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Le chômage flirte avec des records inédits

A l’instar du HCP et du CMC, BAM épingle la politique socioéconomique du gouvernement


Meyssoune Belmaza
Lundi 6 Juillet 2015

Le chômage flirte avec des records inédits
Si sur les marchés du travail des pays avancés, le taux de chômage s’est inscrit globalement en baisse, sous le ciel marocain la donne n’est guère réjouissante avec une population au chômage qui a augmenté en 2014 et pour la troisième année consécutive pour s’établir à 1,2 million de personnes.
En effet, le dernier rapport annuel de Bank Al-Maghrib (BAM) qui dresse le topo d’une situation économique des plus déplorables fait froid dans le dos. D’un côté, il dévoile qu’au niveau mondial, la consolidation de la reprise aux Etats-Unis s’est traduite par une diminution du taux de chômage de 7,4% à 6,2%, avec des créations nettes d’emplois s’établissant à un niveau record depuis 15 ans, soit près de 3 millions de postes après 2,3 millions en 2013. Et d’un autre, il décline une économie au niveau local qui n’a généré que 21.000 emplois, soit la deuxième plus faible création au cours des quatorze dernières années. 
En fait, avec un taux de chômage s'établissant à 9,9 % en 2014 contre 9,2 % en 2013, c’est dire que le tableau esquissé par la Banque centrale est plus que sombre au Maroc.
L’on explique ainsi de même source que cette augmentation intervient dans un contexte marqué par la lenteur de la reprise des activités non agricoles et une campagne agricole moyenne.
Et d’indiquer dans ce rapport de BAM sur la situation économique et financière au titre de l'année 2014 et qui a été présenté vendredi dernier devant S.M le Roi Mohammed VI, que la dégradation de la situation du marché du travail a été plus enregistrée en milieu urbain et particulièrement parmi les jeunes de 15 à 24 ans, dont près de quatre sur dix ne trouvent pas d'emploi. La même source précise que ce constat est dû à une création nette d'emplois limitée à quelque plus de 20.000 postes, soit la plus faible après celle de 1.000 postes en 2012.
BAM poursuit dans son analyse que, par secteur, tandis que l’industrie a accusé une perte de 37.000 postes, la plus importante depuis 2009, le BTP a connu une stagnation de ses effectifs après deux années de baisses significatives et celui des services, principal pourvoyeur d'emplois, n’en a créé que 42.000. «Cette situation aurait poussé une frange de la population à se retirer du marché du travail, induisant ainsi une nouvelle diminution de 0,3 point du taux d’activité», font ressortir les auteurs de ce rapport notant que malgré cette baisse, le chômage s’est aggravé enregistrant une hausse sensible de 0,7 point. 
Autre bémol, en zones urbaines, ajoute la Banque centrale, le chômage a atteint 14,8% et que ce sont les jeunes et les femmes qui restent les plus touchés.
A ce propos, s’il est vrai que le chômage des jeunes est un fléau mondial qui touche aussi bien les économies avancées que celles en développement, au Maroc, ce phénomène a pris une dimension importante qui en fait un problème social et économique inquiétant, fait savoir BAM. Et de mettre en exergue, qu’après une baisse continue entre 1999 et 2003, il s’est, en effet,  inscrit dans une tendance haussière atteignant en 2014, 20,1% au niveau national et culminant à 38,1% en milieu urbain relevant que contrairement à certains pays développés comme la France ou la Belgique, le chômage des jeunes au Maroc est plus répandu parmi les actifs qualifiés. La publication précise, ainsi, que son taux passe de 9,2% chez les sans diplômes à 24,6% parmi les détenteurs d’un diplôme de niveau moyen et à 60,5% parmi ceux ayant un diplôme de niveau supérieur. Outre le chômage, l’on met en relief que les jeunes restent également la frange de la population la plus touchée par le phénomène du sous-emploi avec un taux qui s’est élevé à 13% en 2013 contre 12,3% pour les 25- 34 ans, 9,3% pour les 35-44 ans et 4,6% pour les 45 ans et plus.
Par ailleurs et préalablement à ce rapport de BAM, le Haut-commissariat au plan avait eu le mérite de présenter un taux de chômage qui resterait rigide à la baisse et qui devrait se situer l'an prochain à 9,8% au lieu de 9,6% estimée pour 2015 et de 9,9% enregistré en 2014. Dans la foulée, le Centre marocain de conjoncture avait fait état, pour sa part, d’un contexte actuel des revenus et de l’emploi qui pourrait exacerber les difficultés réelles qui se profilent non seulement dans le secteur industriel mais aussi dans l’ensemble des activités productives. En décodé, le CMC avait insisté, pour anticiper ce scénario, sur la politique budgétaire qui pourrait jouer un rôle de premier plan, notamment par le biais de l’investissement notant néanmoins que les perspectives budgétaires de 2016 ne semblent pas offrir des marges de manœuvre suffisantes, compte tenu du niveau atteint actuellement en matière de fiscalité que d’endettement public.
Pavé dans la mare : la question de l’emploi est des plus préoccupantes dans le pays, avec en particulier près de quatre jeunes citadins sur dix au chômage. La Banque centrale souligne, dans ce cadre, que cette situation interpelle quant à la capacité du modèle de croissance marocain à tirer profit du dividende qu’offre la transition démographique. Elle soulève, dans ce sens, la question de l’adéquation de la réglementation en matière d’emploi, caractérisée notamment par une forte rigidité, qui décourage l’embauche. A ce titre, il faudrait faire aboutir le projet de loi organique sur les conditions d’exercice du droit de grève et il est essentiel que la réflexion en cours dans le cadre de l’élaboration de la nouvelle stratégie nationale de l’emploi (SNE) puisse apporter des réponses appropriées à ce problème structurel. Toutefois, serait-on tenté de dire, quid de cette SNE ? Attendait-elle avant de finalement voir le jour, le rapport de BAM pour s’en imprégner ou mieux encore pour  sortir le bout du nez ?
 


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