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Nouveau recours à l’emprunt à l’international : Téméraire !

Un modèle de développement asphyxié ajouté à un mode d’endettement exagéré, ça donne à réfléchir


Hassan Bentaleb
Samedi 16 Novembre 2019

Des dettes et encore des dettes ! C’est la recette qui semble avoir été préférée par le Maroc durant ces dernières années pour faire face à ses besoins en devises.  Un emprunt à l’international d’environ 1 milliard de dollars vient d’être émis par le Royaume.  Dans ce cadre, quatre banques internationales (BNP Paribas, Barclays, J.P.Morgan et Natixis) ont été chargées d’organiser des réunions avec des investisseurs internationaux.
Pour Hicham Attouch, professeur d’économie à l’Université Mohammed V à Rabat, cette sortie obligataire internationale n’a rien de nouveau. Elle est même devenue récurrente. « C’est devenu une quasi-habitude que d’entendre ce genre d’annonces chaque mois d’octobre et de novembre des cinq dernières années », nous a-t-il indiqué. Et de poursuivre : « Il s’agit bien d’une sortie à l’international destinée à honorer les engagements de l’Etat concernant le  rapatriement de devises des multinationales. Cet emprunt permet au Maroc de ne pas toucher à ses réserves en devises considérées comme stratégiques et qui sont censées couvrir près de huit mois d’importations. Autrement dit, cet emprunt ne sera pas orienté vers les investissements publics ou pour le paiement des dettes ».
Notre source nous a expliqué que ce recours à l’émission des obligations à l’international s’est imposé du fait que la gestion active de la dette a montré ses limites. « Auparavant, le Maroc avait évité de trop s’appuyer sur l’international pour résoudre ses problèmes de dettes, mais compter sur le marché intérieur n’a pas été la solution idéale puisque ce dernier a été incapable de réponde aux besoins en devises », nous a-t-elle précisé. Et d’ajouter : « En conséquence, l’endettement extérieur a pris son envol et continue à alourdir le budget de l’Etat ; surtout que ces dettes ne sont pas destinées à l’investissement. Aujourd’hui, le Maroc vit un surendettement de l’Etat et il y a une recherche d’endettement supplémentaire, ce qui est très coûteux pour l’économie nationale et le budget de l’Etat ».
Dans notre édition du 26 juin 2019,  notre source nous avait révélé que l’endettement national constitué de la dette du Trésor et de celle des établissements publics est de 80% rapporté au PIB alors que le seuil international acceptable est de 60%. Le Maroc se trouve  dans une zone orange, nous avait-elle déclaré en précisant que « la solidité d’une économie se mesure par son endettement global et non pas par celui de l’endettement public ».  
Mais, pourquoi ne pas utiliser dans ce cas les disponibilités en devises qui proviennent du tourisme, de l’export, des MRE… ?  « Une partie de ces devises est orientée vers les importations (énergie, équipement, matériels,…) qui coûtent cher à l’Etat. Notamment dans une économie nationale marquée par un déséquilibre entre les importations et les exportations », nous a déclaré Hicham Attouch qui estime que notre pays n’a pas d’autres choix en réalité. « Cette situation est la traduction d’un modèle de développement asphyxié et d’un mode d’endettement exagéré qui ne correspond pas à nos ambitions de développement.  Aujourd’hui, le Maroc ressemble à une personne qui s’est auto-étranglée », a-t-il lancé en rappelant que le niveau de l’endettement est colossal et nécessite une véritable évaluation et des études d’impact. De plus, il faut savoir que la gestion de l’endettement avec les actuels aléas de la conjoncture internationale n’est pas évidente. Un pays en bonne santé fiscale comme la Grèce s’est trouvé, du jour au lendemain, dans une situation de quasi-faillite alors qu’il avait l’appui de l’UE. Il ne faut pas sous-estimer la question de l’endettement d’autant qu’il a atteint un taux très élevé au Maroc ». Et de conclure : « Il faut également penser à orienter les investissements vers le social (santé, éduction...) puisque ces derniers se font davantage dans l’infrastructure alors que ces secteurs sociaux font la différence».

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