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Mort tragique d’un randonneur dans la région d’Azilal

Un drame qui doit faire figure de piqûre de rappel sur les dangers de ces chaînes montagneuses aussi majestueuses que dangereuses


Chady Chaabi
Jeudi 2 Janvier 2020

Abderrahim
Oukioud, guide touristique, donne de précieux conseils pour minimiser
les risques en haute montagne


Il voulait vivre l’inoubliable expérience de voir le monde de là-haut. Malheureusement, il l’a quitté par le bas. Un jeune homme est mort après être tombé dans un gouffre, le 29 décembre, alors qu’il participait à une randonnée dans les montagnes de la région d’Azilal, selon le site « Sputniknews.com ».
Originaire de Fès, ce jeune se serait égaré en chemin. Son absence n’aurait pas été remarquée dans un premier temps par ses compagnons. Quand ce fut le cas, ces derniers l’auraient cherché, mais sans résultat, avant de contacter la Gendarmerie Royale. Une opération de recherche a été lancée. Le corps du jeune homme a été retrouvé au fond d’un abîme.
Si une enquête a été ouverte afin d’élucider les circonstances de cet incident, dont la chute demeure l’hypothèse la plus crédible, ce drame doit faire figure de piqûre de rappel sur les dangers de ces chaînes montagneuses aussi majestueuses que dangereuses. Abderrahim Oukioud, guide touristique chevronné, sacré troisième meilleur guide au monde par les Wanderlust World Guide Awards en 2018, nous donne de précieux conseils pour minimiser les risques lors d’une randonnée en haute montagne.  
La randonnée en groupe, c’est l’assurance de se faire de nouveaux amis, mais aussi et surtout de payer moins cher qu’une virée en solitaire. Mais le bémol réside dans l’attitude de ceux qui choisissent cette option uniquement pour le second avantage, tout en ayant l’intention de se la jouer en solitaire. « Il y a des clients qui se croient indépendants. Il y en a qui croient qu’ils connaissent très bien les montagnes, d’autres qui sont en bonne forme physique et prennent le risque d’accélérer le pas et de devancer le groupe, ce qui est une forme d’égoïsme en soi», nous confie exaspéré Abderrahim Oukioud. Et on peut le comprendre. Il pointe du doigt également «les touristes espagnols qui font la randonnée une première fois avec un guide, récoltent les données GPS, puis les envoient à leurs amis, qui pensent ainsi se passer des services des guides et économiser des deniers. Mais c’est très dangereux».
En haute montagne, il n’y pas de place pour l’inconscience, la prise de risque inconsidérée ou une trop grande estime de soi. Les erreurs se payent cash. Elles sont fatales et éternelles. Pour exemple, le mont Toubkal et ses flancs sont tragiquement, année après année, le tombeau de plusieurs randonneurs surestimant leurs capacités et leurs expériences passées. « Il y a énormément de randonneurs et alpinistes qui ont l’habitude de faire des randonnées en solo dans le monde entier. Ils essayent de faire la même chose au Maroc mais ils y arrivent rarement», souligne Abderrahim Oukioud. Et pour cause, au Maroc «il n’y a aucune signalisation et les sentiers ne sont pas balisés», précise-t-il. D’où l’intérêt de s’attacher les services d’un guide. « Rien ne vaut son savoir-faire, surtout en cas de problème. Il a la capacité contrairement aux randonneurs non-accompagnés de contacter rapidement les autorités en cas de difficultés climatiques ou de problèmes», abonde notre interlocuteur qui ne comprend pas ces randonneurs qui se passent d’un guide pour économiser 20 ou 50 euros par jour, au risque de payer de leur vie, si les choses se passent mal.
Cela dit, il ne suffit pas de s’y prendre dans les règles de l’art, en s’offrant un guide. Ce dernier ne doit pas hésiter à affirmer sa personnalité et prendre de fortes décisions quand les circonstances l’intiment comme le rappelle Abderrahim Oukioud. «La personnalité du guide est importante. Il ne doit pas avoir peur de dire non. Il a une énorme responsabilité. Au-delà de la logistique, il est le garant de la sécurité de ses clients. Du coup, si par exemple il voit que les conditions climatiques ne sont pas propices à la poursuite de la randonnée, il se doit d’arrêter et rebrousser chemin, même si les clients sont mécontents estimant qu’ils n’en ont pas eu pour leur argent», insiste-t-il en espérant que les randonneurs prennent conscience de l’importance non seulement du guide, mais aussi de l’hostilité des montagnes qui n’a d’égale que leur beauté.


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