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Les violations des droits de l’Homme par le gouvernement dénoncées par Amnesty

Après RSF et le Département d’Etat, AI-Maroc dresse un tableau sombre de la situation


Siham Moutaoukil
Lundi 2 Mai 2016

«Les atteintes aux droits de l’Homme se poursuivent au Maroc, que ce soit au niveau civil, politique, économique, social ou culturel et cela malgré l’adoption d’une nouvelle Constitution». C’est ainsi qu’Amnesty International Maroc a dépeint la situation des droits de l’Homme dans notre pays. 
Selon un communiqué publié sur la page Facebook de cette ONG à l’occasion de la Fête du travail et de la Journée de la presse qui sera célébrée demain, le gouvernement est encore loin d’admettre que les droits de l’Homme sont indissociables et interdépendants et que la dignité humaine exige le respect de l’ensemble des droits de toutes les personnes tout en  donnant la priorité au droit à une vie digne. 
La liberté d’expression a été également évoquée par cette ONG qui a regretté que ce droit soit limité comme en atteste la loi actuelle qui restreint la liberté des médias ainsi que toutes les formes d’expression. Une situation des plus inquiétantes puisque les projets de loi relatifs à la presse et à l’édition n’assurent pas  de protection suffisante à même de garantir l’exercice du droit d’expression. Amnesty International Maroc a rappelé en substance qu’elle a souvent souligné l’importance que revêt la liberté d’expression absolue notamment dans les affaires touchant les personnalités publiques et les institutions. Concernant les diffamations, elle estime que pareils dossiers doivent être du ressort de la justice civile et que les sanctions infligées doivent être proportionnelles aux violations commises et ne pas remettre en cause le droit à une expression libre.        
A ce propos, Amnesty International recommande au gouvernement  de respecter les libertés syndicales et la lutte contre la discrimination, la marginalisation et le chômage. Elle a également appelé à l’encadrement des comportements des individus et des entreprises ainsi que des acteurs non gouvernementaux pour garantir le respect des droits des travailleurs. Elle a insisté également sur l'impératif de lever les restrictions sur les libertés d'expression et de la presse, de respecter les libertés syndicales et les droits de l'Homme et de cesser les pressions exercées contre les ONG et la société civile.
Des critiques qui rejoignent celles relevées par Amnesty International dans son  dernier rapport sur la situation des droits de l’Homme dans 160 pays à travers le monde où le Maroc est placé à la traîne sur tous les points se rapportant au respect de ces droits. Le document en question avait révélé plusieurs restrictions de réunions, de rassemblements et d’associations ainsi que la dispersion de manifestations par l’usage de la force, les arrestations et les poursuites contre des personnes ayant osé critiquer le gouvernement. 
Le rapport avait abordé la situation "chaotique" des journalistes au Maroc "victimes de procès souvent imaginaires à motifs politiques". 
Au niveau des mauvais traitements, Amnesty International avait indiqué que plusieurs cas de torture ont été signalés. L’ONG accuse dans ce sens les autorités de ne pas protéger les victimes de ces mauvais traitements. Le rapport a aussi dénoncé la discrimination sexiste dont souffrent les Marocaines et évoqué le retard du projet de loi concernant l’accès à l’avortement qui devait voir le jour fin 2015.
Un pareil tableau a été également brossé par le Département d’Etat américain  qui a noté, dans son dernier rapport annuel sur les droits de l’Homme à travers le monde, des «problèmes persistants» en matière de respect des droits des citoyens dont la corruption et le mépris généralisé pour la primauté de l’Etat de droit par des forces de sécurité.
Le département d’Etat a évoqué également des cas de «détention arbitraire, d’utilisation excessive de la force, de torture ou encore des conditions de détention», se basant en outre sur une mission du Groupe de travail des Nations unies et des rapports des ONG et associations locales. Reconnaissant des «améliorations» en matière de surpopulation des prisons, le rapport estime que l’état des prisons est «resté généralement non conforme aux normes internationales».
Evoquant la détention préventive, le rapport a observé que bien que les accusés aient  droit à un procès dans les deux mois qui suivent leur arrestation, il n’en demeure pas moins que le Parquet peut  demander la prorogation de la détention provisoire de deux mois supplémentaires. Parfois, ces détentions peuvent durer plus d'une année. Des violations justifiées par l’encombrement des tribunaux marocains. Le ministère des Affaires étrangères a justifié ce retard par le manque de ressources humaines et d’infrastructures, l’absence de procédures  de négociation et le manque de recours à la médiation. Une situation des plus graves puisque le gouvernement a indiqué que 40,9% des détenus étaient en détention provisoire et que dans certains cas, ils sont condamnés à des peines inférieures à la durée de leur détention provisoire.
Le document évoque également la persistance de la violation des libertés d’expression et de la presse, avec notamment l’arrestation de journalistes, la discrimination contre les femmes et même les entraves gouvernementales à la liberté de réunion de certaines ONG et associations.



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