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Le pavillon maritime national prend eau de toutes parts


Alain Bouithy
Lundi 24 Novembre 2014

Le pavillon maritime national prend eau de toutes parts
Le volume du trafic maritime mondial a connu une faible augmentation de 3,8% en 2013 représentant un volume total de près de 9,6 milliards de tonnes, indique le dernier rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
Selon The Review of Maritime Transport, la revue annuelle de la CNUCED, « une grande partie de l'expansion du commerce maritime a été tirée par la croissance des flux de marchandises sèches, en particulier les produits en vrac, qui ont augmenté de 5,6%».
Le rapport relève également un bond d’environ 5,6% du débit mondial des ports de conteneurs qui s’est élevé à plus de 650 millions d’équivalents 20 pieds au cours de la même période.
A propos, on notera que le Maroc a enregistré un débit des ports de conteneurs estimé à 2.500.000 en 2013 contre 1.800.000 en 2012 (2.083.000 l’année d’avant), soit une croissance de 38,89%. Il est à rappeler que ce débit avait régressé de  13,59% entre 2011 et 2012. Il avait atteint 2.083.000 en 2011.
Le rapport s’est aussi intéressé aux pays et territoires maritimes les plus importants du point de vue du port en lourd. 
Ainsi, dans sa rubrique « Propriété et exploitation de la flotte mondiale », le rapport indique qu’à partir du 1er janvier 2014, le Maroc comptabilisait 34 navires représentant un tonnage de 209.000 tonnes de port en lourd (tpl), soit 0,012% du total mondial.
Sous pavillon national, le rapport avance un tonnage de 99.000 contre 110.000 de port en lourd  sous pavillons étrangers, soit 52,74%. La croissance sur 2013 serait ainsi négative, soit 0,7%. Ce qui, estime le rapport, représente en réalité quelque 209.000 tonnes.
Plus généralement, l’organisation onusienne indique que « la taille de la flotte mondiale a globalement atteint un total de 1,69 milliard de tonnes de port en lourd en janvier 2014, après avoir enregistré une croissance de 4,1% en 2013. Les vraquiers ont représenté 42,9% du tonnage total, suivi par les pétroliers (28,5%) et les navires porte-conteneurs (12,8%)», poursuit le rapport, qui prévoit un taux de croissance encore plus faible pour l'année en cours. Ce ralentissement, estime la revue, reflète le ralentissement du cycle historique de construction navale enregistré en 2012.
Après la forte baisse enregistrée précédemment, le carnet de commandes a connu une légère augmentation pour la plupart des types de navires. Ce, pour la première fois depuis le début de la crise économique et financière en 2008.
Si les chiffres sont relativement positifs, en dépit des faibles croissances enregistrées dans différentes rubriques, il faut cependant noter que la situation est loin d’être réjouissante à l’échelle nationale. 
En effet, l’activité maritime au Maroc reste marquée par une crise importante qui s’est traduite par la faillite de plusieurs sociétés au cours des deux dernières décennies, la perte de nombreux emplois et la précarité des revenus dans ce secteur.
Cette situation plombe sérieusement un secteur pris désormais en tenailles entre la forte concurrence des flottes étrangères et les contraintes financières que l’Etat impose aux armateurs marocains. 
Le marasme dans lequel se trouve le secteur maritime est aussi attribuable au manque de visibilité du Maroc et aux erreurs qu’il a commises lors de différents bouleversements et tournants majeurs qui ont marqué le paysage maritime mondial.
«Nous avons raté tous les tournants majeurs qui ont marqué le paysage maritime mondial, on a manqué de visibilité par rapport à ces bouleversements, et aujourd’hui nous sommes dans une situation catastrophique insupportable», a confié à la presse Hassania Cherkaoui, présidente de l’Association marocaine de droit maritime et aérien (AMDMA). 
Persuadée que rien n’est encore perdu, elle a estimé que le Maroc a de fortes potentialités dans le secteur et qu’il peut encore se réapproprier son espace maritime et donc capter les bénéfices de la croissance mondiale.
Mais pour cela, le gouvernement devra favoriser le développement de l’affrètement, instaurer des mesures fiscales incitatives de nature à encourager de nouveaux opérateurs, instaurer un système de taxation au tonnage pour redynamiser l’armement national existant et favoriser le développement du pavillon marocain de complaisance, entre autres. Ce qu’il ne semble pas vouloir faire jusqu’ici, se contentant de souffler sur les braises d’un secteur qui prend eau de toutes parts.



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