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Le Haut-commissariat aux réfugiés mis à l’index à Rabat

Discrimination et mauvais traitements


Hassan Bentaleb
Mercredi 20 Août 2014

Le Haut-commissariat aux réfugiés mis à l’index à Rabat
Rien ne va pas plus entre le siège rbati du Haut commissariat aux  réfugiés et les Syriens cherchant refuge dans le Royaume. Les sit-in de protestation de ces derniers se poursuivent de plus belle. Pas plus tard qu’avant-hier, une dizaine d’entre eux ont organisé une  manifestation devant le siège de l’organisation onusienne dans la capitale. Ils l’accusent d’indifférence et de négligence à leur égard.  Pis, ils lui reprochent de récolter l’argent de donateurs internationaux en leur nom sans les en faire bénéficier.
« On n’a rien vu venir du HCR-Maroc ni au niveau des abris, ni des vivres ou des soins de santé ainsi que des autres services indispensables à  notre sécurité et notre survie », nous a indiqué Qutiba Kassem Al Arab, président du Conseil national des droits de l’Homme en Syrie avant de poursuivre : « Pire, le personnel de cette organisation nous  traite comme le cadet de ses soucis ». Des accusations qui ne semblent pas avoir été les premières et ne seront certainement pas les dernières.  
Marcel Amiyeto, secrétaire général de l’ODT-travailleurs immigrés a,  quant à lui, pointé du doigt le traitement dont les réfugiés sont victimes de la part du bureau du HCR-Maroc. 
Ce syndicaliste n’a pas mâché ses mots. Il accuse HCR-Maroc  de discrimination, d’exclusion et de propos racistes. Il accuse notamment les fonctionnaires de cette organisation de favoritisme et de clientélisme. Selon lui, les dossiers des réfugiés sont sélectionnés et traités non pas conformément à des critères objectifs mais selon des affinités et la bonne humeur du personnel en exercice.   « Ceux qui critiquent cette situation sont souvent mis en quarantaine et ne sont plus les bienvenus dans les locaux du HCR à Rabat », nous a-t-il précisé. Et d’ajouter : « Les conditions d’accueil sont également déplorables. Les réfugiés ou les demandeurs d’asile sont contraints d’attendre des heures devant les portes du HCR sous un soleil de plomb ou dans le froid et  n’ont le droit d’y entrer qu’après une fouille minutieuse ».   
Pour lui, le HCR ne joue pas pleinement son rôle  d’organisation chargée de la protection des réfugiés. « Le Haut commissariat aux réfugiés a le devoir de les assister notamment au niveau de l’hébergement, de la prise en charge des prestations de santé, de scolarisation des enfants et de la formation professionnelle. Une mission que l’organisation onusienne basée au Maroc est incapable d’assumer tant au niveau juridique que social », nous a-t-il confié avant de poursuivre : « Comment voulez-vous qu’un réfugié puisse se nourrir avec un bon de 100 DH tous les deux mois ou qu’il puisse se loger avec une aide de 800 DH alors qu’il a à sa charge une famille constituée de plusieurs individus ? Le comble, c’est que l’ensemble des réfugiés ne bénéficient pas de ces soi-disant avantages alors qu’ils sont tous dans une situation déplorable».  
Notre source pense que les personnes cherchant refuge au Maroc doivent s’estimer heureuses puisque leur sort n’est plus entre les mains du HCR. « Heureusement qu’une  nouvelle politique de migration et d’asile a été initiée par le Maroc et que notre sort dépend désormais des autorités publiques marocaines et non du HCR. C’est vrai qu’il n’y a pas eu de grands changements mais c’est un début et demain sera un autre jour », nous a précisé Marcel Aminatou. 
Que pense la représentation du Haut-commissariat au Maroc de ces accusations ? Pour Marc Fawe, chargé des relations extérieures, ces assertions  n’ont rien de surprenant et ne datent pas d’aujourd’hui.  « Honnêtement, je ne pense pas qu’il y ait discrimination ou mauvais traitement à l’égard des personnes qui sont accueillies par nos bureaux de  Rabat. Nous avons l’habitude d’entendre porter ce genre d’accusations, mais il n’y a aucun cas sérieux ou avéré à ce propos. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, aucune personne n’a apporté des preuves réelles et tangibles que de tels cas se sont produits ou que telle nationalité a été favorisée par rapport à une autre », nous a-t-il expliqué avant d’ajouter : « D’ailleurs, les portes du HCR sont ouvertes devant chaque personne qui s’estimerait  victime de discrimination ou d’injustice ». 
Le chargé des relations extérieures du HCR a tenu également à préciser que toutes les nationalités sont traitées sur un pied d’égalité et que l’octroi d’aide ou de soutien dépend d’abord des cas de vulnérabilité et non de la nationalité des personnes concernées. D’après lui, le HCR-Maroc assume ses responsabilités dans le cadre des lois marocaines et selon les possibilités financières et logistiques dont il dispose. « La Convention de Genève sur les réfugiés de 1951 a été signée par les Etats et non par l’UNHCR. Ce dernier a pour mission de protéger les réfugiés,  trouver une solution durable à leurs problèmes et de veiller à l’application de ladite Convention. Donc, c’est à l’Etat marocain d’assumer ses engagements. Nous, nous n’intervenons que si l’Etat ne dispose pas de moyens pour assister les réfugiés sur son territoire et cela dans les limites de nos moyens », nous a-t-il confié.
Concernant le dossier des Syriens, notre source nous a affirmé que le HCR dispense le même traitement à ces derniers qu’aux Ivoiriens ou aux Congolais. « C’est vrai qu’il y avait des problèmes auparavant mais tout est rentré dans l’ordre », nous a-t-il expliqué avant d’ajouter : « Concernant les rumeurs relatives aux dons récoltés par le HCR au nom des Syriens, il faut préciser que cet argent est destiné d’abord aux régions où les demandes des réfugiés sont importantes et pressantes.   C’est le cas au Liban qui accueille plus de 800.000 réfugiés syriens, en Jordanie et en Turquie avec plus de 600.000 personnes. Et le Maroc ne fait pas partie de cette région. A noter également que les dons récoltés sont gérés via des associations qui œuvrent dans le domaine de la santé, de l’éducation ou de l’insertion professionnelle et dont HCR est partenaire», a-t-il conclu.


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