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Les femmes sous-représentées en politique

La représentation politique de la femme marocaine dépend essentiellement de la volonté de l'Etat et des partis politiques


Mardi 8 Mars 2016

Il est au moins un constat sur lequel la classe politique marocaine est unanime: les femmes sont sous-représentées au sein des institutions politiques en dépit des acquis juridiques et constitutionnels engrangés au cours des dernières années.
Les femmes avaient, en effet, remporté 6.673 sièges lors des élections des conseils communaux du 4 septembre, soit presque le double du nombre de sièges décrochés lors du scrutin de 2009, selon des données du ministère de l'Intérieur.
Ce constat, peu glorieux à bien des égards, apparaît au premier abord dans les déclarations de deux figures emblématiques de l'histoire du féminisme marocain: Nouzha Skalli et Latifa Jbabdi, deux femmes politiques qui étaient souvent aux premières loges pour observer les méandres de la scène politique nationale.
Elles soulignent, un brin d'optimisme, qu'un long chemin reste à parcourir avant de parvenir à établir une parité saine et constructive au sein des institutions représentatives.
Pour Mme Skalli, le Maroc se trouve dans une position «critique» au niveau de la représentation politique des femmes, compte tenu du contexte régional où le taux de féminisation s'avère en pleine évolution dans certains Parlements arabes et africains.
Cette députée et ancienne ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social a fait observer dans un entretien à la MAP que le taux de féminisation au Parlement marocain (17 %) est largement devancé par le Sénégal (43 %), la Tunisie ou le Soudan (31 %).
 Mme Skalli, qui a fait de la participation politique des femmes son cheval de bataille au sein de son parti (PPS) et même celui de l'Exécutif, a regretté que cette comparaison ternisse l'image du Maroc en tant que leader régional en matière des droits des femmes, rappelant que S.M le Roi Mohammed VI avait montré le cap dès son premier discours à la nation à l'occasion du 20 août 1999, en mettant l'accent sur l'importance qu'il accorde à la question des droits des femmes, passage inéluctable pour le développement et la démocratie dans notre pays.
D'abord, «nous devons nous pencher sur la loi électorale avec l'objectif de viser le principe de parité, inscrit dans l'article 19 de la Constitution», a souligné Mme Skalli, qui a plaidé pour l'instauration d'un «seuil critique» du tiers des femmes au sein du Parlement, car, a-t-elle fait observer, «c'est à partir de 33% que les femmes peuvent infléchir les politiques publiques».
Mme Skalli a, par ailleurs, pointé du doigt les mécanismes qui président à l'établissement des listes électorales majoritairement masculines par des partis empreints d'une culture patriarcale bien ancrée.
Pour sa part, Latifa Jbabdi, ancienne présidente de l'Union de l'action féminine (UAF) et l'une des figures de proue du féminisme marocain, a souligné que la représentation politique de la femme marocaine dépend essentiellement de la volonté des acteurs politiques, notamment l'Etat et les partis politiques.
C'est une question de volonté politique plus qu'une barrière culturelle dans une société patriarcale où les femmes ne jouissent pas souvent d'une égalité des chances au moment d'accéder à la responsabilité politique, a-t-elle déploré. Et Mme Jbabdi d'affirmer: «Nous sommes dans l'obligation de mettre en œuvre des dispositions politiques qui permettent aux femmes de «briser le plafond de verre et d'accéder aux sphères de décision».
Elle en veut pour preuve les pays ayant réussi leurs expériences démocratiques et qui ont permis aux femmes de renforcer leurs capacités politiques et surmonter les obstacles à caractère socioculturel et ce, à travers des mesures politiques incitatives.
Le Maroc s'est engagé dans cette voie en adoptant le système de quota féminin en 2002 et en stipulant le principe de parité dans la Constitution. La mise en œuvre de ce principe est de nature à donner une meilleure visibilité à la représentativité des femmes au sein des instances locales et régionales, ce qui n'est pas le cas actuellement, a-t-elle déploré.
Ce dysfonctionnement pourrait être pallié à la faveur du débat en cours entre le gouvernement et les différents partis politiques en vue de réviser le projet de loi relatif à l'Autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination (APLD), adopté par le gouvernement en mars 2015 et soumis au Parlement, a dit Mme Jbabdi .

 


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