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A partir de ce soir et jusqu’au 10 décembre courant, la ville ocre sera à l’heure des dernières productions cinématographiques mondiales, dans le cadre de la 16ème édition du Festival international du film de Marrakech. Ainsi, quatorze longs métrages de divers horizons seront en lice pour le Grand prix du Festival: l'Etoile d'or. Des hommages, des master classes, des rencontres-débats, des coups de cœur et des projections hors compétition seront également au programme de cette édition qui se veut variée et ouverte à la jeune production.
Soufflant cette année sa 16ème bougie, le FIFM s'impose désormais en tant que l'un des rendez-vous phare du 7ème art dans le monde arabe et le continent africain, comme le souligne la directrice du FIFM, Mélita Toscan Du Plantier, citée par le journal londonien «Financial Times». En l'espace de 16 ans, le FIFM a réussi à s'imposer sur la scène internationale et confirmer sa vocation
de carrefour culturel et cinématographique entre l'Occident et l'Orient. De nombreux poids lourds du septième art ont déjà pris part au FIFM au fil des éditions. Parmi les célébrités hollywoodiennes figurent notamment les acteurs John Malkovich, Leonardo DiCaprio, Adel Imam, Shahrukh Khan et plusieurs autres sommités du cinéma ainsi que les légendaires
réalisateurs Martin Scorsese et Francis Ford Coppola. Comme à l’accoutumée, le Festival international du film de Marrakech contribuera, lors de sa 16ème édition, à la promotion de l'image du Maroc grâce à une
couverture médiatique internationale de l'événement qui attire le gotha planétaire du 7ème art et devrait insuffler une nouvelle dynamique à l'industrie cinématographique marocaine. Un avis partagé par le directeur du Centre
cinématographique marocain (CCM) Sarim Fassi-Fihri qui se montre confiant quant à l'avenir de l'industrie cinématographique nationale.
Quatorze films en lice
pour l’Etoile d’or
et aucun film marocain
La compétition officielle de l’édition actuelle du FIFM compte quatorze longs métrages. Première constatation : le cinéma marocain brille, encore une fois, par son absence. En effet, parmi les longs métrages qui seront en lice pour l’Etoile d’or, aucun n'est marocain. La compétition officielle maintient, pourtant, le cap choisi depuis quelques années, en jouant la carte de la diversité et de la recherche de jeunes talents. S’il y a en effet un fil rouge qui relie les films de la compétition, c’est l’ouverture sur les jeunes cinéastes qui ont fait l’événement cette année, ou attiré l’attention des critiques et des cinéphiles. Autre caractéristique, la diversité est d’abord géographique : Marrakech continue à voir la planète cinéma en plan large avec des films qui nous viennent de différents continents. Cela va du Japon à la Roumanie en passant par le Taiwan, la Chine, le Chili, l’Afrique du Sud, la Russie, l’Islande, l’Iran, l’Autriche, l’Allemagne ou la France.
La section hors compétition reste fidèle à sa programmation ouverte sur de nouveaux films, grand public avec des stars et des thématiques fortes. C’est le cas avec les deux films d’ouverture et de clôture: «The age of shadows» de Kim Jee-Woon (Corée du Sud) et «Goodbye Berlin» de Fatih Akin (Allemagne). Cette section apporte, par ailleurs, une maigre consolation au cinéma marocain avec la programmation d’un seul film marocain. Il s'agit de "Mon oncle" de Nassim Abassi, dont le scénario tourne autour d'une actrice débutante qui essaie de se faire une place dans le monde du cinéma.
