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Les haltérophiles indonésiens se préparent aux JO en faisant le Ramadan


Samedi 25 Juin 2016

Le vice-champion olympique indonésien Triyatno serre les dents quand il soulève un haltère de 180 kilos, un petit exploit pour un haltérophile qui s'entraîne sans avoir mangé ni bu car il observe le Ramadan pendant sa préparation pour les JO de Rio.
Pourtant, "je ne trouve pas que le poids soit lourd, ce n'est pas difficile", confie à l'AFP le médaillé d'argent dans la catégorie des moins de 69 kilos aux Jeux olympiques de Londres en 2012, lors d'une récente séance d'entraînement dans un stade à Jakarta.
"Mon entraînement reste le même" qu'en temps normal, dit le très pieux Triyatno en référence au Ramadan, le mois pendant lequel les musulmans doivent s'astreindre à l'abstinence entre le lever et le coucher du soleil.
Son coéquipier Eko Yuli Irawan, médaillé de bronze aux JO de Londres dans la catégorie des moins de 62 kilos, respecte lui aussi le mois du jeûne musulman et s'entraîne le ventre vide.
La religion joue un grand rôle dans la vie de nombreux fidèles à l'islam en Indonésie, pays musulman le plus peuplé au monde, comme en témoigne cette séance d'entraînement qui commence par une prière de tout le staff, debout, formant un cercle.
Triyatno et Irawan sont les deux seuls Indonésiens revenus de Londres avec des médailles olympiques en 2012. L'archipel d'Asie du Sud-Est attend beaucoup d'eux aux JO de Rio, du 5 au 21 août.
Et malgré les adversaires difficiles qui les attendent, tels les Chinois ou les Nord-Coréens, les deux haltérophiles indonésiens ne semblent pas accablés par la pression à l'entraînement, où ils déploient de gros efforts pendant deux heures.
"Dieu soit loué, jusqu'à maintenant cela ne m'a pas affecté", confie Irawan en référence au jeûne.
"J'ai l'habitude. A chaque fois qu'il y a un championnat, nous devons perdre du poids, donc de toute manière nous devons manger moins", dit-il.
Toutefois, l'haltérophile reconnaît que c'est parfois dur et que le fait d'avoir soif est un défi.
"C'est un peu difficile de rester concentré, mais on ne doit pas s'entraîner dur quotidiennement. Certains jours, on travaille simplement notre technique", souligne Irawan.
L'entraîneur de l'équipe nationale indonésienne, Dirja Wiharja, ne pense pas que le jeûne affecte les sportifs de haut niveau.
"Les athlètes indonésiens ont une mentalité de guerrier, ils se battent pour donner le meilleur d'eux-mêmes", dit-il.
Pendant le mois sacré du Ramadan, les haltérophiles prennent toutefois plus de suppléments nutritionnels au petit-déjeuner, qui doit être pris avant le lever du jour. Et l'entraînement commence à 09H30, une demi-heure plus tard que d'habitude, pour leur donner un peu plus de repos, précise l'entraîneur.
Tous deux originaires d'un milieu modeste dans la province de Lampung, sur l'île de Sumatra, Triyatno et Irawan ont conservé leur ferveur religieuse dans la foi islamique en arrivant au plus haut niveau de l'haltérophilie professionnelle, un sport choisi presque par hasard.
Irawan voulait initialement adhérer au club de football local, mais comme il n'avait pas les moyens de payer la cotisation mensuelle, il a opté pour l'haltérophilie, gratuite. Triyatno, lui, était attiré par la perspective de voyager et de séjourner dans de beaux hôtels.
Ils ont rapidement brillé dans les compétitions au niveau national, avant de participer aux Jeux olympiques et à des championnats du monde.
Après la fête de l'Aïd El Fitr, qui marquera la fin du mois du jeûne musulman début juillet, les deux haltérophiles participeront à un stage de préparation à Cape Town, en Afrique du Sud, avant de s'envoler pour Rio.
Si certains observateurs s'inquiètent de l'impact du jeûne sur les athlètes, d'autres pensent qu'une telle ferveur religieuse pourrait au contraire aider l'Indonésie à décrocher des médailles aux Jeux.
"Si la foi est profonde, nous devrions même avoir de meilleurs résultats", prédit ainsi Aveenash Pandoo, un ancien entraîneur sud-africain qui aide les Indonésiens à se préparer pour les JO.


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