Nouvel élan démocratique et prémices de relance du cycle de croissance


Libé
Jeudi 21 Juillet 2011

Selon le CMC, l’année prochaine sera soumise à de multiples facteurs d’incertitudes liés au contexte politique et social

Nouvel élan démocratique et prémices de relance du cycle de croissance
Dans non numéro 18 daté du mois de juillet 2012, le bulletin d’information du Centre marocain de conjoncture (CMC) indique que les perspectives d’évolution de l’activité économique s’annoncent au terme du premier semestre fort contrastées. La reprise attendue au début de l’exercice a été moins vigoureuse que prévue au cours des derniers mois. Il en est de même des anticipations de redressement du cycle des affaires pour le restant de l’année qui demeurent encore incertaines compte tenu des particularités de la conjoncture économique au plan interne mais aussi de la persistance des facteurs de risques liés à l’instabilité politique et sociale dans la région.
Au niveau interne, la dynamique de croissance a été en effet contrariée depuis le début de l’année par le resserrement des conditions de l’offre reflétées notamment par la hausse des coûts des facteurs que ce soit au niveau des matières premières, de l’énergie ou encore du coût du travail.
Parallèlement aux contraintes de l’offre, l’érosion continue du pouvoir d’achat conjuguée au niveau de l’endettement des ménages a fini par se ressentir sur la dynamique de consommation, réduisant par là même la capacité d’absorption du marché intérieur.
Les dernières hausses salariales consenties au profit des agents de l’Etat ainsi que la revalorisation du salaire minimum ne seront que d’un effet limité en dépit de l’importance des montants en jeu. De fait, pour la plupart des bénéficiaires, ces hausses sont perçues uniquement comme un rattrapage partiel des pertes de pouvoir d’achat cumulées sur plusieurs années.

Le nouvel élan démocratique déteint sur l’activité : 3,9% de croissance en 2011

S’agissant du contexte politique et social, les mouvements revendicatifs enclenchés dans différents pays arabes depuis le début de l’année ont eu des répercussions importantes au Maroc en favorisant la mise en place, dans le cadre d’un nouvel élan démocratique, de réformes d’envergure au plan institutionnel allant jusqu’à l’adoption d’un nouveau texte constitutionnel.
Il va sans dire que, tout au long de la période de débat et de discussion portant sur la teneur des réformes à mettre en place et leur ampleur, les capacités d’initiative et d’anticipation ont été fortement affectées par la montée des risques inhérents à cette période de transition tant en ce qui concerne l’environnement économique interne qu’au plan international.
L’instabilité provoquée par les soulèvements du «printemps arabe » devait se ressentir au niveau de la dynamique économique interne à travers les perturbations subies par le secteur du tourisme et les activités qui lui sont liées, l’afflux des investissements étrangers et la demande extérieure adressée à la production nationale. Les implications de ces développements nouveaux qui sont de nature à brouiller la visibilité déteignent forcément sur le climat de l’investissement et la dynamique économique.
L’orientation de la politique économique fortement contra-cyclique qui a été poursuivie dans l’actuel budget semble avoir beaucoup à faire pour le rétablissement du climat de confiance sérieusement ébranlé par les bouleversements majeurs ayant secoué le voisinage immédiat du Maroc.
Les hypothèses portant sur les principaux facteurs d’anticipation de l’activité économique relevant aussi bien de l’environnement interne qu’externe permettent d’envisager pour l’année 2011 un rythme de croissance stabilisé à peu près au même niveau de l’exercice précédent, soit 3,9 %.
Sachant que l’année 2010 s’était achevée elle-même sur un repli du rythme de progression de l’activité par rapport à l’exercice qui l’avait précédée, ce résultat témoigne d’une quasi-stagnation du processus de croissance. Cette perspective s’inscrit dans le prolongement de la tendance qui semble prévaloir au cours des dernières années et se singularise par un tassement du rythme d’expansion économique.
Le taux de croissance se maintiendrait ainsi pour la deuxième année consécutive au dessous du seuil de 4 %. Ce résultat qui s’écarte notablement de l’objectif de croissance généralement retenu pour la réalisation des progrès significatifs en matière de niveau de vie et d’emplois témoigne de l’ampleur du creux conjoncturel que traverse actuellement l’économie nationale.