Un jury chevronné
présidé par Béla Tarr
Cinéaste d’un temps réinventé, orfèvre perpétuellement traversé par la question de la condition humaine, chercheur invétéré des fondements du monde, Béla Tarr a façonné une œuvre radicale et visionnaire, à la beauté formelle fascinante. Il est président du jury de cette 16ème édition du Festival international du film de Marrakech. «Il est l’un des derniers aventuriers du monde du cinéma et ses films comme «Le Tango de Satan» et «Le Cheval de Turin» sont de véritables expériences qui vous emportent et restent dans vos mémoires», souligne Martin Scorsese. «J’ai appris qu’il avait maintenant décidé de se consacrer à l’enseignement cinématographique, avec l’école qu’il a ouverte à Sarajevo. Il est, je crois, un excellent choix pour présider le jury de Marrakech», a-t-il ajouté. Béla Tarr succède ainsi à Francis Ford Coppola (2015), Isabelle Huppert (2014) et Martin Scorsese (2013). A ses côtés, on retrouve l’Italienne Jasmine Trinca, la Franco-Indienne Kalki Koechlin, le Français Bruno Dumont, la Canadienne Suzanne Clément, l’Australien Jason Clrake, le Danois Bille August et l’Argentin Lisandro Alonso. Le Maroc sera, quant à lui, dignement représenté par la comédienne Fatima Harrandi, connue sous le nom de Raouia. «Cette diversité est portée par des choix de profils artistiques de haut niveau et conforte le positionnement du Festival : ouvert sur le monde, professionnel, cinéphile tout en étant attaché à son environnement social et culturel», expliquent les organisateurs du Festival.
Béla Tarr, réalisateur, scénariste et producteur, né en 1955 en Hongrie, a commencé à filmer à la fin des années 1970. Il est reconnu par ses pairs comme un auteur original et exigeant, donnant, à travers son cinéma, une expérience singulière de la durée et une vision du monde inédite.
Son travail amateur lui a rapidement valu l'attention des studios Béla Balázs, qui lui ont permis la réalisation de son premier film «Nid Familial» en 1979, un travail sur le réalisme socialiste clairement influencé par le travail de John Cassavetes. Ses deux films suivants «L'Outsider» en 1981 et «Prefab People» en 1982 sont dans la même veine. Mais c'est avec une adaptation de Macbeth pour la télévision en 1982 que sa façon de filmer va vraiment changer : le film ne comportant que 2 plans, le premier (avant le générique) de 5 minutes, le second de 67 minutes. La sensibilité de Béla Tarr porte aussi bien sur les plans très serrés que sur des compositions abstraites ou de longues prises. Sur le fond aussi, il est passé du réalisme à une métaphysique proche d'Andrei Tarkovski.
Primé au Festival de Berlin en 2011, où il reçoit l’Ours d’argent pour son dernier film «Le Cheval de Turin», son œuvre radicale se voit au-delà de toute frontière, grâce à l’intensité et l’universalité de sa splendeur visuelle. Mêlant au cinéma littérature, théâtre, peinture et musique, sa vision saisissante d’une réalité sociale, trouve écho dans certaines œuvres d’aujourd’hui. Considérée comme visionnaire par certains - parmi lesquels Susan Sontag, Jim Jarmusch et Gus Van Sant ou Martin Scorsese - l’œuvre du maître du cinéma hongrois Béla Tarr apparaît comme le dernier souffle triomphant d’une certaine école européenne, de Carl Dreyer à Andreï Tarkovski, sans oublier Miklós Jancsó. Béla Tarr est à l’initiative de l’ouverture, en septembre 2012, de la Film Factory de Sarajevo, un cursus doctoral mis en place en coopération avec des professionnels, comédiens et réalisateurs prestigieux en provenance du monde entier.
Les master classes
animées par trois
cinéastes de renom
Véritable agora cinéphilique, plébiscitées par la ferveur et l’adhésion d’un public, les master classes de l’édition 2016 confirment leur statut de carrefour de cultures et de styles, de rencontre d’expériences et de promesses d’avenir.
