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Le message Royal au Sommet de Kigali sous la loupe des politologues


T. Mourad
Mardi 19 Juillet 2016

Le message historique de S.M le Roi Mohammed VI au Sommet de l’Union africaine qui se tient à Kigali a été fortement salué par les analystes politiques et les chercheurs marocains. 
«C’est un discours audacieux, sage et qui intervient dans un moment historique», a affirmé d’emblée Moussaoui Ajlaoui, chercheur à l’Institut des recherches africaines à l’Université Mohammed V Agdal.
Il s’agit, selon lui, d’une analyse lucide et forte. Tout d’abord, le discours Royal a rappelé l’apport de Feu S.M Mohammed V qui était parmi les dirigeants africains (Jamal Abdel Nasser, Ferhat Abbes, Modibo Keita, Sekou Touré, Kwame N’Kruma) qui ont annoncé à la conférence de Casablanca en 1961 une Afrique émancipée et posé les jalons de l’intégration africaine. Ou encore l’apport de Feu S.M Hassan II qui avait réuni la même année la Conférence des Mouvements de libération des colonies sous domination portugaise en Afrique. 
Après quoi, le discours de S.M le Roi, selon Moussaoui Ajlaoui, a mis en avant les raisons qui ont poussé le Royaume à quitter l’OUA durant les années 80. Et en dépit de cette sortie, le Maroc est resté au cœur de l’Afrique. 
Pour ce spécialiste des questions africaines, vu le rôle important que joue le Maroc à tous les niveaux : sécuritaire, économique, politique, cette décision de retour d’un acteur fort à la famille africaine donnera plus de vitalité à l’UA et renforcera sa position sur la scène internationale.
«Ce retour est politique et les dirigeants africains applaudiront cette décision historique. C’est un retour sans condition, mais le Maroc compte sur la sagesse et le courage des dirigeants africains pour corriger les erreurs du passé», en se prononçant notamment pour l’expulsion de la pseudo-RASD, Etat fantoche qui a été accepté comme membre au sein de l’OUA durant les années 80. 
Pour lui, «le Maroc s’attache toujours à ses constances, mais il est devenu plus pragmatique. Je crois que la situation actuelle est plus favorable. Le Maroc retourne en force, alors que les pays africains qui lui sont hostiles passent par de mauvais moments : l’Algérie passe par une crise économique, sociale et politique, les scandales financiers secouent l’Afrique du Sud, le Zimbabwe est frappé par une crise politique, alors que le Nigeria avait compris que le Maroc était devenu un acteur important en Afrique sur les plans économique, de lutte contre le terrorisme ainsi qu’en matière de sécurité alimentaire».
Quant aux questions se rapportant à la procédure, Moussaoui Ajlaoui a estimé qu’il s’agit d’une demande de retour et non d’adhésion, car l’adhésion concerne les pays nouvellement constitués. Il reste maintenant, selon lui, de savoir si le Maroc payera-t-il ces cotisations annuelles depuis qu’il a quitté cette organisation, surtout que l’UA passe par une crise financière aiguë.
Faisant abstraction des détails procéduraux, le Maroc, selon Ajaloui, est au cœur de l’Afrique. Il est fortement présent dans l’économie et la coopération Sud-Sud. Il contribue à ce que la paix et la sécurité règnent dans le continent africain.
Pour sa part, le politologue et universitaire Mustapha Sehimi a souligné que le discours de S.M le Roi est «un acte fort» de ces Assises continentales, mais aussi pour le redéploiement de la politique étrangère du Maroc. 
Sehimi a déclaré à la MAP que le Maroc «attend de l’Union africaine du courage pour mettre fin à l’aberration que constitue l’admission de la prétendue RASD au sein de cette organisation continentale», ajoutant qu’«après bien des errements, c’est à l’UA, dans sa sagesse et responsabilité, de faire droit à une réparation historique due au Maroc et d’assumer ses responsabilités».
Selon lui, S.M le Roi a instamment invité les présidents africains «à changer de logiciel et à s’engager résolument dans une vision renouvelée en Afrique, marquée du sceau de plusieurs principes, à savoir le développement humain et durable, la lutte contre la pauvreté, la sauvegarde de la stabilité et la consolidation de la sécurité».
