Mohamed Ajerrar * Nous revendiquons l’application de la loi, et rien d’autre


Libé
Lundi 7 Avril 2014

Mohamed Ajerrar * Nous revendiquons l’application de  la loi, et rien d’autre
Libé : Pourquoi la société civile s’oppose-t-elle aux projets de Zalagh Holding ? 
 
Mohamed Ajerrar : Pour comprendre pourquoi nous nous opposons à ce projet, nous devons remonter à deux ans et demi, lorsque les responsables de l’entreprise sont venus à la recherche d’une autorisation de la part des habitants. A cette époque, et dans l’objectif d’obtenir cet aval, ils ont fait comprendre aux habitants qu’il s’agit d’un projet de «Mortadelle» qui sera installé dans une région lointaine sans dommages environnementaux! De plus, les responsables de l’entreprise étaient accompagnés des élus et de certains membres des autorités.
Ce qui fait bouger la société civile actuellement, c’est ce comportement arrogant faisant fi de la santé des gens, car l’entreprise ne se contente plus des unités installées à 3 km de Ristou, mais entend installer d’autres couvoirs à une centaine de mètres des lieux d’habitation. La loi exige pourtant que chaque couvoir soit éloigné de 3 km de l’autre, mais ne fixe pas la distance entre les unités de production et les agglomérations.

Mais pourquoi protester maintenant, après deux ans ? 
 
Les habitants croyaient au début qu’il s’agissait vraiment d’un projet pour produire de la «mortadelle». Avec le temps, l’on commençait à ressentir des odeurs qui se dégageaient des lieux, notamment avec la force des vents. Mais la sonnette d’alarme va être tirée lorsque l’entreprise s’est rapprochée du village Ristou.
En effet, avec le temps, les habitants commencent à évoquer leurs maladies respectives et la mortalité de leur bétail ainsi que l’existence de déchets en dehors de la fabrique.
Mais quelles sont vos preuves que ce sont les ordures et déchets des couvoirs qui provoquent ces maladies ? 
Il y avait toujours des gens qui vivaient dans la région, alors que de nombreuses maladies relatives aux allergies respiratoires et cutanées n’existaient pas. Depuis l’installation des usines, des cas de type de maladie commencent à se manifester. 

Quelles sont vos revendications ?
 
L’application de la loi, et rien d’autre. Nous ne pouvons contester des projets à caractère socioéconomique, étant donné leur rôle dans le développement de la région, mais nous nous opposons contre les pratiques illégales. Donc, nous appelons au respect des normes et lois en vigueur.

Quelles sont les solutions à envisager pour ce problème ?
 
Au-delà du problème qui existe actuellement dans notre région dans la commune de Tiddas, nous appelons à la promulgation de lois régissant ce secteur, notamment les normes relatives à la distance séparant les couvoirs et unités de production des agglomérations. Nous avons commencé à travailler auprès des parlementaires, afin de geler ces nouvelles unités en vue de faire prévaloir la loi dans les couvoirs déjà installés.
Comment peut-on concevoir qu’une unité pareille ne dispose pas de fosses cimentées pour y brûler les déchets? Nous avons su que dernièrement, les responsables de l’entreprise se sont mis d’accord avec un entrepreneur pour mettre de telles fosses en place.
 
Pourquoi les autorités n’interviennent pas pour résoudre cette affaire à l’amiable ? 
 
Pour bien comprendre la nature de l’intervention des autorités, je vous raconte une histoire vraie : un investisseur marocain avait voulu installer une unité industrielle, dans une autre zone de la province, mais une femme, munie d’un document, est venue annoncer qu’elle comptait construire une mosquée à côté de l’usine. Les autorités sont intervenues pour retirer l’autorisation à l’investisseur, sans consulter les habitants.

Avez-vous eu un dialogue avec le gouvernement, les autorités ou l’entreprise?
 
Aucun. Pourtant, dès le début, nous avons appelé à un dialogue avec les autorités, en vain. Elles ne nous ont pas accueillis, encore moins les responsables de l’entreprise. Il y a une semaine, nous avons reçu au village un représentant du service provincial de la sécurité sanitaire. Nous ne sommes pas contre le dialogue, mais nous contestons le dialogue qui se contente de  cautionner l’état des lieux.
* Coordinateur 
de la Coalition locale de la commune de Tiddas contre la production avicole intensive
Propos recueillis par M.E


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