C’est ainsi que les professionnels, les cinéphiles auront rendez-vous avec le réalisateur canadien Paul Haggis, deux fois oscarisé et connu notamment par l’écriture du scénario du célèbre «Million dollar Baby», chef d’œuvre émouvant signé Clint Eastwood. Paul Haggis en passant à la réalisation avec «Collision» bouleversa le schéma narratif classique en mettant en scène des récits croisés ; lançant à l’occasion de ce film culte toute une tendance d’un cinéma polyphonique. L’autre intervenant à Marrakech n’est autre que le maître néerlandais, Paul Verhoeven, travaillant aussi bien en Europe qu’aux USA. Auteur complet, passionné et passionnant, figure culte de Hollywood avec des titres (Robocop, Total recall, Basic instinct…) emblématiques d’un cinéma électrisant, un brin provocateur et qui séduit un large public.
Autre démarche, autre style avec le réalisateur Pavel Lounguine qui vient de Russie, pays invité du festival cette année. Incarnation vivante d’un scénario expression de l’âme d’une nation, et où la poésie et la méditation métaphysique n’empêchent pas le cinéma de s’ouvrir sur les réalités d’un monde tourmenté.
Le Festival rend hommage
à une constellation de stars
Moments forts du Festival de Marrakech, les hommages sont une séquence qui illustre le rapport multidimensionnel que le festival entretient avec le cinéma. Pour cette 16ème édition, le festival rendra donc hommage à la Française Isabelle Adjani, au Hollandais Paul Verhoeven, au Japonais Shinya Tsukamoto et à "Abderraouf", figure emblématique de la scène comique marocaine.
Né en 1936 au Maroc, Abderrahim Tounsi, dit Abderraouf, est le précurseur de l’art humoristique au Maroc. Passionné par le théâtre, il débute sa carrière de comédien en créant, avec des amis, une troupe qui se produit dans des cafés en adaptant des textes de Molière. Abderraouf, personnage burlesque et simplet, créé en 1960 et inspiré d’un camarade de classe, séduit et fait rire des générations entières. Ses spectacles se jouent à guichets fermés et les enregistrements se vendent par milliers. Le succès d’Abderraouf va alors dépasser les frontières du Royaume, s’étendant auprès de l’ensemble de la communauté maghrébine installée à l’étranger. En 2011, il est nommé à Anvers «Meilleur humoriste marocain du XXe siècle» par la Fondation des Nuits de l’humour arabe.
De son côté, Shinya Tsukamoto, né à Tokyo en 1960, est considéré comme le plus radical et innovant des cinéastes indépendants japonais. Véritable homme-orchestre, il s’est entouré d’une authentique famille de cinéma, composée de collaborateurs et de comédiens prêts à le suivre dans l'exploration de ses fantasmes les plus délirants, inspirés par les univers cyberpunk de William Gibson et Bruce Sterling ainsi que les films de David Lynch ou David Cronenberg. Nombre de cinéastes occidentaux, tels que Quentin Tarantino, ne cessent de louer les multiples talents de ce scénariste, réalisateur, comédien, directeur de la photographie, cadreur, monteur, directeur artistique et producteur de génie.
Né en 1938, à Amsterdam, Paul Verhoeven est, pour sa part, l’auteur d’une œuvre éclectique, réalisée en Europe et aux Etats-Unis. Subversif et populaire, il aime appuyer là où ça fait mal. De «Robocop» à «Elle», en passant par «Basic Instinct», «Showgirls», «Starship Troopers» ou «Blackbook», le cinéaste néerlandais confirme son statut d’artiste majeur avec une filmographie aussi explosive que culte.
Pour ce qui est d’Isabelle Adjani, elle a su s’imposer, dès ses débuts, comme l’une des actrices les plus admirées au monde entier. Bouleversante, généreuse, rêvée par tous les cinéastes et capable de jouer tous les registres, elle est courtisée par les plus grands. François Truffaut, André Téchiné, Roman Polanski, Claude Miller, Werner Herzog, James Ivory, Patrice Chéreau ou encore Jean-Paul Rappeneau lui ont offert des rôles des plus importants.
