Bayân et figures de style



Mais où sont passés les critiques de cinéma ?

Tout le monde s’est mis d’accord sur la régression du rôle de la critique


Mustapha Elouizi
Jeudi 29 Décembre 2016

La critique a-t-elle toujours un impact sur
l’industrie du cinéma ? Depuis plus d’une
décennie, la réalité de cet exercice
est malheureusement porteuse
d’une réponse négative.


Déjà, le public n’est plus vraiment briefé et orienté par une batterie de productions critiques. Et l’on a du mal, aujourd’hui, à tomber sur une revue dédiée entièrement à la production critique, comme par le passé.
Ceci éloigne bien évidemment les critiques, de plus en plus, de leur public et même du circuit de l’industrie cinématographique. Il faut dire qu’il n’y a pas longtemps, les critiques étaient très suivis et décidaient souvent du succès ou de l’échec d’une œuvre cinématographique.  Ils avaient le pouvoir de recadrer, condamner, louer ou ériger une œuvre. Ce n’est plus de mise. Et même les réalisateurs ont contribué à ce que les critiques perdent cette place de choix dans le circuit, en raison des différences d’évaluation artistique et des a priori d’appréciation. Un paradoxe est bien manifeste à ce sujet : hier encore, les critiques étaient appréciés par leur contribution de qualité, bien que le nombre de films ne dépassait pas un à deux par an. Aujourd’hui, ce nombre atteint plus de 20, mais les critiques de cinéma se comptent sur les doigts d’une main, voire moins !  
Actuellement, on constate déjà un manque de plus en plus flagrant des lectures de films à la faveur de paramètres normatifs reconnus. Mais la question est de savoir si les articles de presse sur les pages culturelles relèvent  de la critique ou non. Une grande partie d’entre eux pourrait être simplement mise sur le compte de l’accompagnement et de la promotion, pour ne considérer qu’une partie comme travail critique de cette production. La presse culturelle est donc importante, mais ne peut jamais remplacer le rôle de la critique, ni prétendre la dépasser.  
A Zagora, lors du Festival international du film transsaharien, on avait invité des critiques du Maroc, du Sénégal, du Burkina Faso, de la Tunisie, ainsi que des comédiens et des réalisateurs. L’état des lieux est sans grand enjeu du fait que l’on admet  la régression du rôle de la critique dans l’industrie cinématographique.
Les raisons soulevées ici et là se rapportent à des facteurs objectifs, dont le développement des supports de visionage autres que le cinéma et la réduction, de plus en plus désolante, du nombre des salles de cinéma, au point de n’en plus trouver dans certaines villes moyennes et de n’en compter qu’une ou deux dans les plus grandes villes. Mais qu’en est-il de la situation des critiques eux-mêmes ? Driss El Kourri a souligné tout l’intérêt de revenir au sujet. Le débat n’a pas été facile à gérer, en raison des divergences au sein du circuit de l’industrie. On accuse ainsi certains critiques téléguidés de louer des films qui ne le méritent pas, ou encore de s’ériger en fossoyeurs d’œuvres de qualité !
En effet, et en l’absence ou le retrait des vrais critiques, la discipline semble ouvrir grandes les portes à beaucoup de gens qui n’ont rien à voir avec le domaine. Ce n’est pas difficile de constater que nombre d’entre eux, n’écrivent jamais un mot pendant une à deux années d’affilée ! Sur leurs fiches personnelles distribuées ici et là, on trouve la qualité de critique, comme pour vendre une image ternie par le manque  de contribution.


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