Mohamed Bannane : Le Premier secrétaire de l’USFP a fait siens les problèmes des habitants de Dakhla


Propos recueillis par Ahmadou El-Katab
Mardi 23 Septembre 2014

Mohamed Bannane : Le Premier secrétaire de l’USFP a fait siens les problèmes des habitants de Dakhla
Ces derniers temps, des voix se sont élevées contre 
le département des pêches maritimes, d’une part et contre   les investisseurs dans le secteur de la pêche 
à Dakhla, d’autre part. Des manifestations et des sit-in ont été organisés, çà et là, dans différents quartiers 
de la ville pour dénoncer l’exploitation abusive des 
richesses halieutiques 
de la région.
Mohamed Bannane est un acteur associatif natif de Dakhla. Il préside 
l’Association pour 
la préservation des richesses halieutiques. Son association avait organisé au début du mois de septembre une 
conférence sous le thème « Les richesses 
halieutiques entre 
l’exploitation et la nécessité des investissements », au cours de laquelle, différents intervenants se sont penchés sur le problème du chômage des jeunes malgré le grand potentiel de la région. 
Libé a rencontré Mohamed Bannane qui  nous  a donné un aperçu de la situation du secteur des pêches dans cette région qui est considérée comme la plus poissonneuse du Royaume. 
Entretien.
 
Libé : Les bateaux de pêche de l’Union européenne sont sur le point de reprendre leurs activités ou les ont déjà reprises comme les chalutiers espagnols. Que peuvent attendre les habitants de Dakhla de ces bateaux ?
 
Mohamed Bannane : Les habitants de Dakhla n’espèrent rien des bateaux de pêche de l’Union européenne. Ces bateaux, avant de mouiller dans nos eaux, sont venus avec tout ce dont ils peuvent avoir besoin. Ils n’achètent rien chez nous, même pas une boîte d’allumettes. Ils n’emploient personne. Ils ne nous apportent rien.  Ils ne recourent à aucun de nos services. Ils pêchent et repartent sans rien laisser.
 
Certains pensent que les bateaux RSW sont préjudiciables, à long terme aux ressources halieutiques. Qu’en pensez-vous ?
 
Les RSW sont des bateaux destinés à la pêche pélagique. Donc aux poissons migrateurs de surface qui, s’ils ne sont pas pêchés chez nous, le seront chez les voisins. Ceci étant, toute personne s’intéressant à ce secteur et aux intérêts des populations de Dakhla et loin de toute influence des lobbys et de la presse locale qui se limite à des sites électroniques animés par des gens qui n’ont ni crédibilité, ni formation journalistique,  verra en toute franchise que  les habitants de Dakhla tirent énormément de profits des RSW depuis leur avènement. Ils ont créé des centaines de postes d’emploi. Ils ont boosté le foncier et permis, par leurs contributions, la réalisation de plusieurs projets de développement des infrastructures de la ville. Aussi, de mon point de vue, les RSW sont, par rapport aux autres pêches, celle dont les habitants de Dakhla tirent le plus grand avantage. Si on considère que la pêche artisanale a un grand impact positif sur la ville et que les sardiniers sont comme les bateaux européens qui n’approchent le port de Dakhla que pour s’approvisionner en carburant - et uniquement en carburant-, je pense que les RSW sont de loin les plus avantageux pour Dakhla.  Quant à ceux qui disent que ces bateaux sont préjudiciables à nos ressources, je leur demanderais d’aller voir les bateaux-usines qui exploitent de la pire des manières nos ressources ou de voir les bateaux européens qui n’ont aucun rendement pour la ville.
 
Il y a quelques mois, vous avez présidé une coordination d’associations actives dans le secteur. Vous aviez été reçus par plusieurs directions de partis politiques. Quel est le résultat auquel vous êtes parvenus ?
 
Mes collègues et moi avions été reçus par plusieurs personnalités politiques dont le Premier secrétaire de l’USFP,  Driss Lachguar, qui nous avait accueillis à bras ouverts et  fait sien notre problème. Nous avons également été reçus par plusieurs autres personnalités de l’opposition, par le Conseil national des droits de l’Homme et par le ministre du Commerce extérieur. Toutes ces personnalités que nous remercions infiniment pour le soutien qu’elles nous ont apporté, ont écrit au ministre des Pêches pour attirer son attention sur la situation et lui demander de donner suite à nos légitimes revendications d’être intégrés dans ce secteur. Mais tous ces messages n’ont eu aucune influence sur les décisions dudit département  qui a un agenda tracé sans concertation avec les professionnels du secteur ou les associations et qui ne tient compte d’aucune suggestion ou demande n’entrant pas dans son plan. L’autre objectif de la coordination et qui est essentiel, était de dire à qui de droit que les habitants de Dakhla ne veulent, désormais, aucun intermédiaire pour faire passer leur message qu’ils sont en mesure de faire directement.
 
Parlez-nous du décret ministériel relatif à l’exploitation de 150.000 tonnes de poisson. En quoi consistent ce volume et ce décret ?
 
La dernière décision du ministre des Pêches d’accorder des autorisations pour l’exploitation de 150.000 tonnes de poisson entre dans le cadre des effets d’annonce de ce département qui, chaque fois qu’il veut justifier une opération ou une décision, déclare qu’elle bénéficie aux populations de Dakhla. On se demande, donc, quelles peuvent être les chances des habitants de la ville, sachant que les 150.000 tonnes concernent des  conserveries et que cette décision devrait générer 3.000 postes d’emploi. Nul n’ignore que les emplois générés par les usines de conserves sont des emplois généralement féminins à 98% et que les femmes sahraouies, de par leurs traditions, ne peuvent pas travailler en usine.
 
Tout en souhaitant la bienvenue à tout investisseur susceptible de contribuer au développement de la région, on se pose la question de savoir quelle est la part des jeunes  et autres diplômés chômeurs. Le ministère cherche-t-il réellement  à créer des postes d’emploi et à contribuer à résoudre les problèmes sociaux de la région ou à donner à certains lobbys la possibilité de s’enrichir davantage  au détriment des jeunes de la région? 
 
Je voudrais m’adresser aux jeunes de la région et leur dire que les autorités, en changeant le staff dirigeant de la wilaya, leur ont signifié leur intention de s’atteler au développement de la région. Ils doivent donc s’engager dans ce processus que les autorités sont en train de mettre en place et d’œuvrer, de manière responsable, pour le développement de leur région.
 


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