Musique amazighe : Izenzaren de retour après une longue absence


M’BARK CHBANI
Samedi 12 Mai 2012

Musique amazighe : Izenzaren de retour après une longue absence
Après 22 ans d’absence,  le groupe Izenzaren marquera son retour par un concert très attendu lors de la soirée d’ouverture du Festival Timitar.
En effet, ayant bénéficié du soutien accordé par le Festival Timitar aux artistes amazighs, ce groupe légendaire a enfin sorti un nouvel album intitulé  «Akal» (La terre).
Distribué lundi 8 mai 2012, l’opus  a été présenté à la presse le jour suivant, en présence des membres du groupe au grand complet, lors de la conférence de presse de lancement de la 9ème édition du Festival prévu du 27 au 30 juin 2012.
Le groupe Izenzaren, qui animait, ici et là, des  fêtes et des festivals comme le Timitar où il s’est produit plusieurs fois, et où il a toujours fait un tabac, avait pratiquement abandonné la production. Cette situation anormale avait fini  par exaspérer les nombreux amis et fans du groupe.
Aujourd’hui, si cet exploit, car c’en est un, a pu enfin être réalisé, c’est surtout grâce  à la force de persuasion, à la ténacité, et aux encouragements de l’équipe du Festival Timitar et en particulier, Latifa Yaâkoubi, responsable du  Timitar off, Brahim El Mazned,  directeur artistique du Timitar et Khalid Bazid, nouveau directeur du festival qui a remplacé Fatim-Zahra Ammor, l’ancienne directrice, qui a eu à gérer les huit précédentes éditions, et à laquelle les responsables de l’Association Timitar ont tenu à rendre un vibrant hommage pour tous les efforts qu’elle a déployés à la tête de la direction du festival.
Dédié à la mémoire de feu Lahcen Boufertel, qui fut l’un des fondateurs du groupe, cet album, d’une durée de 45 :12, comprend les morceaux suivants: Akal, Tifawt, Tinmel, Asgumi et Inmatern. Et pour lui permettre la plus large diffusion auprès du public, les initiateurs du projet ont prévu un petit guide composé des textes des chansons en cinq langue (arabe, français, anglais,  espagnol et amazigh).
 Fondé en 1972, le groupe légendaire du Souss, Izenzaren, était  formé de  six garçons : Abdelhadi Igout, leader du groupe, Lahcen Boufertel, Moulay Brahim Talbi, Mohamed El Hanafi, Mohamed et Aziz Chamekh.
Et comme tous les groupes de jeunes musiciens de la nouvelle vague de l’époque, le groupe a souvent changé de composition. C’est ainsi que les deux frères Chamekh choisirent de voler de leurs propres ailes en formant leur propre groupe qu’ils ont tout simplement appelé «Izenzaren Chamekh». Le groupe d’origine garda le nom d’Izenzaren auquel on a pris l’habitude d’adjoindre le prénom de son leader, Abdelhadi Igout pour différencier les deux.
Aujourd’hui, le groupe est constitué de Abdelhadi Igout, Hassan Bayri, Moulay Brahim Talbi et Mustafa Chatir, Lahcen Boufertel étant décédé le 12 juin 2011.
La naissance du groupe amazigh Izenzaren, tout comme celle de son homologue arabe, le groupe Nass El Ghiwane, a coïncidé avec ce qu’on appelle communément aujourd’hui : «Les années de plomb» qu’a connues le Maroc. C’était aussi l’époque des militants, de la première heure, du mouvement amazigh.
Dès le début, les Izenzaren se sont fait les porte-parole de la culture amazighe et d’une jeunesse désemparée, et en proie au chômage et aux problèmes liés à l’exode massif vers les grandes villes et à une intégration sociale difficile. Cette jeunesse de la fin des années soixante, début des années soixante-dix avait besoin de repères et trouva à cette époque-là en  Izenzaren dans le Souss et Nass El Ghiwane à Casablanca ses véritables idoles, d’autant plus qu’ils étaient tous issus des milieux populaires les plus défavorisés.
Plus que de jeunes musiciens dans le vent comme les Beatles ou les Rolling Stones, ces derniers étaient devenus les symboles de la jeunesse marocaine. Boujemâa H’gour de Nass El Ghiwane et Abdelhadi Iggout d’Izenzaren étaient  pour leurs fans plus que des musiciens: c’étaient des symboles.
A cette époque-là, la jeunesse marocaine subissait l’influence de la mode occidentale. Presque tous les jeunes avaient des corps longilignes, des cheveux longs, et portaient souvent des tuniques et pantalons pattes d’éléphant. C’était l’anticonfirmisme dans toute son expression, et le temps des Beatniks et des hippies, du fameux Festival de  Woodstock à Bethel en 1969 dans l’Etat de New York aux Etats-Unis.
Au Maroc, le groupe Izenzaren avait apporté quelque chose de nouveau à la musique amazighe longtemps dominée par la chanson des Rwaiss et à leur tête les grands maîtres, Haj Belaïd et Gentil. Dans la foulée, ils donnèrent naissance à un nouveau courant musical:«Tazenzart» .
Puisant dans le répertoire ancestral et celui des grands Rwaiss, ils arrivaient à trouver les paroles et la musique qu’il fallait pour toucher la fibre la plus sensible de leur  public composé en grande partie de jeunes.
Et à l’image des groupes musicaux occidentaux de leur époque, les Izenzaren se distinguaient par une présence sur scène extraordinaire, une musique et des chansons qui enflammaient leur nombreux fans. Souvenez-vous de Abdelhadi Igout grattant les cordes de son banjo et entonnant le grand tube de l’époque et la chanson fétiche du groupe : «Immi henna».
La première cassette du groupe sortit sur le marché au début de 1974. Le succès était au rendez-vous. La légende Izenzaren était née.
Après des enregistrements à la radio d’Agadir, les Izenzaren apparaissent pour la première fois à la TVM en 1976. Nouveau succès, et première sortie à Paris où le groupe se produit à l’Olympia, une vraie consécration. Après Paris, ils participent au premier Festival de la chanson maghrébine en 1978.
Désormais, les chansons d’Izenzaren vont enrichir le répertoire musical amazigh. C’est «Wad Ittemuddun»,  «Immi Henna», «Wa Ezzine», «Ttuzzalt»,  «Arja Fellah A Yaytma Henna»,  «Afoullous»,  «Taghyit»,  «Makh A Yatbib»,  «El  Haq Iga Abokad», entre autres.
Avec la sortie de son nouvel album «Akal», le groupe Izenzaren  entame une nouvelle étape de sa longue carrière. Il est donc  à espérer qu’il reprendra goût à la production musicale pour composer d’autres morceaux, comme il en a le secret, à même d’enflammer son  public toujours assoiffé comme au bon vieux temps.


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1.Posté par abdellah anamer le 13/05/2012 09:51
bravo l iznzaren l isdariha lalboume jadid (akal) la terre

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