Liberté de la presse : Respectons la liberté de l’autre pour avoir droit au respect


Par Hassouni Kaddour Ben Moussa (Avocat au Barreau )
Vendredi 20 Mai 2011

Liberté de la presse : Respectons la liberté de l’autre pour avoir droit au respect
La liberté n’est pas une chose dont on vous fait cadeau, on peut vivre en pays de dictature et être libre : il suffit de vivre contre la dictature ; l’homme qui pense avec sa tête à lui est un homme libre ; l’homme qui lutte pour ce qu’il croit juste est un homme libre ; la liberté, il faut l’arracher.
Ce que la lumière est aux yeux, ce que l’amour est au cœur, ce que l’air est aux poumons, la liberté est à l’âme humaine.
Mais la liberté n’est pas absolue, elle peut être limitée, c'est-à-dire la liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent, ce que l’on appelle liberté chez les uns s’appelle licence chez d’autres.
Tout journal qui s’attaque à la vie privée des personnes, de la première ligne à la dernière, n’est qu’un tissu d’horreurs, calomnie, moquerie, dénigrement, diffamation, allégation, mensonges, impudicité, ce dégoûtant journal porte atteinte à la dignité humaine.
Je ne comprends pas qu’une main pure puisse toucher un tel journal sans une convulsion de dégoût.
Homme aussi chaste que la glace et aussi pur que la neige, il n’échappera pas à sa calomnie, on peut guérir d’un coup d’épée, mais guère d’un coup de langue, si ceux qui disent du mal de moi savaient exactement ce que je pense d’eux, ils en diraient bien d’avantage, même si un homme a commis le mal mille fois, ne laissez point le faire encore.
Le jour où Dieu les ressuscitera, ils jureront qu’ils lui sont fidèles, comme ils vous l’ont juré, ils croient que ce serment leur sera de quelque utilité, vain espoir, le mensonge n’est-il pas dans leur cœur ?
J’aime la vérité, je crois que l’humanité en a besoin, le mensonge, comme l’huile, flotte à la surface de la vérité, les voluptés apportent des jouissances, le mensonge n’apporte que la honte, voici la punition du menteur : il n’est pas cru même lorsqu’il dit la vérité, montre – moi un menteur, et je te montrerai un voleur.
La Constitution marocaine, les conventions et les pactes internationaux garantissent l’exercice et la liberté d’association, de réunion, d’opinion et d’expression, de manière solennelle et définitive qui ne peut être remise en cause que dans les limites autorisées par la loi.
Il est à rappeler que le chapitre IV relatif aux crimes ou délits commis par la voie de presse ou par tout autre moyen de publication stipule dans son article 44 que : «Toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération des personnes ou du corps auquel le fait est imputé est une diffamation. La publication directe ou par voie de reproduction de cette allégation ou de cette imputation est punissable, même si elle est faite sous forme dubitative ou si elle vise une personne ou un corps non expressément nommés mais dont l’identification est rendue possible par les formes de discours, cris, menaces, écrits ou imprimés, placards ou affiches incriminés.
Toute expression outrageante, terme de mépris ou invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait est une injure».
L’article 67 du Code des libertés publiques stipule que : «Seront passibles comme auteurs principaux des peines qui constituent la répression des crimes et délits commis par la voie de presse dans l’ordre ci-après, savoir :
1- Les directeurs de publications ou éditeurs quelles que soient leurs professions ou leurs dénominations ;
2- A leur défaut, les auteurs ;
3- A défaut des auteurs, des imprimeurs ;
4- A défaut des imprimeurs, les vendeurs, les distributeurs et afficheurs ».
Depuis la promulgation de la Constitution de 1992, ce dispositif constitutionnel est intégré dans le cadre international puisque le préambule de celle-ci dispose que : «Conscient de la nécessité d’inscrire son action dans le cadre des organismes internationaux dont il est membre actif et dynamique, le Royaume du Maroc souscrit aux principes, droits et obligations découlant des chartes desdits organismes et réaffirme son attachement aux droits de l’Homme tels qu’ils sont universellement reconnus».
Des mesures ont été prises au cours des dix années tendant à améliorer et à accroître le respect et la protection des droits de l’Homme, mais nous constatons sur le champ d’application, que certaines publications dépassent les limites prévues par le Code de la presse et ne tiennent pas compte du respect de la déontologie professionnelle qui leur interdit de porter atteinte à l’honneur et à la considération des personnes ; malheureusement le principe du respect de la liberté d’autrui est bafoué.
Tout directeur d’un journal ou écrit périodique doit assumer sa responsabilité du respect de la liberté, de la dignité, de l’honneur et de la vie privée des personnes, pour ne pas compromettre la réputation de la presse marocaine ; on est respecté qu’autant qu’on respecte la liberté des autres, il faut rougir de s’immiscer dans les affaires d’autrui et non de réparer cette faute ; la liberté est une situation d’une personne qui n’est pas sous la dépendance de quelqu’un, c’est le contraire de l’esclavage ; le journal qui vise à intimider les personnes et se mêle de leurs affaires personnelles et de leur vie privée et leur tire une carotte pour tirer du profit et des avantages. On peut qualifier ce dégoûtant journal comme plume de prostitution qui entache la réputation de la presse marocaine ; pire encore, le journal qui fait l’apologie du terrorisme par des écrits, des imprimés vendus, distribués ou mis en vente ou exposés dans les lieux ou réunions publics, est incompatible avec les mœurs et les habitudes du peuple marocain épris de tolérance et de paix.
Nous devons penser le terrorisme non pas comme quelque chose d’indépendant, mais comme un instrument de la politique de terreur et de destruction menée par les fondamentalistes radicaux. Notre pays n’est pas une terre engraissée et fertile pour féconder des terroristes ; notre pays est basé sur les principes des droits de l’Homme grâce à son cadre juridique particulièrement respectueux des libertés publiques sous l’égide de S.M le Roi Mohammed VI qui incarne la tolérance et la justice.
Comme son nom l’indique, les droits de l’Homme sont inhérents aux êtres humains qui ont des caractères spécifiques (Esprit, intelligence, amour, tolérance, tempérance, prudence, justice, espérance, foi, etc.) et puisque les terroristes sont privés de caractères humains (violence, terreur, destruction, intolérance, etc.), ils ne bénéficient pas des principes des droits de l’Homme accordés aux êtres humains.
Les événements douloureux d’Argana à Marrakech ne peuvent empêcher le Maroc de continuer sa marche et sa politique de réformes constitutionnelles pour instaurer un Etat démocratique moderne de justice et de tolérance. Tous les Marocains affirment à l’unanimité le rejet sans ambages des actes de terrorisme et d’intolérance et condamnent la loi de la brute.
Combien la tolérance mérite de respect et d’éloge! C’est elle qui fait naître, qui nourrit et entretient les plus beaux sentiments de générosité dont le cœur humain soit capable.


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