Isabelle Adjani reçoit une double Palme d’interprétation au Festival de Cannes pour ses rôles dans «Possession» d’Andrzejuawski et «Quartet» de James Ivory. Après quatre Césars pour différents rôles, elle en obtient un cinquième, pour son interprétation dans «La Journée de la jupe» de Jean-Paul Lilienfeld, faisant d’elle l’actrice la plus récompensée par l’Académie à ce jour.
Le cinéma russe en fête
Dans le cadre de sa seizième édition, le Festival international du film de Marrakech rend hommage au cinéma russe, l’un des plus riches et prolifiques en Europe. Du Royaume-Uni au Japon, en passant par la Scandinavie ou le Canada l’an dernier, le Festival international du film de Marrakech a toujours souhaité mettre en valeur les cinématographies afin de réinscrire les nouvelles œuvres dans le contexte qui les a vues naître. Cette année, la Russie sera donc à l’honneur, le cinéma russe – pré-révolutionnaire, soviétique ou d’après la Perestroïka –étant l’un des acteurs majeurs de la cinématographie mondiale depuis ses tout débuts. Si, durant les vingt-cinq dernières années, le cinéma russe se redéfinit, de grandes œuvres ont cependant vu le jour, de nouveaux noms sont venus succéder aux grands classiques et les grands festivals sont toujours à l’affût de ceux qui demain prendront le relais des réalisateurs auxquels Marrakech rendra hommage.
De Sergueï Eisenstein et son Cuirassé Potemkine au Leviathan Andreï Zviaguintsev, le festival balaiera quatre-vingt ans d’une cinématographie qui a alterné les genres : la Grande Histoire, les guerres et leurs traumatismes, les comédies, les problèmes sociaux, la remise en question, ou encore l’amour.
Rappelons enfin que le Festival de Marrakech a déjà décerné deux Grands Prix à des films russes (Champ sauvage de Mikhaïl Kalatozichvili, 2008 ; Classe à part d’Ivan Tverdovski, 2014), rendu hommage à Andrei Konchalovsky, invité Pavel Lounguine au jury, sans compter les nombreuses œuvres qui ont émaillé les sélections de cet événement. Il était naturel que l’hommage soit donc rendu à la cinématographie entière avec 30 films accompagnés d’une délégation de 30 invités (metteurs en scène, acteurs et actrices, chefs-opérateurs, scénaristes, institutionnels, et producteurs…).
Soufflant cette année sa 16ème bougie, le FIFM s'impose désormais en tant que l'un des rendez-vous phare du 7ème art dans le monde arabe et le continent africain, comme le souligne la directrice du FIFM, Mélita Toscan Du Plantier, citée par le journal londonien «Financial Times». En l'espace de 16 ans, le FIFM a réussi à s'imposer sur la scène internationale et confirmer sa vocation
de carrefour culturel et cinématographique entre l'Occident et l'Orient. De nombreux poids lourds du septième art ont déjà pris part au FIFM au fil des éditions. Parmi les célébrités hollywoodiennes figurent notamment les acteurs John Malkovich, Leonardo DiCaprio, Adel Imam, Shahrukh Khan et plusieurs autres sommités du cinéma ainsi que les légendaires
réalisateurs Martin Scorsese et Francis Ford Coppola. Comme à l’accoutumée, le Festival international du film de Marrakech contribuera, lors de sa 16ème édition, à la promotion de l'image du Maroc grâce à une
couverture médiatique internationale de l'événement qui attire le gotha planétaire du 7ème art et devrait insuffler une nouvelle dynamique à l'industrie cinématographique marocaine. Un avis partagé par le directeur du Centre
cinématographique marocain (CCM) Sarim Fassi-Fihri qui se montre confiant quant à l'avenir de l'industrie cinématographique nationale.
