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Moi, ministre de rien du tout

Lahcen Daoudi commet une oraison funèbre de l’Enseignement supérieur


Hassan Bentaleb
Lundi 25 Avril 2016

Lahcen Daoudi revient à la charge contre l’enseignement supérieur public. Il vient de déclarer que le Maroc a essuyé  un échec cuisant au niveau de la formation des compétences nécessaires  pour attirer  les investissements nationaux et étrangers. « Une multinationale coréenne a voulu embaucher 700 ingénieurs et techniciens marocains mais elle n’a pas réussi à attirer un tel effectif puisque notre pays ne dispose pas de tels profils», a-t-il lancé lors des travaux de la rencontre nationale sur les compétences et les cadres organisée, samedi à Rabat. Et d’ajouter : «  Aujourd’hui, les classes de mathématiques sont vides et les professeurs manquent.   Notre système d’enseignement doit être revu de fond en comble ».  Qu’en est-il donc de son discours sur la dynamique de  changement qu’il a prétendu avoir déclenchée et  des réformes qu’il a moult fois annoncées en grande pompe ? 
« La crise de l’enseignement supérieur marocain est palpable  et personne n’osera prétendre le contraire. Le hic, c’est que ces propos émanent d’un ministre  qui a préparé la loi 13-16 dont l’un des volets a justement trait à la formation des compétences », nous a précisé Abdelkrim Madoune, secrétaire général du Syndicat national de l'enseignement supérieur (SNESup). Et d’ajouter : « Ceci d’autant plus que le débat sur la formation des compétences est évoqué dans un contexte marqué par l’absence des conditions morales et matérielles (infrastructures, conditions de travail des enseignants et recherche scientifique). Comment peut-on  donc parler de ce volet alors que l’université marocaine est frappée de plein fouet par la baisse des  financements publics, le surnombre des étudiants, la concurrence de l’enseignement privé, la faiblesse de la recherche scientifique et que le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres s’oriente ces temps-ci vers la création d’universités privées ? ». 
Pour notre source, ces propos irresponsables ne sont pas lancés à la légère mais ils font partie d’une série de sorties médiatiques récurrentes. Ils rejoignent ceux qu’il a tenus quelques semaines auparavant affirmant que le Maroc n’avait pas besoin de poètes ni de philosophes ou ceux appelant à la  fermeture des facultés de lettres et  de droit ou ceux soutenant que  notre pays manquait de compétences.  « Ce genre de déclarations n’est pas fortuit. Celles-ci visent  à dévaloriser  l’enseignement supérieur public et laissent penser  qu’il vaut mieux passer par les universités privées pour avoir les compétences  et le savoir nécessaire, et ce en déboursant entre 30.000 et 130.000 DH par an», nous a-t-elle indiqué. Et de confirmer : «  Il s’agit donc d’une stratégie dangereuse qui vise à démanteler l’université publique marocaine. Les déclarations de ce ministre et de tant d’autres s’inscrivent dans une optique d’abandon par l’Etat de ce secteur et de contraindre les familles à aller vers  le secteur privé érigé comme l’unique  alternative possible en études médicales, gestion ou ingénierie, entre autres ». 
Le secrétaire général du SNESup estime que le gouvernement actuel manque de vision et de stratégie et que son ministre en charge de l’enseignement supérieur se comporte comme si le pays ne déposait  pas d’une Loi suprême et comme si  cette dernière ne nous renvoyait pas vers plusieurs institutions constitutionnelles telles que le Conseil supérieur de l’enseignement. «  Daoudi  fait cavalier seul alors qu’il est membre de ce Conseil et qu’il a signé un accord avec lui et participé à la mise en place de la stratégie 2015-2030 », nous a-t-il précisé. Et de conclure :  « Cet  Exécutif  excelle  dans la promulgation hâtive des décrets. N’importe quelle idée de projet de loi prend souvent chez lui la forme de décret.  Tel est le cas des deux décrets concernant les professeurs stagiaires et la reconnaissance de cinq universités privées alors que ce secteur ne doit pas être pris en otage pour des raisons de surenchère politique ».
 


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1.Posté par Tarik le 27/04/2016 14:30
Article plein de bon sens , on ne peut pas crittiquer l'enseignement public alors que dans le même temps on l'a laissé sombrer depuis plusieures dizaines d'années. L'immense majorité des familles marocaines n'a pas les moyens d'envoyer ses enfants dans une université privée ni même dans une école privée. Et quand on pense que le président du conseil supérieur de l'enseignement a pour projet de faire payer des taxes à quasiment toutes les familles marocaines dont les enfants sont scolarisés à lécole public! Que leur restera t'elles à ces familles pour assurer un avenir décent à leurs enfants? D'autre part, privé ne rime pas toujours avec qualité. Quand aux ingénieures, pourquoi donc le Maroc ne fait il rien pour retenir les diplomés de l'école d'ingénieur de Mohammedia ? Lesquels très souvent vont travailler à l'étranger pour ne plus jamais revenir au Maroc. En France ,Yves Demay (directeur de l'Ecole polytechnique) : a dis "Nous voulons que nos diplômés contribuent davantage à la recherche et l'emploi en France" Qu'en est il au Maroc? Et bien le dirceteur de l'école polytechnique de Mohammedia ,dans un reportage télévisé, a dis qu'il ne s'occuper que de la formation des élèves et que le reste ne le préocupait pas. Voilà la différence de mentalité !Changer de langue d'enseignement ne résoudra rien à ce problème car la langue est un faux problème.Ce qui est en cause, c'est tout un système pédagogique inéfficace et un manque de moyen criant dans le secteur de l'enseignement public marocain.

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