Maroc-Union africaine : Le grand retour


Par Noureddine Belhaddad *
Jeudi 16 Février 2017

Le retour du Maroc au sein de l'Union africaine, après trois décennies d’absence est un évènement de portée historique, eu égard au poids du Royaume dans le continent. Il est dû à la sagesse de Sa Majesté le Roi et à la constance de son attachement à l’Afrique. Il est aussi le geste fort qui démontre au monde entier l’échec cuisant de tous les plans fomentés par les adversaires de l’intégrité territoriale du Maroc quatre décennies durant.
L’intégration du Maroc au sein de l’UA, grâce au soutien d'un très grand nombre de pays africains, n’est en fait que le retour à l’ordre naturel des choses et signifie la réparation d'une erreur historique commise contre un membre de l’importance du Maroc, qui a toujours œuvré pour la paix, la stabilité et le développement du continent africain.
Feu Sa Majesté le Roi Hassan II, dans un message adressé à l’ex-OUA, avait prédit ce retour en annonçant : "Voici l’heure de nous séparer (…) En attendant des jours plus sages, nous vous quittons. Mais africain est le Maroc, africain il le demeurera. Vous comprendrez aisément qu’en tant que membre fondateur de l’unité africaine, le Maroc ne saurait en être le fossoyeur".
Le fait marquant de ce 28ème  Sommet de l'U.A. a été, incontestablement, la participation de S.M. le Roi Mohammed VI. Le discours que le Souverain a prononcé à cette occasion a été d'une importance capitale et a été plus que suivi par l’ensemble des leaders africains. S.M le Roi y a mis l'accent sur la profondeur et la solidité de l’attachement du Maroc à l'Afrique, et depuis toujours.
Dans son discours, le Souverain a rappelé que le Royaume n'a en réalité jamais rompu ses liens avec son continent et que le Maroc, fort de son droit et conforté par cette intégration, n'a de leçon à recevoir de personne concernant son intégrité territoriale et la marocanité du Sahara, historiquement établie. Sa Majesté a également affirmé que le Maroc allait continuer à œuvrer pour soutenir les grands chantiers de développement du continent qui pourraient, sans nul doute, être contrecarrés par ceux qui ont tenté de nuire à la stabilité et à la sécurité sur le continent en persistant à soutenir une entité fantoche.   
Le Souverain a mis l’accent sur un point très important en soulignant que les liens du Maroc avec l’Afrique n’ont jamais été rompus en réalité, comme en attestent les quelque 945 traités et conventions signés au cours de plus de 40 visites historiques effectuées par Sa Majesté dans certains pays africains.
Les faits historiques avérés sont là pour confirmer la solidité des liens entre le Maroc et les pays africains, liens qui n’auraient jamais existé sans les voies du commerce qui traversaient les étendues du Sahara marocain pour déboucher sur les marchés d’Afrique occidentale et, au-delà, sur le reste des pays africains. Ces voies étaient considérées comme les artères de la vie de toutes les sociétés tribales ayant peuplé les contrées de part et d’autre du Sahara. On citera, en l’occurrence, la voie Lemtounie qui s’étendait de la région du Souss à partir d’Aghmatt en direction de l’empire du Ghana, à travers la ville d’Aoudaghost.
A signaler également le rôle pionnier de la famille Ibn Laâmach, qui s’activait à dynamiser les échanges commerciaux entre les marchés marocains et la ville de Tombouctou, via l’oasis de Tindouf, et qui entretenait également de fortes relations commerciales avec les centres du petit Atlas, de l’Oued Draâ à Tata, Aka Foum Lahcen et Guelmim.
Les caravanes commerciales jouissaient à cette époque de toute la sécurité durant leurs déplacements sur les étendues du Sahara marocain. Le Sultan alaouite Moulay Hassan 1er accordait un intérêt particulier à cette voie commerciale et avait ordonné au caïd El-Haj Boumediene Znagui d’assurer sécurité et protection aux caravaniers qui faisaient la liaison entre les marchés marocains du Sud et ceux d’Afrique noire à travers les étendues du Sahara marocain
Grâce à ces voies commerciales, les cultures et traditions se sont mêlées, malgré leurs disparités, et ont ouvert la voie à l’évolution confluente des civilisations et coutumes chez les tribus sahraouies et les pays limitrophes du Sud. Les échanges entre les deux bords du Sahara n’ont jamais connu de perturbations majeures avant l’intrusion étrangère qui a réussi, en s’infiltrant dans les profondeurs du Sahara marocain, à rompre des relations économiques et culturelles, vieilles de plusieurs siècles, entre le Maroc et l’Afrique occidentale.
Le recouvrement par le Maroc de son siège africain est une grande victoire pour la diplomatie marocaine sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et constitue un évènement sans précédent dans les annales de l’organisation panafricaine.
Ce retour, naturel et légitime, est de nature à contribuer au renforcement de la place de l’Union africaine sur l’échiquier politique international, de même qu’il permettra, à n’en pas douter, de favoriser une solution juste et durable au conflit relatif à la souveraineté du Maroc sur le Sahara.

 * Professeur-chercheur à l’Université
Mohammed V de Rabat


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