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Le Maroc doit booster ses atouts compétitifs


Par Tarik Boukhris
Mercredi 1 Février 2012

Le Maroc doit booster ses atouts compétitifs
L'économie marocaine a connu un taux de croissance annuelle de 5% entre 2003 et 2009. S&P qualifie l'économie marocaine de «très risquée». «Bien que le Maroc ait fait des progrès significatifs vers la diversification, nous considérons que son économie est faussée en faveur des secteurs cycliques, notamment l'agriculture (secteur primaire) et le tourisme (secteur tertiaire), ce qui laisse les performances économiques du pays vulnérables aux facteurs extérieurs», explique l'agence de notation.
En effet, le taux de croissance par secteur a été comme suit :
o Secteur primaire 7.2%,
o Secteur secondaire 3.3% et
o Secteur tertiaire 5.1%
Ces chiffres montrent clairement que le secteur secondaire impacte négativement la croissance et pourrait éventuellement impacter l'économie en cas de sécheresse ou dans le cas d'une mauvaise conjoncture de tourisme.
L'économie marocaine connaît une relative fragilité sur certains segments à l'exemple de la faible diversification des exportations pour lesquelles le Maroc a des difficultés à faire valoir les atouts compétitifs et à atteindre des marchés au-delà des frontières européennes. En effet, nous nous ne sommes plus compétitifs dans plusieurs produits manufacturiers (grande consommation en général) à l'exception du secteur de la chimie (phosphate), haute technologie (secteur à forte valeur ajoutée), et textile. Importer d'un autre pays un produit fini coûte beaucoup moins cher que de le produire au Maroc.
Le coût du produit se compose de cinq fractions en général, à savoir la matière première, emballage, main-d'œuvre, coût variable (électricité, eau, gaz, pétrole....) et coûts fixes. La matière première a un coût régi par les Bourses mondiales et qui est pratiquement le même partout dans le monde. Le coût de l'emballage est régi par la Bourse mondiale mais il est régi par la nature, le lieu de transformation (c.à.d. au Maroc le prix de l'emballage est cher si on le compare à Dubaï industrie du plastique dérivé du pétrole), le coût de la main-d'œuvre (salaires, avantages sociaux, CNSS, assurance, retraite.....). Les coûts variables sont les coûts indirects de la transformation, à savoir l'électricité, l'eau, l’énergie en général. Les coûts fixes sont des coûts obligatoires dans une unité de production: salaire de l'encadrement, maintenance, services (nettoyage, gardiennage....), amortissement des biens, assurances des biens etc. Au Maroc en général, le coût du produit est fortement impacté par les trois dernières fractions (main-d'œuvre, coûts variables, coût fixe). Un pays comme la Chine ou l'Egypte (Chine SMIG = entre 85 $ à 120 $, Egypte = 60$) ont une MO largement moins chère que le Maroc (300$). Les coûts variables au Maroc sont 5 à 10 fois plus chers que dans ces pays (au Maroc l'électricité, est de 1 DH le KWH alors qu'en Egypte, il est de 0.1 DH et Chine de 3.08$ les 1000 KWh). Les coûts fixes dépendent essentiellement des salaires et des investissements. Les coûts peuvent être réduits mais uniquement grâce au volume, c’est-à-dire les marchés locaux (le marché chinois est un marché de 1 milliard d'habitants, Egypte: 90 millions alors que le Maroc est de 30 millions). Il faut noter que le coût de l’emballage est aussi impacté par ces paramètres. En bref, le Maroc ne pourra pas rentrer en compétition ni avec la Chine ni avec l'Egypte...Il faut rajouter à cela les compétences, l'organisation, l'analphabétisme...
D'après cette analyse, il en ressort clairement que le développement du secteur secondaire nécessite clairement :
 o Une augmentation de la productivité afin de réduire le coût de la main-d'œuvre;
o Une augmentation de la taille du marché afin de mieux absorber les coûts fixes;
o Une protection des industries locales à travers la mise en place de hauts standards de qualité;
o L'application des clauses de l'Organisation mondiale du commerce relative à la défense commerciale.
o Continuer sur les stratégies actuelles industrielles dans les secteurs des hautes technologies et de l'off-shore.
Par conséquent, il est fortement recommandé d'assurer une automatisation accrue de nos industries, néanmoins elle pourrait impacter les coûts en termes de coûts fixes (amortissement, coût de maintenance, encadrement…..) si le volume et la taille des marchés ne suivent pas la tendance haussière. D'où l'importance de la redynamisation des exportations à travers les accords de libre-échange et la mise en place de système et de bonus d'incitation à l'export. Il faut voir ce que d'autres pays font. En Egypte par exemple, en plus des exonérations, l'Etat rembourse 10% de marchandise exportée à tous les exportateurs dans tous les domaines. Plusieurs modèles d'incitation des exportations existent et pourraient éventuellement aider le Maroc à redynamiser ce secteur. Par ailleurs, la mise en place de hauts standards de qualité favorisera l'accès à des marchés inaccessibles dans les secteurs secondaires, à savoir l'Union européenne ou les Etats-Unis…

 * Militant USFP, ingénieur, directeur d'usine.


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1.Posté par Mouhine le 05/04/2012 08:07
Excellente analyse, je mettrai juste l'accent sur la recherche et la créativité des entreprises, ainsi que la formation professionnelle de nos potentialités afin de les adapter aux besoins de l'entreprise, notamment en méthodes industrialisation (amélioration de productivité, réduction des coûts, optimisation des flux), il y va de même pour la recherche et développement ou une remise en question s'impose par une approche innovante par le biais des outils tels que la veille technologique, les nouveaux procédés et les nouveaux matériaux.....

2.Posté par Boukhris Tarik le 02/08/2012 11:46
En premier, je voulais remercier les gens qui ont commenté mon article et qui l'ont bien sûr lu.
La problématique de la compétitivité au Maroc est un grand challenge et défi pour l'économie marocaine.
A mon avis, toutes les idées qui peuvent nous démarquer et améliorer la situation actuelle sont les bienvenues.


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