Cadrage macroéconomique pour 2012 : fin d’un cycle de basse conjoncture et hausse
du PIB de 4,10%

Le scénario de croissance en 2012 repose globalement sur des hypothèses qui, par différents aspects, s’apparentent à celles retenues précédemment.
Sur la foi des indicateurs pertinents de positionnement de l’économie dans le cycle, les années 2011et 2012 semblent s’inscrire dans une phase conjoncturelle de consolidation de l’activité qui se singularise par un relâchement des ressorts les plus dynamiques de la croissance. Il est à rappeler que depuis 2008, on observe une succession de taux croissance se situant autour de 4 % alors que la moyenne de la période 2001-2007 s’est établie nettement au dessus de 5 %.
La phase de croissance actuelle enclenchée depuis 2010 et qui pourrait se prolonger jusqu’en 2012 et probablement même au-delà, représente, du point de vue de l’analyse des cycles, une période de basse conjoncture. En dépit des particularités des mécanismes qui façonnent la configuration de l’activité au plan interne, le cycle conjoncturel actuel semble reproduire, approximativement et avec un certain décalage, la trajectoire suivie par l’environnement international depuis le déclenchement de la crise financière. L’impact de la tourmente financière et ses conséquences sur l’activité réelle a été, au plus fort de la crise, pratiquement insignifiant sur l’économie au point où les analystes se sont laissé convaincre de la capacité de résilience de l’économie nationale face aux chocs externes. Deux années après, les ressorts de la croissance semblent accuser le coup avec l’éventualité même de perte d’un point de croissance en moyenne par an.
Cette lecture des développements conjoncturels sur les trois dernières années autorise donc un scénario prévisionnel pour l’année 2012 reproduisant, à quelques détails près, la configuration de croissance en 2011. Ce pronostic apparaît à l’heure actuelle d’autant plus vraisemblable que les paramètres décisifs à ce propos et qui portent sur le contexte international, les conditions internes de l’offre et les orientations de politique économique devront présenter à peu près les mêmes caractéristiques que pour l’année 2011.
S’agissant en premier lieu de l’environnement international, les pronostics établis par les organismes les plus autorisés tablent sur la poursuite de la reprise de l’économie mondiale mais à un rythme marqué par une certaine lenteur. Au plan interne, les conditions de l’offre ne devraient pas connaître de changements profonds. Les performances des activités agricoles demeurent, pour une large part, tributaires des conditions climatiques et de la régularité des précipitations et leur répartition sur les principales régions.
L’hypothèse conventionnelle à ce propos et la plus vraisemblable est celle de retenir la moyenne des trois dernières années, ce qui équivaut à une campagne aux résultats moyens.
Pour les activités industrielles, les performances prévisionnelles de production dépendent d’un certain nombre de paramètres portant sur le taux d’utilisation des capacités, les prix de l’énergie et des matières premières, les coûts du travail et la productivité. Sur chacun de ces paramètres, les hypothèses les plus plausibles n’envisagent pas des évolutions à même d’induire des changements importants dans les configurations de l’offre, en dehors évidemment de celles pouvant être impulsées par le comportement de demande. C’est à ce niveau qu’apparaît le rôle important de la politique économique, et particulièrement son volet budgétaire, en tant que facteur d’impulsion de la demande à travers la dépense et l’investissement.
Les perspectives budgétaires pour l’année 2012 ne semblent pas cependant offrir des marges de manœuvre suffisantes pour faire jouer à la dépense publique un rôle de premier plan de soutien à l’activité et à la croissance. Le bouclage difficile du budget de l’année 2011 avec les charges supplémentaires induites, entre autres, par les revalorisations salariales et les dépenses de compensation est à ce titre assez révélateur.
Bien qu’au plan des facteurs agissant sur les configurations de l’activité et la croissance, l’année 2012 semble s’inscrire globalement dans la continuité de l’année précédente, elle demeure cependant soumise à de multiples facteurs d’incertitudes liés au contexte politique et social.
Après l’adoption du nouveau texte constitutionnel et la mise en place des structures prévues par ce texte, pourra-t-on s’attendre à une certaine accalmie des mouvements revendicatifs favorisant le retour au fonctionnement normal des rouages de l’économie et le rétablissement de la confiance, seul gage de relance de l’activité et de l’investissement ? Même si des risques ne sont pas à écarter à ce niveau, l’orientation prise par les événements depuis le début de l’été et la détermination affichée pour faire aboutir le processus de révision constitutionnelle à son terme contribueront à améliorer la visibilité pour les acteurs et à réduire substantiellement les facteurs d’incertitudes à mesure que l’on avance dans les étapes de la réforme.
Partant des particularités de la conjoncture présente et dans l’hypothèse d’un retour à une accalmie favorisant le rétablissement de la confiance, l’économie nationale pourra retrouver le chemin de la croissance en 2012 avec un taux prévisionnel de 4,1 %. Même s’il se révèle en définitive proche de celui projeté pour l’année 2011, ce rythme de croissance peut être l’annonciateur d’un nouveau cycle économique ascendant favorisé par le nouveau contexte politique.


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