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Le jiu-jitsu brésilien lutte pour une place sur la scène mondiale


Mardi 6 Octobre 2015

Le jiu-jitsu brésilien lutte pour une place sur la scène mondiale
Plaqué au sol à plat ventre dans un gymnase de Rio, Jason Lee a le bras pris par son adversaire dans une clé douloureuse. Mais ce Néo-Zélandais de 26 ans est content. Il a traversé la moitié de la planète pour vivre ça.
Tout comme les chefs pâtissiers font des pèlerinages en France ou les mystiques en Inde, des jeunes du monde entier viennent à Rio de Janeiro apprendre le jiu-jitsu brésilien, un art martial peu connu mais en passe de devenir un produit d'exportation recherché. Autrefois pratiqué presque exclusivement au Brésil, le jiu-jitsu brésilien est l'une des formes de combat sans arme qui augmente le plus dans le monde. Il est à l'origine du phénomène de lutte MMA (arts martiaux mixtes) très populaire aux États-Unis, au Moyen-Orient et en Asie.
Dans le gymnase bondé de la banlieue nord de Rio, un quartier boudé des touristes, Lee est l'un des quatre étrangers sur la vingtaine d'hommes et de femmes qui s'entraînent.
Il est évident que les "gringos" ne sont pas venus pour la modernité des installations : le gymnase donne sur une rue bruyante, dispose de toilettes sordides et est si exigu que les combattants rebondissent littéralement sur les murs revêtus de tissu matelassé.
Mais la moitié des sportifs qui sont dans la salle détiennent la ceinture noire de l'élite de ce combat.
"Ici, c'est connu pour être la fabrique de champions", déclare fièrement Lee à l'AFP.
Mince et à la voix douce, il était ceinture noire de karaté en Nouvelle-Zélande quand il a découvert le jiu-jitsu. Moins de trois après - déjà ceinture bleue, la deuxième du jiu-jitsu - il a pris un avion pour Rio.
Le jiu-jitsu n'était connu qu'en Asie mais en 1914 le maître japonais Mitsuyo Maeda a migré au Brésil où il a introduit ce sport en donnant des cours aux fils de l'entrepreneur Gastao Gracie, à Belem, la capitale de l'Etat amazonien du Para.
C'est le fils cadet de Gracie, Helio, écarté du jiu-jitsu en raison de son physique fragile, qui allait faire l'histoire. D'après la légende, Helio a passé des années à observer ses frères jusqu'à ce qu'on lui donne une chance de lutter. Il a alors eu l'idée d'adapter les mouvements traditionnels à son physique. Et il a eu raison. En sophistiquant les techniques, Helio a vaincu tous ses adversaires facilement par soumission et sans même leur porter de coup violent. Ainsi naissait le jiu-jitsu brésilien, le BJJ, un sport devenu l'empire de la famille Gracie.
Mais c'est le fils aîné d'Helio Gracie, Rorion, qui est devenu le plus célèbre en lançant l'"Ultimate Fighting Championship" (UFC) aux États-Unis dans les années 90. Venait de naître le MMA qui, depuis, n'a eu de cesse de se réglementer et de se professionnaliser. Le reste de la famille n'a pas non plus perdu son temps: "J'ai ici des étudiants des Bermudes, d'Argentine, d'Iran, de France", déclare Rolker Gracie, 51 ans, un autre des enfants d'Helio, assis en tailleur sur le tapis vert et rouge de "l'Académie Gracie", dans la zone sud et touristique de Rio.
"Je vais à des séminaires en Afrique, à Buenos Aires, et mes frères vont en Israël, au Koweït, partout", dit-il. "J'ai un frère en Espagne, un autre à Honolulu, un à San Diego et un frère et deux soeurs à Los Angeles. Tous enseignent le jiu-jitsu."
Alors que les Gracie sont l'aristocratie du jiu-jitsu, un authentique membre de la royauté d'Abou Dhabi, le cheikh Tahnoon bin Zayed, s'est imposé comme le plus grand promoteur de ce sport. Fan de l'UFC, le cheikh Tahnoon a fondé son propre club à Abou Dhabi, avec des tournois annuels et des récompenses allant jusqu'à 40.000 dollars. L'émirat riche en pétrole est ainsi devenu une nouvelle capitale de cet art martial, qui doit figurer pour la première fois aux jeux d'Asie à Jakarta en 2018. Les Brésiliens considèrent le jiu-jitsu comme un "art doux", certains le comparent à un "jeu d'échec physique" car les coups sont interdits. Mais la soumission se fait au moyen de clés de bras ou d'asphyxie où les lutteurs perdent parfois brièvement connaissance... aussi ce concept de "doux" est-il relatif.
"On m'a cassé le nez trois fois et disloqué les deux genoux", témoigne Jacob Mackenzie, 29 ans, un champion canadien ceinture noire. "Ici (à Rio) l'entraînement est très dur. Il n'y a pas de touristes ou d'endroits spéciaux pour les +gringos+",
souligne-t-il.
Après des années d'entraînement au Brésil, il donne désormais des cours dans une douzaine de pays. Et comme le Néo-Zélandais Lee, il rêve d'ouvrir sa propre académie de jiu-jitsu dans son pays.


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