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Les eaux usées, une alternative contre les pénuries d'eau dans le secteur agricole

De nombreuses technologies et approches existent à travers le monde pour traiter, gérer et utiliser les eaux usées dans l'agriculture, assure la FAO


Alain Bouithy
Mardi 24 Janvier 2017

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) appelle à ne plus considérer les eaux usées municipales comme une  problématique.
A  en croire l’agence onusienne,  les eaux usées municipales constituent désormais une des alternatives dans la lutte contre les pénuries d’eau qui touchent de nombreux pays à travers le monde.  A l’instar de l'Egypte, de la Jordanie, du Mexique, de l'Espagne et des Etats-Unis qui ont dû explorer plusieurs options pour faire face à la hausse des pénuries d'eau.
Ainsi, « face à une demande alimentaire croissante et des pénuries d'eau de plus en plus fréquentes, il est temps d'arrêter de considérer les eaux usées comme des déchets pour plutôt les voir comme des ressources pouvant être utilisées pour cultiver ou encore pour lutter contre les pénuries d'eau dans le secteur agricole », a estimé  la FAO.
Pour l’organisation, il ne fait aucun doute que les eaux usées peuvent être utilisées sans risque dans le cadre de la production agricole (irrigation directe ou indirecte en rechargeant des aquifères).
Dans un communiqué rendu public récemment, la FAO précise toutefois qu’une telle pratique requiert « une gestion diligente des risques de santé avec notamment un traitement adéquat et un usage approprié ».
Traitées correctement, les sources en eau alternatives et non-conventionnelles - dont les effluents d'origine urbaine et les écoulements issus des fermes -  peuvent aider à atténuer le problème de concurrence d'accès aux ressources, a-t-elle assuré.
Mais pas seulement, puisqu’«en plus d'aider à remédier aux problèmes de pénuries d'eau, les eaux usées contiennent souvent une charge nutritive élevée, ce qui en fait un engrais efficace », a-t-elle ajouté. Par ailleurs, les infrastructures et les systèmes de gestion destinés à récupérer, traiter et réutiliser peuvent créer des emplois, a indiqué Marlos de Souza, fonctionnaire principal au sein de la Division des terres et des eaux de la FAO.
Bien qu’il manque de données détaillées sur cette pratique, ce dernier estime que « seule une infime proportion des eaux usées traitées est utilisée à des fins agricoles ». Selon ce dernier, il s'agirait pour la plupart des eaux usées municipales.
Quoi qu’on en pense, «jusqu'à présent, réutiliser les eaux usées pour l'irrigation s'est révélé efficace lorsqu'effectué non loin des villes où ces eaux sont largement disponibles et gratuites ou bien à bas coût et où il existe un marché pour les produits agricoles, y compris les cultures non-alimentaires », a fait remarquer Marlos de Souza, notant que cette pratique, longtemps utilisée par les petits exploitants agricoles, peut également être adoptée dans les zones rurales.
L’agence onusienne rappelle néanmoins que « les eaux usées non traitées contiennent souvent des microbes et des agents pathogènes, des particules issues de la pollution chimique, des résidus d'antibiotiques et d'autres menaces pour la santé des agriculteurs, des ouvriers de la chaîne alimentaire et des consommateurs ». Et que cela constitue, par ailleurs, une source d'inquiétude pour l'environnement.
N’empêche, il existe de nombreuses technologies et approches à travers le monde pour traiter, gérer et utiliser les eaux usées dans l'agriculture. La FAO assure que « la plupart correspondent spécifiquement aux ressources naturelles locales, aux systèmes agricoles où elles sont utilisées et aux cultures qu'elles contribuent à produire ».
Ainsi, comme l’a affirmé Marlos De Souza, «utilisées et gérées en toute sécurité, les eaux usées peuvent passer de fardeaux à atouts».
Pour rappel, l'agriculture utilise déjà 70% des prélèvements mondiaux d'eau souterraine. Sachant que la demande alimentaire est appelée à augmenter d'au moins 50% d'ici 2050, la FAO prévient que les besoins en eau de l'agriculture devraient également augmenter. Tout comme les demandes issues des villes et des industries, a-t-elle ajouté.
A noter qu’une réunion d'un groupe d'experts sur cette thématique s’est tenue jeudi dernier à Berlin, en marge du Forum mondial pour l'alimentation et l'agriculture (19 - 21 janvier). Au cours de cette rencontre, les participants se sont penchés sur la manière dont les pays appréhendent ce défi et les dernières tendances concernant l'utilisation des eaux usées dans la production agricole.


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