Quatorze films en lice
pour l’Etoile d’or
et aucun film marocain
La compétition officielle de l’édition actuelle du FIFM compte quatorze longs métrages. Première constatation : le cinéma marocain brille, encore une fois, par son absence. En effet, parmi les longs métrages qui seront en lice pour l’Etoile d’or, aucun n'est marocain. La compétition officielle maintient, pourtant, le cap choisi depuis quelques années, en jouant la carte de la diversité et de la recherche de jeunes talents. S’il y a en effet un fil rouge qui relie les films de la compétition, c’est l’ouverture sur les jeunes cinéastes qui ont fait l’événement cette année, ou attiré l’attention des critiques et des cinéphiles. Autre caractéristique, la diversité est d’abord géographique : Marrakech continue à voir la planète cinéma en plan large avec des films qui nous viennent de différents continents. Cela va du Japon à la Roumanie en passant par le Taiwan, la Chine, le Chili, l’Afrique du Sud, la Russie, l’Islande, l’Iran, l’Autriche, l’Allemagne ou la France.
La section hors compétition reste fidèle à sa programmation ouverte sur de nouveaux films, grand public avec des stars et des thématiques fortes. C’est le cas avec les deux films d’ouverture et de clôture: «The age of shadows» de Kim Jee-Woon (Corée du Sud) et «Goodbye Berlin» de Fatih Akin (Allemagne). Cette section apporte, par ailleurs, une maigre consolation au cinéma marocain avec la programmation d’un seul film marocain. Il s'agit de "Mon oncle" de Nassim Abassi, dont le scénario tourne autour d'une actrice débutante qui essaie de se faire une place dans le monde du cinéma.
Un jury chevronné
présidé par Béla Tarr
Cinéaste d’un temps réinventé, orfèvre perpétuellement traversé par la question de la condition humaine, chercheur invétéré des fondements du monde, Béla Tarr a façonné une œuvre radicale et visionnaire, à la beauté formelle fascinante. Il est président du jury de cette 16ème édition du Festival international du film de Marrakech. «Il est l’un des derniers aventuriers du monde du cinéma et ses films comme «Le Tango de Satan» et «Le Cheval de Turin» sont de véritables expériences qui vous emportent et restent dans vos mémoires», souligne Martin Scorsese. «J’ai appris qu’il avait maintenant décidé de se consacrer à l’enseignement cinématographique, avec l’école qu’il a ouverte à Sarajevo. Il est, je crois, un excellent choix pour présider le jury de Marrakech», a-t-il ajouté. Béla Tarr succède ainsi à Francis Ford Coppola (2015), Isabelle Huppert (2014) et Martin Scorsese (2013). A ses côtés, on retrouve l’Italienne Jasmine Trinca, la Franco-Indienne Kalki Koechlin, le Français Bruno Dumont, la Canadienne Suzanne Clément, l’Australien Jason Clrake, le Danois Bille August et l’Argentin Lisandro Alonso. Le Maroc sera, quant à lui, dignement représenté par la comédienne Fatima Harrandi, connue sous le nom de Raouia. «Cette diversité est portée par des choix de profils artistiques de haut niveau et conforte le positionnement du Festival : ouvert sur le monde, professionnel, cinéphile tout en étant attaché à son environnement social et culturel», expliquent les organisateurs du Festival.
Béla Tarr, réalisateur, scénariste et producteur, né en 1955 en Hongrie, a commencé à filmer à la fin des années 1970. Il est reconnu par ses pairs comme un auteur original et exigeant, donnant, à travers son cinéma, une expérience singulière de la durée et une vision du monde inédite.
Son travail amateur lui a rapidement valu l'attention des studios Béla Balázs, qui lui ont permis la réalisation de son premier film «Nid Familial» en 1979, un travail sur le réalisme socialiste clairement influencé par le travail de John Cassavetes. Ses deux films suivants «L'Outsider» en 1981 et «Prefab People» en 1982 sont dans la même veine. Mais c'est avec une adaptation de Macbeth pour la télévision en 1982 que sa façon de filmer va vraiment changer : le film ne comportant que 2 plans, le premier (avant le générique) de 5 minutes, le second de 67 minutes. La sensibilité de Béla Tarr porte aussi bien sur les plans très serrés que sur des compositions abstraites ou de longues prises. Sur le fond aussi, il est passé du réalisme à une métaphysique proche d'Andrei Tarkovski.
