique Taabbata Charrane. Après, il exerça le métier d’enseignant à la faculté des lettres et des sciences humaines de Rabat, avant d’être muté à celle d’Aïn Chok. Sa patience pour l’écriture 
commença depuis qu’il comprit qu’écrire est une manière de s’affirmer. Ses premières nouvelles apparurent dans des 
revues et journaux 
nationaux,  au début des années soixante-dix, du siècle précédent. Il  
publia jusqu’à présent trois recueils de 
nouvelles qui sont :
« Revoir les personnes chères» (1984). 
«Ni vu ni connu (1987). «Le chasseur 
d’autruches» (1993). 
 
Combien fut grande sa souffrance cette nuit! Sur son lit, pas une seule position ne lui amena le repos escompté. Ses flancs furent meurtris au cours de cette nuit impitoyable et déserte et sa poitrine comme foulée par de lourds sabots. Elle en éprouva une douleur et gémit longtemps. Elle était consciente qu’elle t’avait perdu et perdu en même temps ces doux regards qui s’échappaient de tes yeux tels des colombes blanches pour caresser de leurs becs ses joues romanesques et semer en même temps des graines d’espoir et des bourgeons de désir qui poussent en s’extasiant. Elle pleura cette nuit. Elle se rendit compte qu’elle avait grandi et que, sur ordre de sa mère, tes pieds ne fouleraient plus le sol de la maison, et  que “ton Fahd”, tu le rencontrerais ailleurs, loin de la maison.
 Elle essaya de chasser ton image, de t’oublier, ne serait-ce qu’un moment, pour fermer les yeux, fatigués à cause de l’insomnie, et oublier que son âme souffrait. Mais les relents de ta douleur  mêlés à celle de la pièce, et de son frémissement, l’en empêchaient. Ton visage restait là, planté devant elle, semblable à une lune défiant le voile d’une nuit opaque.
Les idées parcouraient sa tête de long en large. Comment supportais-tu ta solitude ? En souffrais-tu comme elle, ou aimerais-tu plutôt arracher ce cœur où elle vivait?
Elle ne savait point comment elle ferma l’œil. Cependant, elle savait comment elle fut réveillée : en sursaut quand soudain, des bruits fous ameutèrent le boulevard.
               **************************
 
Ta mère criait à se faire éclater la poitrine et ses cris  déchiraient ce silence vierge du matin. Sa main comme guidée par une force maléfique frappait à toutes les portes ! A toutes les portes jusqu’à ce qu’elle arrivât devant la leur. Sa mère ouvrit. La tienne comme une folle, le visage noir et poussiéreux, fit irruption. La langue pendante tel un chien haletant, elle arrachait la terre de la cour et en couvrait le visage, pendant que  sa mère essayait de comprendre.
- Que s’est-il passé mère de Souailih ?
Ta mère lança:
- Souailih est devenu fou ! Il a perdu la tête !
Elle perdit, elle aussi, cette lumière scintillante autour d’elle. Des nuages, énormément de nuages l’enveloppèrent, la serrèrent et la coincèrent dans un cercle où elle ne voyait que ton visage noir -un teint hérité de ta mère- tes grands yeux aux longs cils recourbés, ton nez plat et tes lèvres épaisses. En face d’elle, la face de ta mère, couverte de terre, et la porte ouverte, laissait passer des pas curieux, accompagnés d’interrogations.
Tu arrives ! Ses yeux, croyaient-ils  ce qu’ils voyaient ? c’est bien toi, Souaihil en face d’elle !
Une déchirure dans ton Dechdacha (habit) laissait voir ton corps du cou jusqu’au bas ventre. Un morceau de tissu rouge où tu implantas des plumes de poules de différentes couleurs et une queue de coq entouraient ta tête nue. Autour du cou,  tu suspendis un collier de petites boites de conserve. Tu te mis à tourner, à inventer des voix, tu crachais dans tes mains et tu léchais ton crachat. Tu introduisais ton doigt épais dans ton nez pour en extraire des saletés que tu suçais.
Sa mère t’observait stupéfaite, et ta mère continuait de hurler. Tandis qu’elle, à travers ses nuages sombres, elle voyait en toi un singe... ou bien un veau..., ou autre chose sauf Souailih le séduisant qui, il y a peu de temps, venait voir Fahd jusqu’à ce que la porte lui fût claquée au nez.
 


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