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Les chefs-d’œuvre meurent aussi mettent en garde des experts


AFP
Samedi 13 Septembre 2014

Les chefs-d’œuvre meurent aussi  mettent en garde des experts
Les “Tournesols” de Van Gogh semblent se faner,  les touches de jaune du “Cri” de Munch (1910) prennent une teinte ivoire: “les  chefs-d’œuvre ne sont pas immortels”, ont averti des experts internationaux  cette semaine à Paris.
Ils insistent sur la nécessité d’affecter des moyens accrus à l’étude des  processus d’altération des oeuvres d’art en vue d’une meilleure conservation. 

“Notre héritage culturel est malade”, déclare à l’AFP Robert van Langh,  directeur de la conservation et de la restauration au Rijksmuseum à Amsterdam,  en marge d’une conférence internationale sur les “Rayonnements Synchrotron dans  l’art et l’archéologie”, qui s’est tenue au musée du Louvre de mercredi à  vendredi.
 “Les pays devraient multiplier par dix les montants affectés” à la  préservation des oeuvres, estime M. van Langh. “Ces icônes de notre culture,  d’une valeur inestimable, se dégradent et si nous n’agissons pas, les  générations futures ne verront pas la même oeuvre que nous”, ajoute-t-il.
“Il y a des tas de chercheurs qui seraient prêts à se lancer dans ce  travail mais l’argent manque”, remarque Jennifer Mass, responsable scientifique  au laboratoire de recherche du Winterthur Museum dans le Delaware (Etats-Unis). Les synchrotrons, grands instruments permettant l’analyse de la matière à  partir de l’interaction entre un faisceau lumineux (allant de l’infrarouge  jusqu’aux rayons X) et l’échantillon ou l’objet étudiés, sont de plus en plus  sollicités pour l’art et le patrimoine.
 
Stopper les réactions 
chimiques
Les champs d’investigation des synchrotrons sont variés et ils permettent notamment d’étudier l’altération des œuvres.
Van Gogh (1853-1890) n’a pas eu la main heureuse. Il a choisi pour ses  jaunes des pigments industriels nouveaux qui se sont révélés très altérables, souligne Koen Janssens, chimiste belge de l’université d’Anvers.
Le jaune de cadmium s’oxyde en sulfate de cadmium avec l’air, perdant  couleur et luminosité. Par la suite, Van Gogh s’est tourné vers le jaune de  chrome, notamment pour ses “Tournesols”. Mais ce pigment brunit notamment sous l’effet des rayons ultraviolets. Plusieurs laboratoires, dont celui de Koen Janssens, se sont penchés sur  les “Fleurs dans un vase bleu” (1889) de Van Gogh, qui présente une couche  sombre et craquelée en certains endroits.  Une analyse à l’aide de faisceaux de rayons X et infrarouges a permis  d’établir que cette fois-ci, le coupable n’était pas le jaune de cadmium. C’est  un vernis, appliqué après la mort du peintre, qui s’est détérioré, formant  cette croûte opaque gris orangée qui gâte une partie du tableau.
 Des images sur ordinateur permettent de montrer le tableau tel qu’il devait  être lorsqu’il a été peint par Van Gogh, avec ses couleurs éclatantes. 
Edvard Munch (1863-1944) a utilisé lui aussi du jaune de cadmium pour la  version du tableau “Le Cri” de 1910, qui appartient au Munch Museum d’Oslo.  Sous l’effet d’une photo dégradation, les touches de jaune ont pris une teinte  ivoire.
 Les peintres impressionnistes au XIXe siècle et les artistes modernes du  début du XXe siècle (Matisse, Picasso...) ont eux aussi utilisé des pigments  industriels comme le jaune de cadmium, le jaune de chrome, le vert émeraude ou  l’outremer synthétique. 
Ceux-ci ont révélé leur instabilité parfois très vite (vingt ans), parfois  au bout d’un siècle. Les oeuvres de cette époque sont donc plus fragiles que  celles des maîtres anciens, souligne Mme Mass.
Mais les tableaux anciens ont eux aussi leurs problèmes. Le bleu smalt,  utilisé notamment par Rembrandt, a tendance à tourner au gris-brun.
 “Entre chercheurs, nous travaillons à construire un modèle permettant de  montrer à quoi ressembleront certains tableaux dans environ cinquante ans”,  indique M. Janssens. 
Le but des analyses scientifiques est de “comprendre les mécanismes de  dégradation, afin que les peintures soient présentées dans une lumière et une  atmosphère adaptées et dans de bonnes conditions hygrométriques, pour stopper  les réactions chimiques que subissent les pigments”, explique Mme Maas. 


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