Le Maroc des années 50 ressuscité en BD

Retour sur un passé historique


Mehdi Ouassat
Vendredi 31 Mars 2017

"Morocco jazz", présenté lors du Salon du livre
à Paris dont le Maroc était l’invité
d’honneur cette année, nous offre une saisissante reconstitution de l'ambiance des années 1950 au Maroc, à la veille de l'indépendance.


Après avoir réalisé les dessins de célèbres BD, Julie Ricossé nous propose une très belle histoire dans «Morocco Jazz», son dernier album de bande dessinée, paru il y a quelques jours aux éditions «Vents d’Ouest». L’histoire, née il y a six ans, mais qui a nécessité deux ans de préparation, se déroule au Maroc des années cinquante sous un régime de protectorat qui finira en 1956. Il s’agit donc d’une saisissante reconstitution de l'ambiance qui régnait sur le Maroc à la veille de l’indépendance, entre nostalgie et remord. Nostalgie d'une jeunesse insouciante et remord d'un gâchis humain qui, même s'il s'est mieux terminé qu'en Algérie, a laissé derrière lui son lot de victimes et de peines.
Pour revenir sur un passé historique, la bédéiste française s’est appuyée sur  l'histoire de Louise, aujourd'hui vieille dame habitant à Paris et qui après avoir reçu un colis venu du Maroc, voit son passé ressurgir. Louise se rappelle alors sa jeunesse dans le Casablanca des années 50, encore sous colonie française. Elle était chanteuse de jazz, vivait pour son amour avec le brigadier Henri et pour ses amies Camille et Sybil qui, ensemble, croquaient la vie à pleines dents et avaient des rêves plein la tête, dans une ville sous tension permanente entre nationalistes et colonialistes.
«"Morocco Jazz" n'est pas seulement une artiste qui s'épanouit», lit-on dans un site spécialisé dans l’actualité et la critique de la bande dessinée. «C'est aussi un scénario très concerné qui aborde donc le sujet de l'indépendance marocaine au milieu des années 50», précise-t-on. «Toutefois, Julie Ricossé ne se lance pas non plus dans un long plaidoyer politique, elle se contente de brosser le portrait de ces femmes au cœur de la mêlée, qui sont bouleversées par les implications qui viennent tout chambouler autour d'elles», explique la même source.
Il est à noter que pour sortir cette nouvelle œuvre de 112 pages et restituer les véritables couleurs de cette époque particulière de la capitale économique, la bédéiste française a dû sortir les archives des placards. Au-delà de son histoire fictive, elle a glissé dans ses planches des éléments historiques, inspirés de faits réels. Tel est le cas pour la partie du récit qui raconte l’enfermement en surnombre de prisonniers, après de violents affrontements de rue à Oujda et "où six personnes seront mortes d’asphyxie et 14 autres décédées à la suite de tortures", raconte l'auteur, qui n’oublie pas de témoigner du soutien accordé par l'Institut français de Casablanca et la Fondation du roi Abdul-Aziz pour les études islamiques et les sciences humaines, dans le travail de recherche qu’elle effectuait.
Rappelons enfin que Julie Ricossé est née en 1981 en France et vit actuellement à Nice, dans le sud-est de l'Hexagone. Depuis son jeune âge, Julie fait des crayons sa passion première. Après avoir décroché son Bac, elle fait deux ans aux Beaux-arts de Marseille, un an en infographie puis termine major de sa promotion après quatre ans passés à l’Ecole Emil Cohl. Elle a déjà illustré plusieurs albums dont les sept albums de la série les "Mystérieux mystères insolubles", "La Belle et la Bête" ou encore "Céleste, ma planète".


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