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Le chauffeur est verbalisé pour avoir enfreint un moratoire annuel de 90 jours sur les coupes et le transport de bois instauré par les autorités du Mozambique. Début avril, le gouvernement de Maputo a décidé de prolonger l'interdiction de trois mois supplémentaires, pour tenter d'enrayer ou au moins de ralentir le trafic du bois. Car la déforestation menace la forêt tropicale qui recouvre plus de la moitié de la superficie de ce pays d'Afrique australe, largement nourrie par l'insatiable appétit de la Chine pour son bois, notamment ses espèces les plus rares. Depuis plusieurs années, l'exploitation incontrôlée voire totalement illégale pèse de plus en plus lourdement sur l'équilibre de l'écosystème forestier local, au point que certaines espèces sont désormais menacées d'extinction.
Dans une récente étude, l'ONG londonienne Environmental Investigation Agency (EIA) a évalué à au moins 93% la part illégale de l'exploitation forestière au Mozambique. "Ces cinq dernières années, le trafic du bois a augmenté", reconnaît lui-même le ministre mozambicain de l'Environnement, Celso Correia. "C'est devenu un défi majeur pour le pays".
La corruption, la faiblesse de l'arsenal législatif et l'inefficacité de l'administration, auxquelles s'ajoute le manque criant de ressources financières du pays, l'un des plus pauvres du continent africain, expliquent pour une large part ce phénomène. "Nous sommes confrontés au crime organisé", explique le ministre Correia, "nous devons donc livrer une autre guerre, que des institutions normales ne sont pas en mesure de remporter".
L'enjeu est considérable. Celso Correia estime que l'abattage illégal coûte chaque année plus d'un demi-milliard de dollars à son pays. Soit près de 3,5% de son produit intérieur brut, qui était de 14,7 milliards en 2015 selon la Banque mondiale.
Pour limiter cette perte sèche, le gouvernement a récemment déclaré la guerre aux trafiquants en lançant une série de mesures. Parmi les plus spectaculaires, l'interdiction de l'exportation de tout type de bois en tronc, donc sans transformation préalable, un moratoire de cinq ans sur l'exportation des espèces les plus menacées et le gel, jusqu'à au moins 2019, de la délivrance de tout nouveau permis d'exploitation forestière.