Primé au Festival de Berlin en 2011, où il reçoit l’Ours d’argent pour son dernier film «Le Cheval de Turin», son œuvre radicale se voit au-delà de toute frontière, grâce à l’intensité et l’universalité de sa splendeur visuelle. Mêlant au cinéma littérature, théâtre, peinture et musique, sa vision saisissante d’une réalité sociale, trouve écho dans certaines œuvres d’aujourd’hui. Considérée comme visionnaire par certains - parmi lesquels Susan Sontag, Jim Jarmusch et Gus Van Sant ou Martin Scorsese - l’œuvre du maître du cinéma hongrois Béla Tarr apparaît comme le dernier souffle triomphant d’une certaine école européenne, de Carl Dreyer à Andreï Tarkovski, sans oublier Miklós Jancsó. Béla Tarr est à l’initiative de l’ouverture, en septembre 2012, de la Film Factory de Sarajevo, un cursus doctoral mis en place en coopération avec des professionnels, comédiens et réalisateurs prestigieux en provenance du monde entier.
Les master classes
animées par trois
cinéastes de renom
Véritable agora cinéphilique, plébiscitées par la ferveur et l’adhésion d’un public, les master classes de l’édition 2016 confirment leur statut de carrefour de cultures et de styles, de rencontre d’expériences et de promesses d’avenir.
C’est ainsi que les professionnels, les cinéphiles auront rendez-vous avec le réalisateur canadien Paul Haggis, deux fois oscarisé et connu notamment par l’écriture du scénario du célèbre «Million dollar Baby», chef d’œuvre émouvant signé Clint Eastwood. Paul Haggis en passant à la réalisation avec «Collision» bouleversa le schéma narratif classique en mettant en scène des récits croisés ; lançant à l’occasion de ce film culte toute une tendance d’un cinéma polyphonique. L’autre intervenant à Marrakech n’est autre que le maître néerlandais, Paul Verhoeven, travaillant aussi bien en Europe qu’aux USA. Auteur complet, passionné et passionnant, figure culte de Hollywood avec des titres (Robocop, Total recall, Basic instinct…) emblématiques d’un cinéma électrisant, un brin provocateur et qui séduit un large public.
Autre démarche, autre style avec le réalisateur Pavel Lounguine qui vient de Russie, pays invité du festival cette année. Incarnation vivante d’un scénario expression de l’âme d’une nation, et où la poésie et la méditation métaphysique n’empêchent pas le cinéma de s’ouvrir sur les réalités d’un monde tourmenté.
Le Festival rend hommage
à une constellation de stars
Moments forts du Festival de Marrakech, les hommages sont une séquence qui illustre le rapport multidimensionnel que le festival entretient avec le cinéma. Pour cette 16ème édition, le festival rendra donc hommage à la Française Isabelle Adjani, au Hollandais Paul Verhoeven, au Japonais Shinya Tsukamoto et à "Abderraouf", figure emblématique de la scène comique marocaine.
Né en 1936 au Maroc, Abderrahim Tounsi, dit Abderraouf, est le précurseur de l’art humoristique au Maroc. Passionné par le théâtre, il débute sa carrière de comédien en créant, avec des amis, une troupe qui se produit dans des cafés en adaptant des textes de Molière. Abderraouf, personnage burlesque et simplet, créé en 1960 et inspiré d’un camarade de classe, séduit et fait rire des générations entières. Ses spectacles se jouent à guichets fermés et les enregistrements se vendent par milliers. Le succès d’Abderraouf va alors dépasser les frontières du Royaume, s’étendant auprès de l’ensemble de la communauté maghrébine installée à l’étranger. En 2011, il est nommé à Anvers «Meilleur humoriste marocain du XXe siècle» par la Fondation des Nuits de l’humour arabe.