«Au total, un défi visant le bien-être des populations, mais aussi le renforcement de l’unité et de la cohésion. Dans cette perspective, le Maroc entend jouer son rôle et retrouver sa place», a-t-il conclu.
Par ailleurs, Saïd Seddiki, professeur des relations internationales à l’Université Al Aïn pour les sciences et les technologies aux Emirats arabes unis, a affirmé que le retour du Maroc au sein de l’UA est une décision importante et fondamentale pour le renforcement de l'ancrage stratégique du Royaume sur le continent, expliquant que «ce retour intervient à un moment important pour la politique étrangère du Royaume, dont l’Afrique constitue l'axe principal et son enracinement stratégique».
Cette décision, selon lui, «ne constitue pas seulement une réponse à la volonté du Maroc, tant au niveau populaire qu'officiel, de renforcer sa présence au niveau africain, mais aussi une réponse aux appels lancés à maintes reprises par plusieurs pays africains influents qui n’ont eu de cesse d’appeler le Royaume à réintégrer l’UA».
Ce retour, estime-t-il, dénote une diplomatie «offensive» suivie par le Royaume pour contrecarrer les allégations des ennemis de l'intégrité territoriale, relevant que le renforcement de la présence africaine conjugué au retrait par plusieurs pays de leur reconnaissance de la république fantoche, constituent un signal fort sur le fait que l’action diplomatique sérieuse portera ses fruits, que ce soit en ce qui concerne la question nationale ou les défis communs auxquels sont confrontés le Maroc et les pays africains.
Pour sa part, le chercheur et écrivain Faouzi Skali a affirmé dans une déclaration relayée par  la MAP que la décision du Maroc de réintégrer l’Union Africaine est une «leçon historique» en rappelant que «la décision du retrait aussi bien que celle du retour ne doivent rien à une politique politicienne ou à des a priori idéologiques».
Il s'agit d'une décision répondant à une volonté de cohérence par rapport à des principes intangibles qui ont balisé l'histoire africaine post-coloniale du Royaume, depuis la déclaration de la Charte de Casablanca en 1961, sous les auspices de Feu S.M Mohammed V jusqu'à l'engagement continu de Sa Majesté le Roi Mohammed VI prônant une politique africaine multidimensionnelle, à la fois économique, sécuritaire, stratégique et culturelle qui ne cesse de prospérer et de se développer, a-t-il expliqué.
Quant au politologue Mostafa Tossa, il a affirmé dans un article publié sur le site français AtlasInfo que S.M le Roi Mohammed VI «parie beaucoup sur la sagesse des chefs d'Etat africains pour créer les conditions d'un retour réussi du Maroc au sein de la famille institutionnelle africaine. Dans cette optique, le Souverain a demandé ouvertement à l'Union africaine de revoir ses choix et sa stratégie à son égard, estimant que cette exigence de révision est d'autant plus indispensable que S.M le Roi s'interroge avec une grande pertinence sur la cohérence des positions de l'Union africaine avec celle de ses membres qui ont abandonné les sirènes séparatistes du Polisario.
Tajeddine El Houssaini, professeur des relations internationales à la Faculté de droit de Rabat a, quant à lui, déclaré que «le Maroc a opté pour une nouvelle voie consistant à défendre ses intérêts avec le soutien de ses amis de l’intérieur de l’UA et non pas de l’extérieur».  Le retour du Royaume au sein de cette organisation internationale constitue un «choix judicieux étant donné que le Royaume est devenu plus africain que jamais, tant en ce qui concerne ses relations bilatérales avec les pays africains, les groupements régionaux, l’Afrique de l’ouest, l’Afrique centrale, que dans le cadre de l’Union du Maghreb arabe ou encore à travers la défense des causes de l’Afrique au sein des forums internationaux».
 


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