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Meknès : L’Université Moulay Ismaïl, à l’heure d’un choix


Moha HAJAR (professeur de mathématiques à l’UMI)
Mardi 10 Août 2010

Meknès  : L’Université Moulay Ismaïl, à l’heure d’un choix
L’Université Moulay Ismaïl se prépare actuellement à la nomination d’un président pour un mandat de quatre ans, président d’université, qui sortira sous peu, du concours organisé à cet effet par le ministère de tutelle. Pour quelle voie optera-t-on cette fois-ci ? C’est la question que tout le monde se pose à l’UMI, en silence ou à haute voix, alors pourquoi ne pas l’écrire : Sera-t-elle celle de la continuité, donc fatalement, de la médiocrité et du gâchis encore prolongé, des ressources et des compétences ? Optera-t-on enfin, pour la voie d’un redressement salutaire ?
L’UMI est une institution publique d’enseignement supérieur, qui regroupe quelque 30.000 personnes entre étudiants, enseignants et personnel administratif. En comptant la population bien plus étendue des élèves, futurs étudiants de ses établissements, ce sont des centaines de milliers de citoyens marocains qui sont ou seront concernés directement ou indirectement, par la marche de cette grande (par sa taille) institution académique. C’est pour dire que tout dysfonctionnement au sein de l’université, peut avoir un impact décisif sur une part importante de la population du pays. Pour cette raison, la question de la gouvernance dans le fonctionnement de l’université, ne doit aucunement être considérée comme une simple affaire locale, mais plutôt comme une question nationale et doit être par conséquent contrôlée avec la plus grande vigilance par les autorités centrales compétentes et par la société civile.
Il est sans doute utile, pour éclairer le grand public, d’expliquer au moins de façon générale et globale, comment sont répartis les rôles et responsabilités entre les acteurs et utilisateurs  de l’université dans son fonctionnement, que le pouvoir politique et le législateur veulent harmonieux : L’Etat dispose d’une législation spécialement adaptée à l’université et d’une législation périodiquement réformée depuis des années. D’autre part, des plans sont tracés et des programmes  élaborés au niveau national, conformément à des stratégies de formation à court et moyen termes. Des budgets sont annuellement alloués pour mener ces opérations et concrétiser les plans. L’Etat dispose pour cela, d’un appareil administratif structuré et hiérarchisé ainsi qu’une masse importante de fonctionnaires (enseignants et non-enseignants), dont la fonction est de mettre en œuvre les décisions prises sur le plan politique.
Seulement voilà : dès qu’il est question de l’évaluation de l’activité au sein d’un service public, il n’est pas d’usage, ni aisé, de parler en termes de rentabilité, comme il est fait de façon systématique pour une entreprise quelconque du secteur privé. Rien ne nous empêche cependant, dans cette fonction publique, d’évoquer et d’analyser l’efficacité et l’efficience des actions menées et des méthodes de gestion et d’administration utilisées.
Comment alors ces questions sont-elles abordées et traitées au niveau de l’Université Moulay Ismaïl ? Sans aller vers trop de détails, il est bon de rappeler que des classements des universités du monde entier sont régulièrement rendus publics par des instituts spécialisés. Ces classements peuvent concerner la totalité des nations, un continent donné ou encore quelque sous-région aux caractéristiques socioéconomiques particulières. L’Université de Marrakech est unique au niveau national dont le nom apparaît dans des classements régionaux, et encore au bas des tableaux.  Quand on sait que la Cour des comptes a dressé dans son dernier rapport (2008), un sombre et triste bilan des activités au sein de l’Université Cadi Ayyad, on imagine aisément ce qu’il en est de la réalité des autres universités marocaines et de l’UMI en particulier qui détient le titre peu honorifique de lanterne rouge nationale. La caractéristique qu’il faut immanquablement souligner pour comprendre cet état de fait est l’absence totale de la notion d’évaluation des activités. Que ce soit au niveau pédagogique, administratif ou financier, la culture de l’évaluation est toujours la grande absente, bien que la loi 01/00 en parle explicitement depuis l’an 2000.
Les questions économiques et financières sont bien évidemment les premières à souffrir de cette opacité ou du moins du manque de transparence.  L’argent étant le « nerf de la guerre », rien d’étonnant que tant de batailles nationales, lancées pour (re)donner à l’université sa place dans la société, soient lamentablement  perdues. Un coup d’œil à la ventilation des budgets 2009 et 2010 de l’UMI montre comment les moyens financiers de l’Etat sont dilapidés dans des dépenses désordonnées ou excessives, loin des objectifs à l’origine de leur attribution au niveau central (le Plan d’urgence 2009-2012 par exemple).  Le même schéma se reproduit telle une figure fractale, au niveau des établissements de l’université pour encore assombrir davantage le tableau.
Au niveau administratif, on constate un déficit criant d’autorité. Les «responsables» évoquent maladroitement la notion de « souplesse ». Mesurant mal leurs fonctions et les prérogatives qui les accompagnent, il n’est pas rare même, que ces fonctionnaires évoquent anachroniquement, de mystérieux “orf” universitaires,  en lieu et place des articles de loi.
Au niveau pédagogique, c’est ce même schéma dramatique que l’on observe largement répandu: Les chefs d’établissements qui sont selon la loi, les responsables pédagogiques, ferment les yeux sur nombre d’abus qui ont instauré une véritable « siba » au sein des établissements. En échange de quoi, il est implicitement demandé aux enseignants à travers les structures représentatives (qui sont légalement délibératives), en retour, de ne pas être trop regardants sur les questions économiques et financières. Les structures délibératives qui sont en réalité, le fruit d’une grande évolution des textes de l’Université nationale, sont paralysées  par les soins de nos nouveaux responsables. 


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