De son côté, Shinya Tsukamoto, né à Tokyo en 1960, est considéré comme le plus radical et innovant des cinéastes indépendants japonais. Véritable homme-orchestre, il s’est entouré d’une authentique famille de cinéma, composée de collaborateurs et de comédiens prêts à le suivre dans l'exploration de ses fantasmes les plus délirants, inspirés par les univers cyberpunk de William Gibson et Bruce Sterling ainsi que les films de David Lynch ou David Cronenberg. Nombre de cinéastes occidentaux, tels que Quentin Tarantino, ne cessent de louer les multiples talents de ce scénariste, réalisateur, comédien, directeur de la photographie, cadreur, monteur, directeur artistique et producteur de génie.
Né en 1938, à Amsterdam, Paul Verhoeven est, pour sa part, l’auteur d’une œuvre éclectique, réalisée en Europe et aux Etats-Unis. Subversif et populaire, il aime appuyer là où ça fait mal. De «Robocop» à «Elle», en passant par «Basic Instinct», «Showgirls», «Starship Troopers» ou «Blackbook», le cinéaste néerlandais confirme son statut d’artiste majeur avec une filmographie aussi explosive que culte.
Pour ce qui est d’Isabelle Adjani, elle a su s’imposer, dès ses débuts, comme l’une des actrices les plus admirées au monde entier. Bouleversante, généreuse, rêvée par tous les cinéastes et capable de jouer tous les registres, elle est courtisée par les plus grands. François Truffaut, André Téchiné, Roman Polanski, Claude Miller, Werner Herzog, James Ivory, Patrice Chéreau ou encore Jean-Paul Rappeneau lui ont offert des rôles des plus importants.
Isabelle Adjani reçoit une double Palme d’interprétation au Festival de Cannes pour ses rôles dans «Possession» d’Andrzejuawski et «Quartet» de James Ivory. Après quatre Césars pour différents rôles, elle en obtient un cinquième, pour son interprétation dans «La Journée de la jupe» de Jean-Paul Lilienfeld, faisant d’elle l’actrice la plus récompensée par l’Académie à ce jour.
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Dans le cadre de sa seizième édition, le Festival international du film de Marrakech rend hommage au cinéma russe, l’un des plus riches et prolifiques en Europe. Du Royaume-Uni au Japon, en passant par la Scandinavie ou le Canada l’an dernier, le Festival international du film de Marrakech a toujours souhaité mettre en valeur les cinématographies afin de réinscrire les nouvelles œuvres dans le contexte qui les a vues naître. Cette année, la Russie sera donc à l’honneur, le cinéma russe – pré-révolutionnaire, soviétique ou d’après la Perestroïka –étant l’un des acteurs majeurs de la cinématographie mondiale depuis ses tout débuts. Si, durant les vingt-cinq dernières années, le cinéma russe se redéfinit, de grandes œuvres ont cependant vu le jour, de nouveaux noms sont venus succéder aux grands classiques et les grands festivals sont toujours à l’affût de ceux qui demain prendront le relais des réalisateurs auxquels Marrakech rendra hommage.
De Sergueï Eisenstein et son Cuirassé Potemkine au Leviathan Andreï Zviaguintsev, le festival balaiera quatre-vingt ans d’une cinématographie qui a alterné les genres : la Grande Histoire, les guerres et leurs traumatismes, les comédies, les problèmes sociaux, la remise en question, ou encore l’amour.
Rappelons enfin que le Festival de Marrakech a déjà décerné deux Grands Prix à des films russes (Champ sauvage de Mikhaïl Kalatozichvili, 2008 ; Classe à part d’Ivan Tverdovski, 2014), rendu hommage à Andrei Konchalovsky, invité Pavel Lounguine au jury, sans compter les nombreuses œuvres qui ont émaillé les sélections de cet événement. Il était naturel que l’hommage soit donc rendu à la cinématographie entière avec 30 films accompagnés d’une délégation de 30 invités (metteurs en scène, acteurs et actrices, chefs-opérateurs, scénaristes, institutionnels, et producteurs…).