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Madrid resserre l’étau autour des demandeurs d’asile syriens





Un cardinal espagnol appelle à la prudence dans l’accueildes réfugiés


Hassan Bentaleb
Lundi 19 Octobre 2015

Plus de barrières, plus de forces de l’ordre et des mauvaises conditions d’accueil. C’est ce que semble être la réponse des autorités ibériques  aux flux des Syriens qui cherchent une protection internationale en Espagne.  Selon des sources sur place, 56 officiers ont été  appelés  en renfort pour consolider la protection et le contrôle des barrières séparant Mellilia de  Ben Ansar. Pis, d’autres grilles ont été érigées afin de faire face aux tentatives de franchissement collectif  des migrants.  « L’accès à Mellilia est devenu de plus en plus difficile même pour les Marocains. Les éléments de guardia civil sont devenus paranoïaques et leurs contrôles plus fermes et plus stricts », nous a indiqué une source sous le sceau de l’anonymat.  
Mais, il n’y pas que l’accès à Mellilia qui est devenu critique pour les Syriens, leurs conditions de vie dans cette ville sont également préoccupantes.  Une visite effectuée par des membres de l’AMDH-section de Nador au centre d’accueil des migrants (CETI), a révélé que ce dernier accueille des centaines de demandeurs d'asile syriens, palestiniens et subsahariens dont des mineurs qui endurent   des conditions de vie difficiles. Plusieurs témoignages recueillis sur place ont pointé du doigt la mauvaise alimentation, la promiscuité,  le manque de suivi médical des enfants malades et le manque de sécurité à l'intérieur et dans les environs du CETI où les femmes réfugiées sont souvent attaquées et dépouillées de leurs affaires. 
Des accusations déjà soulevées par un rapport d’Amensty International en 2014 qui a dénoncé les carences de l'accueil des réfugiés en Espagne, accusant Madrid de ne pas tenir ses engagements dans ce domaine conformément aux accords internationaux auxquels elle a souscrit. 
Se fondant sur une visite effectuée en octobre dernier, l'ONG a mis en lumière les difficultés rencontrées par les demandeurs d’asile et leurs conditions de vie indignes (entassement, longues files d’attente pour accéder aux repas et aux toilettes, des hommes dormant dans des salles bondées ou sous des tentes non prévues pour le froid ou la chaleur…). Mais il n’y a pas que les conditions de vie difficiles, les exilés syriens endurent également les affres de la discrimination. Amnesty  avait accusé en décembre l'Europe de s'ériger "en forteresse" pour s’en protéger et souligné que l'UE avait ouvert ses portes à 12.000 réfugiés syriens, soit seulement 0,5% des 2,3 millions de personnes qui ont fui leur pays. Des charges lourdes qui nous été  confirmées par des demandeurs d’asile syriens  qui nous ont révélé que les autorités espagnoles ne traitent pas les prétendants à l’asile sur un pied d’égalité. Selon elles,  les Espagnols donnent davantage la priorité aux Algériens et aux Subsahariens. 
Entre janvier et fin novembre de l’année dernière, seules  1.309 demandes d’asile émanant des Syriens ont été enregistrées sur un total estimé à 5.195 dossiers. Ces derniers arrivent en tête des nationalités cherchant refuge en Espagne. Ils devancent les Ukrainiens qui occupent la deuxième place avec 806 personnes suivis des Maliens (589), des Algériens (291) et des Palestiniens (189). 
Selon la Commission espagnole d’aide aux réfugiés (CEAR), le nombre de demandes d’asile enregistrées en Espagne représente seulement 1,3% du total des demandes présentées dans les pays membres de l’UE. Une situation qui risque de se compliquer davantage avec les déclarations du cardinal Cañizares, archevêque de Valence, qui n’a pas hésité à qualifier le flux migratoire syrien et celui des autres nationalités vers l’Europe d’ «invasion» et de « cheval de Troie des sociétés européennes », a rapporté « Nouvelles de France et d’ailleurs »,  un site de la droite conservatrice. Lors d’un déjeuner politique organisé dernièrement par Fórum Europa, le cardinal a critiqué les gouvernements européens pour leurs nombreux « gestes » et leur « propagande », ainsi que leur refus de se poser des questions sur ce qu’il a qualifié d’«invasion d’immigrants » appelant à la prudence dans leur accueil et se demandant si tous étaient du «bon grain». 
L’évêque a affirmé que si les mesures d’accueil pouvaient très bien passer aujourd’hui, elles risqueraient de finir par nuire gravement aux sociétés et aux cultures européennes. « On ne peut pas jouer avec l’histoire et avec l’identité des peuples », a prévenu le prélat, qui a aussi défendu le travail réalisé par l’Eglise catholique pour aider ceux qui ont dû fuir leur pays. Mgr Cañizares a appelé les gouvernements européens à se demander « qui est derrière » la crise des réfugiés, soutenant que parmi ces « réfugiés », peu fuient réellement des persécutions.
Hassan Bentaleb


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