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Les droits de la femme bafoués par le gouvernement Benkirane

Un livre de témoignages édifiant sur la principale cause de l’exclusion sociale des mères célibataires


Karima Nadir et Alain Bouithy
Vendredi 27 Novembre 2015

La célébration, mercredi dernier, de la Journée internationale de lutte contre la violence faite aux femmes, a fait remonter à la surface la question du projet de loi n ° 13-103 afférent à ce fléau, dont on a, certes, longuement parlé depuis 2012, mais qui n’a toujours pas vu le jour.
Dans ce contexte,  la «Coalition printemps de la dignité » composée d’associations féministes et d’organisations pour les droits humains, avait, lors d’une conférence de presse organisée mardi 24 novembre à Rabat, pointé du doigt le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, l'accusant de procrastination en termes d’activation des dispositions de  la Constitution de 2011 relatives à la protection des femmes contre la violence. « Le plan législatif du gouvernement relatif à la législation de base pour la protection des femmes, est hors service», a déclaré un membre de cette Coalition, notant notamment que « les associations et les organisations concernées par cette question vont organiser des sit-in devant un certain nombre de tribunaux du Royaume dans l’objectif de soutenir les revendications des femmes portant sur leur protection contre la violence ».
Asmaa El Mahdi, coordinatrice de ladite Coalition, avait, lors de la même conférence,  expliqué que « la non-activation des apports du Code de la famille pose plus d'un point d'interrogation, concernant l’existence même d’une véritable volonté politique chez des décideurs au Maroc, permettant de répondre aux revendications du mouvement féministe».
La même position a été également partagée par Fouzia Assouli, présidente de « la Ligue démocratique pour les droits de la femme». Dans une interview parue ce 25 novembre, elle a rappelé qu’«en principe cette loi devait voir le jour depuis l’année 2013» avant de s’interroger : «Comment expliquer ce retard si ce n’est un blocage? Et dans ce cas, M.  Benkirane inciterait-il les Marocains à la violence à l’égard des femmes? Quel message politique doit-on déceler?». Elle a, par ailleurs, précisé que «le projet de loi  n ° 13-103 relatif à la lutte contre la violence faite aux femmes permettra d’assurer la protection des femmes contre le risque de perdre leur vie, en contribuant à réduire l'impunité, ainsi que le taux des mariages de mineures et le taux des mères divorcées qui ne disposent pas d’abri ou de refuge ; plus loin encore, l’adoption d’une loi pareille serait un facteur essentiel dans le changement de la mentalité masculine ».
C’est une évidence : la lutte contre le fléau des violences faites aux femmes ne saurait aboutir si l’on ne prend pas en compte les causes profondes de ce phénomène.
L’Association INSAF ayant compris cela depuis fort longtemps, a lancé récemment un recueil de témoignages intitulé « Mères célibataires au Maghreb, défense de droits et inclusion sociale », à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, pour justement édifier le grand public sur une situation des plus préoccupantes pour la femme  et la société en général.
Réalisé en partenariat avec les associations SOS Femmes en détresse en Algérie et le Réseau Amen Enfance Tunisie (RAET), cet ouvrage est une invitation à emprunter les chemins parcourus par ces femmes enceintes rejetées de leur société.
Interpellées par les niveaux alarmants d’abandon d’enfants au Maroc, en Algérie et en Tunisie, ces trois organisations se sont intéressées à la principale cause de ce fléau : l’exclusion sociale des mères célibataires.
Edité en français et en arabe, «ce recueil d’expériences fournit plusieurs illustrations de violences imposées et de situations de non-droit vécues par les mères célibataires au Maroc, en Algérie, et en Tunisie», souligne l’Association INSAF rappelant non sans regret que ces pays ont pourtant tous ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes et la Convention internationale des droits de l’enfant.
Inscrit dans le projet «Pour une meilleure insertion sociale et professionnelle des mères célibataires au Maghreb» mené par INSAF et ses partenaires, «Mères célibataires au Maghreb» est un instrument de sensibilisation et de plaidoyer. Il est le fruit d’une grande enquête qui a permis de réunir 125 entretiens réalisés avec des mères et des professionnels dont des médecins, sages-femmes, assistants sociaux, psychologues, éducateurs qui les accompagnent au sein d’associations de la société civile ou de services publics, précise l’association marocaine.
En plus de présenter les pratiques significatives visant à aider les femmes à se réapproprier une vie digne au sein de leur société, l’ouvrage rappelle, par ailleurs, qu’être mère célibataire en Algérie, au Maroc ou en Tunisie, c’est être confronté à des réalités très difficiles. Lesquelles incluent l’exclusion familiale et  sociale, des violences directes subies au sein des hôpitaux et des maternités, des cadres juridiques stricts, voire dangereux et discriminatoires ainsi que des difficultés à reprendre une place dans la société, déplore le recueil.
«Mères célibataires au Maghreb» est signé par la journaliste Luciana Uchôa-Lefebvre et préfacé par le président du Conseil national des droits de l’Homme au Maroc Driss Elyazami, le journaliste algérien Ameziane Ferhani et la comédienne et auteure dramatique tunisienne Leila Toubel.
Le livre revient aussi sur le rôle des associations dans la prise en charge d’urgence, l’orientation stratégique juridique et administrative, l’accompagnement social et psychologique, l’insertion professionnelle, l’information, la sensibilisation à la sexualité ainsi que le suivi sur le long terme. Un rôle central et multiple mais hélas encore insuffisant pour répondre à tous les besoins, reconnaissent les auteurs.
Plus grave, les propositions faites par les trois Etats du Maghreb pour faire face à  cette réalité. «Un strict minimum pour l’instant, peut-on supposer et rien qui ne soit spécifique aux mères célibataires», regrette-t-on.
 


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