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Les Marocains de 2050 seront citadins et vieux

La nouvelle cartographie de la population dressée par le HCP


Alain Bouithy
Mercredi 24 Mai 2017

C’est décidément le mois de l’actualisation pour le Haut-commissariat au plan (HCP). Une semaine après avoir dévoilé le nouveau visage de la pauvreté au Maroc, l’institution que dirige Ahmed Lahlimi Alami a procédé, cette fois-ci, à l’actualisation des projections de la population aux niveaux national, urbain et rural.
Il ressort ainsi de cette étude, réalisée selon les normes internationales en vigueur et trois variantes : « haute », « moyenne » et « basse », que la population du Maroc passerait, selon la variante moyenne, à 43,6 millions en 2050 au lieu de 33,8 millions d’habitants en 2014. Ce qui représente une croissance additionnelle moyenne de 272.000 habitants par an, soit l’équivalent de la population d’une ville moyenne comme Sefrou.
Selon les projections de la population et des ménages entre 2014 et 2050, l’évolution démographique marocaine serait principalement urbaine. Une tendance qui serait liée en partie à l’exode rural et à l’urbanisation des zones rurales.
« Les villes marocaines abriteraient, en 2050, 73,6% des habitants du pays au lieu de 60,3% en 2014, avec respectivement 32,1 millions et 20,4 millions. La population rurale connaîtrait, en revanche, un léger recul de son effectif ; de 13,4 millions de personnes en 2014, elle serait de 11,5 millions vers 2050 », a relevé le Haut-commissariat dans une note rendue publique récemment.
Après examen et recoupement des données, les analystes du HCP ont observé une baisse progressive des effectifs de la population jeune, citant le cas des enfants de moins de 15 ans dont les effectifs connaîtraient une baisse due à la diminution supposée de la fécondité entre 2014 et 2050.  A en croire les résultats de cette étude, les effectifs passeraient ainsi pour les enfants de 4-5 ans, enfants d’âge préscolaire, de 1,3 million à 1 million, pour les enfants de 6-11 ans, enfants scolarisables dans le primaire, de 3,6 à 3,2 millions et pour les enfants de 12-14 ans, enfants scolarisables au deuxième cycle du fondamental, de 1,8 à 1,6 million.
Dans le même temps, la population en âge d’activité serait en augmentation. D’après les résultats de cette étude, « la population potentiellement active, 15-59 ans, serait de 25,6 millions en 2050 au lieu de 21,1 millions en 2014», a relevé le HCP.
Considérée comme celle des nouveaux entrants au marché du travail, la population âgée de 18-24 ans connaîtrait un faible accroissement de son effectif de 4,3 millions en 2014 à 4,5 millions en 2032. Et le HCP d’estimer qu’« au-delà, elle diminuerait sensiblement pour atteindre 3,8 millions en 2050, enregistrant une baisse d’environ 10% sur la période des projections ».
En parallèle, le Haut-commissariat a relevé une accentuation du vieillissement de la population, indiquant que les personnes âgées de 60 ans ou plus verraient leur effectif s’accroître à un rythme soutenue de 3,3% par an en moyenne entre 2014 et 2050.
A en croire les analystes de l’institution, « cette population serait multipliée par plus de 3 fois passant de 3,2 à 10,1 millions. Elle représenterait 23,2% de la population totale alors qu'elle ne constituait que 8,1% et 9,4%, respectivement en 2004 et 2014 ».
L’actualisation des projections de la population a aussi livré d’autres enseignements tout aussi importants faisant état du doublement du nombre de ménages et de la diminution de la taille moyenne de ces derniers.
D’après l’étude, le nombre de ménages atteindrait 13,7 millions au lieu de 7,3 millions, soit 177.000 ménages additionnels par an, en moyenne. Le HCP a expliqué que « l'accroissement du nombre de ménages s'accompagnerait d'un changement dans la structure, selon l’âge et le sexe, des chefs de ménage. Ainsi, la prédominance masculine tendrait à diminuer et le poids des ménages dirigés par des femmes passerait de 16 à 21% entre 2014 et 2050 ».
En ce qui concerne la taille moyenne des ménages, elle connaîtrait une baisse significative, passant de 4,6 personnes en 2014 à 3,2 en 2050. Ce recul est attribué au fléchissement de la fécondité, qui a entraîné la baisse du nombre moyen d’enfants par ménage, et à l’accroissement de la nucléarisation des familles, laquelle a induit une diminution du nombre moyen d’adultes par ménage.
A noter que cinq régions contribueraient par près de trois quart à la croissance démographique totale. Pour des considérations techniques concernant la stabilité des évolutions fondant les paramètres démographiques, le HCP a toutefois prévenu que « la répartition de la population du pays selon les régions et les provinces a été projetée uniquement jusqu’en 2030 ». Avant de souligner que les cinq régions, les plus peuplées en 2014, continueraient à l’être en 2030.
Il s’agit du Grand Casablanca-Settat (26,2%), Rabat-Salé-Kénitra (13%), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (12%), de Sous-Massa (11,6%) et Marrakech-Safi (11,4%) qui contribueraient par environ 74,3% à l’accroissement démographique total du Maroc, a précisé le HCP.
Dans ce même volet, l’étude aussi révélé que «les régions du Sud connaîtraient les taux d’accroissement annuel moyen les plus élevés avec un taux de 1,4%, supérieur à la moyenne nationale pour la période, de 0,96%».
Le HCP a, en revanche, constaté que les régions de Drâa-Tafilalet, Béni-Mellal- Khénifra et Fès-Meknès s’accroîtraient à un rythme plus faible, aves un taux de moins de 0,6% en moyenne par an.
L’autre révélation tout aussi instructive est que douze provinces constituaient en 2014 près des quatre dixièmes de la population totale du Maroc, soit 39,6%. Cette prédominance continuerait avec le même poids vers 2030 avec 38,9% de la population du Maroc. Il s’agit des provinces de Casablanca,Marrakech, Fès, Tanger-Asilah, Kénitra, Salé, Taroudannt, Meknès, El Jadida, Safi, Taounate et Settat, qui abritent de grandes municipalités ou arrondissements de plus de 100.000 habitants.
Enfin, l’étude ajoute que « les provinces les plus dynamiques au plan démographique seraient celles de Médiouna et Nouaceur avec un taux d’accroissement de 5,8% et Oued Eddahab (4,4%) entre 2014 et 2030, suivies des préfectures de M'Diq-Fnideq et Skhirat-Témara avec 3,1% ». alors que les provinces qui connaîtraient une forte régression et un taux d’accroissement négatif seraient celles de Taza (-1,0%), Sidi Bennour  (-1,1%), Rabat (-1,6%), Driouch (-1,4%), Sidi Ifni (-1,4%) et Aousserd (-2,0%), a conclu le HCP.


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